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L’interview du mois : Benoît Gérardin, directeur adjoint au Développement immobilier chez Linkcity Nord-Est

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Benoît Gérardin, Directeur Adjoint au développement immobilier chez Linkcity Nord-Est, nous présente La Maillerie, un projet de renouvellement urbain, où la vie a repris avant même que les bâtiments ne soient construits.
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En quoi consiste ce projet et quels sont les enjeux associés à ce chantier ?

La Maillerie est une opération de renouvellement urbain à Croix et Villeneuve d’Ascq sur l’ancien site logistique des 3 Suisses qui a démarré il y a 5 ans. On y retrouve toutes les fonctions d’une ville sur 80 000 m2 : une école, un marché, des commerces, un grand jardin public, des résidences pour personnes âgées, et pour personnes handicapées, quelques espaces tertiaires ; environ 3000 personnes sont attendues sur le site. Ce projet est réalisé en étroite collaboration avec les communes et Linkcity est en partenariat avec Nodi, aménageur et promoteur. Très vite nous nous sommes interrogés sur l’identité et l’âme que nous souhaitions donner à ce nouveau quartier. Utiliser le Cityplay, notre jeu collaboratif de fabrication de la ville, nous a permis d’identifier les grands enjeux et les attentes des parties prenantes et des riverains : convivialité, nouvelles mobilités, campagne à la ville et gouvernance partagée sont les quatre grandes thématiques qui ont guidé notre histoire. Dans un second temps, et toujours avec cette volonté de co-construire avec le tissu local, nous avons décidé de mettre en place une maison du projet, un investissement initial qui a bien fonctionné notamment grâce aux associations. Nous avons ramené la vie sur le site avant de faire venir les immeubles, et la maison du projet a permis de créer une couture sociale naturelle. Plusieurs initiatives ont vu le jour, toutes cohérentes avec l’identité du projet. Nous avions également la volonté de faire de ce projet une vitrine pour l’économie circulaire. Des grandes démarches industrielles ont été réalisées : recyclage des sols souples en bois et concassage des bétons pour une réutilisation dans des nouveaux bétons de construction par exemple. Nous avons également déployé une vraie démarche BtoC à travers plusieurs initiatives : • Tous les acteurs, particuliers ou associations, ont pu venir se servir dans les bâtiments avant la démolition. Le site et son histoire ont été liés aux habitants et aux associations : par exemple, des tubes de garde-corps et des mains-courantes d’escaliers ont été transformés en meubles design et des anciens salariés du site sont venus récupérer quelques objets symboliques. • Une ressourcerie a été ouverte dans un bâtiment dont les finitions ont été faites avec des éléments récupérés, tout comme son stock initial. • Le collectif « Refab Market » a même organisé un défilé de mode avec des créations faites à partir de tissus récupérés sur le site. L’économie circulaire a permis de créer des liens entre le passé, le présent et le futur mais également entre les acteurs eux-mêmes. Benoît-Gérardin Interview

Il y a au moins un évènement tous les jours dans la maison du projet : cours de Yoga, sports de combats, conférences, réparation d’objets, jardinage, etc., comment avez-vous réussi à créer une vie de quartier sans habitants et quels sont les bénéfices d’une telle opération ?

Au début, nous avions nous-mêmes contacté les associations et fait l’intendance quotidienne : accueil, remise de clés, etc. Nous avons découvert le fabuleux métier d’animation culturelle ! Petit à petit il y a eu une contamination positive du site par la vie sociale du quartier. Nous organisons des évènements pour les riverains et pour leur bonne appropriation du projet, les commerçants viennent faire leur braderie, bref, tout le monde peut s’y retrouver ! Un bistrot avec une capacité de 80 couverts vient d’ailleurs d’ouvrir il y a quelques jours. La maison du projet est devenue un laboratoire et un lieu de préfiguration où les habitants apportent leur pierre à l’édifice. Notre objectif, à présent, est que les évènements et la vie de quartier mis en place perdurent dans le temps.  

De plus en plus de projets urbains mettent en place ce genre de démarches, que cela signifie-t-il pour l’évolution de nos métiers ?

Nous sommes convaincus que la préfiguration est un élément de valeur déterminant pour nos projets. Nous avons d’ailleurs recruté quelqu’un à temps plein spécifiquement pour ce poste. Notre partenaire Nodi vient de la grande distribution, et a l’habitude des relations BtoC contrairement à Linkcity qui ne traite qu’avec des institutionnels. Cette particularité nous a permis de mettre en place cette démarche. Le travail d’aménageur sur les grands projets urbains consiste historiquement à diviser un terrain et à le viabiliser. Cette expérience nous montre encore une fois que notre métier est aussi de créer une identité et de rendre désirables les lieux que nous construisons. C’est aussi là que se trouve la valeur que nous créons. Nous sommes souvent amenés à travailler sur des sites qui ont une histoire parfois compliquée, mais qui n’ont plus de vie et ne font pas toujours rêver. L’animation pré-opérationnelle est la recette qui permet aux futurs habitants de se projeter dans une vie future agréable. Finalement, notre métier évolue des travaux au conteur d’histoires. Le challenge est également pour nous de démontrer que cet investissement pour augmenter la valeur immatérielle de notre projet représente un vrai argument de vente. Nous pourrons reproduire cette démarche sur d’autres projets en gardant bien-sûr en tête que les préfigurations doivent s’adapter au territoire dans lequel elles s’inscrivent et aux acteurs locaux.