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Data et digital, deux outils au cœur des décisions dans les travaux publics

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Véritable laboratoire de l’innovation des travaux publics au sein de Bouygues Construction, le Lab TP élargit son champ d’action. Nicolas Braud, son directeur, également en charge de l’Innovation, du Digital et du big data chez Bouygues Travaux Publics, présente l’évolution de ses missions.

Si le Tunnel Lab se concentrait spécifiquement sur l’innovation autour des tunnels, le périmètre du Lab TP, bien plus large, englobe tous les métiers des travaux publics. Pourquoi cette nouvelle orientation ?

Nicolas Braud (N.B) – Depuis deux ans, pour accompagner Bouygues Travaux Publics sur tous ses marchés, nous adressons des sujets qui ne concernent plus spécifiquement les tunnels. Nos domaines d’intervention sont beaucoup plus variés qu’auparavant. On continue les tunnels, évidemment, avec des demandes concernant par exemple des lignes de métro. Mais on développe également toute une offre pour les centrales nucléaires, les chantiers maritimes, les éoliennes et une diversité d’autres projets. Nous sommes capables d’être agiles et de nous adapter, car aucun chantier ne ressemble à un autre. Il fallait donc faire évoluer notre structure ! Le Lab TP – le nouveau nom est venu signifier l’agrandissement de notre champ d’expertises -, est aujourd’hui composé de trois équipes, respectivement en charge de l’ingénierie, du digital et de la data science.  
L’intérêt d’une équipe spécialisée en data science : « On peut répondre plus rapidement et de manière plus pertinente aux problématiques des chantiers. Les travaux publics sont très mécanisés, ce qui permet de collecter énormément de données. Celles-ci sont ensuite utilisées pour la production : construire plus rapidement, avec plus de sécurité. », explique Nicolas Braud. L’équipe déploie notamment des logiciels comme Quick Connect, qui sert à synthétiser dans des formulaires standardisés l’ensemble des données rassemblées sur les équipements présents sur les chantiers grâce à un QR code, et cela de manière automatique. Quick Connect est beaucoup utilisé par les équipes travaux avec plus de 2 000 formulaires remplis par jour.

Comment la data s’insère-t-elle dans nos métiers, et sur les chantiers ?

N.B –Le Lab TP accompagne les demandes des clients et des collaborateurs sur chantier. On ne fait pas de l’innovation uniquement par envie, l’objectif est d’abord et surtout, de résoudre un problème avec une solution déployable rapidement sur le terrain. Par exemple, nous accompagnons actuellement le projet du parc éolien en mer de Fécamp. C’est un chantier conséquent, avec 71 bases d’éoliennes à construire par Bouygues Travaux Publics, mesurant chacune 250 mètres de haut. Les ouvriers du chantier ont rapidement remonté un problème de saturation des grues, et un besoin de machines supplémentaires. Grâce à la data récupérée sur ces grues – leur positionnement, leurs mouvements, leurs périodes d’utilisation et de repos – nous avons pu poser un diagnostic :  la résolution du problème ne reposait pas sur l’augmentation du nombre de grues, mais sur une diminution des interférences et des déplacements inutiles. En optimisant le placement des grues et leur utilisation, il devient possible de décupler le niveau de productivité tout en réduisant les pertes. Nous avons fait l’analyse sur une semaine de travail, afin d’avoir suffisamment de données pour monter en généralité. Certains espaces étaient affectés par des chevauchements, avec parfois plus de quatre grues sur la même zone, occasionnant des gênes mutuelles. Ainsi, la data a permis de comprendre que ce n’était pas un problème de manque de matériel, mais d’organisation au sol, et l’optimisation de leur déploiement a été résolue. Lorsqu’une information remonte du chantier, le Lab TP identifie le cœur du problème et de poser un diagnostic.

Quelles sont les prochaines étapes pour le Lab TP ?

N.B –Nous travaillons beaucoup sur les sujets autour du carbone et des travaux maritimes. A Fécamp, nous avons pu déployer de nombreuses innovations sur la data et le digital pour les travaux maritimes. Il s’agit maintenant de pérenniser et généraliser ces solutions sur d’autres projets, que ce soit le nucléaire, les tunnels, ou d’autres travaux. L’enjeu du carbone et de l’environnement est majeur. Pour l’instant, nous nous concentrons principalement sur les matériaux plastiques et les énergies utilisés sur chantier. Il s’agit d’identifier des alternatives aux plastiques, notamment les bioplastiques, tout réduisant la consommation d’énergie des moteurs, des systèmes électriques, avec l’hydrogène par exemple.

L’innovation est un métier qui prend beaucoup d’ampleur, dans tous les secteurs. Comment percevez-vous cette tendance de fond ?

N.B – En effet, l’innovation, c’est un métier ! Ce sont surtout le choix des sujets traités qui est crucial : ces sujets doivent être porteurs pour l’entreprise. L’innovation opérationnelle, celle que nous mettons en œuvre avec l’équipe du Lab TP, se doit d’être proche du terrain pour ne pas être obsolète. Les seuls juges de l’efficacité de ce que l’on développe sont les ouvriers du chantier. Enfin, une de nos missions connexes est aussi d’être à la pointe de l’innovation en étant proche des start-ups.
En coulisse, un processus d’innovation en lien permanent avec les chantiers Au sein du Lab TP, l’innovation phosphore, mais trois manières d’innover se distinguent : 1/ La Direction Générale peut se saisir d’une question et impulser une innovation dans un domaine qui concerne le Lab TP. 2/ Un groupe d’experts peut se réunir et demander à l’équipe de les accompagner pour développer leur réflexion. 3/ Des collaborateurs du chantier peuvent faire appel au Lab TP, lorsqu’ils font face à un problème de terrain qui nécessite de développer une solution.
L’innovation est un des futurs de l’entreprise, tant au niveau économique que technologique. Ce sont des projets sur le temps long, avec un investissement important. Mais ils portent leurs fruits, notamment sur le plan environnemental, sur lequel on sait qu’il faut d’ores et déjà s’adapter !  
Parc éolien en mer de Fécamp © Bouygues Travaux Publics

Parc éolien en mer de Fécamp © Bouygues Travaux Publics ; parc éolien en mer de Fécamp, travaux fluviaux et maritimes. La réalisation des fondations gravitaires du parc éolien, sur deux ans (2020 – 2022) repose sur un groupement d’entreprises avec Bouygues Travaux Publics, Saipem et Boskalis. D’une puissance totale d’environ 500 MW, ce parc éolien en mer devrait produire l’équivalent de la consommation domestique en électricité d’environ 770 000 personnes, soit plus de 60 % des habitants de Seine-Maritime.