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L’interview du mois : Christophe Lienard, Directeur de l’innovation groupe chez Bouygues SA

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Christophe Lienard, Directeur de l’innovation groupe chez Bouygues SA, nous présente l’E-lab, centre d’innovation numérique et acteur de la transformation
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Dans quel but l’E-lab a-t-il été créé et quel est son rôle ?

L’E-lab est une société de services interne regroupant une diversité de compétences : design, électronique, informatique, industrialisation, etc., permettant d’accompagner les transformations de modèles économiques, numériques ou de process internes des différentes entités du Groupe Bouygues. La nécessité de transformer nos métiers pour gagner en performance est aujourd’hui fortement ancrée au sein du Groupe. Certaines mutations, pourtant essentielles, sont particulièrement complexes à faire émerger et surtout à décliner de manière opérationnelle. Elles concernent en particulier : l’émergence de produits ou de services en rupture par rapport à nos offres existantes, et qui peuvent être à l’interface de nos métiers ou connexes à nos activités actuelles. Ces transformations impliquent également un changement de nos modes de management. L’E-lab est là pour accompagner les entités dans ces challenges. Christophe Lienard Interview

Quelles méthodes et quelles offres concrètes l’Elab propose-t-il ?

La proposition de valeur de l’E-lab est de transformer avec le collectif, en mode agile et centré client. L’offre concrète et pragmatique de l’E-lab aux métiers du Groupe repose sur quelques constantes : • S’appuyer sur l’existant pour ne pas repartir d’une feuille blanche. Les sujets de rupture qui nous ont été confiés avaient toujours été abordés (dans le Groupe et à l’extérieur) par le passé. Il s’agit dans un premier temps d’effectuer un départ lancé en mobilisant cette connaissance. • Mobiliser l’intelligence collective et la complémentarité fonctionnelle. On sait qu’un individu est moins efficace qu’une équipe face à la résolution d’un problème. Nous avons constaté qu’une équipe pluri-compétences est encore plus performante qu’une équipe homogène, or dans nos grands groupes les équipes sont souvent mono-disciplinaires et travaillent en silo pour décliner et améliorer des process déjà établis. La solution business sera donc toujours imaginée et mise en place par une « tribu projet » multidisciplinaire (y compris des représentants extérieurs clients et/ou partenaires). • S’inspirer des méthodes qui ont prouvé leur efficacité dans la nouvelle économie. On constate que les solutions de rupture qui ont bouleversé un marché voire changé la donne sociétale utilisent des outils business bien rôdés mais peu compatibles avec le fonctionnement actuel des grands groupes : Design-Thinking, Business Model Canvas, Approche C/K, Minimum Viable Product (MVP). L’E-lab s’est formé à ces méthodes et les applique dans ses missions. • Se fixer une date cible et transformer immédiatement, en mode itératif. On constate que les transformations atteignables sont très différentes (objectifs business, technologies mises en œuvre, etc.) selon l’échéance cible. On fixe donc dès le début du projet une date cible de transformation (par expérience 2 à 3 ans). La mise en œuvre commence par un prototype à fonctionnalités minimales (MVP) testé auprès des utilisateurs finaux et enrichi de leur retour. On fonctionne ensuite en amélioration continue jusqu’à la date cible. Les missions de transformation business utilisant les outils des startups s’avèrent compatibles avec nos modes d’action et se montrent sources de création de valeur dans de nombreux contextes et cas d’application métiers, que l’on applique également dans notre programme d’intrapreneuriat « innover comme une startup ». Il paraît utile de poursuivre l’accompagnement des métiers pour s’en emparer et les aider dans leur transformation.  

Par exemple, quels sont les grands projets réalisés par l’E-lab ces dernières années dans les différentes entités ?

Depuis 3 ans nous avons accompagné plusieurs métiers dans leurs transformations business : par exemple, Alstom pour la numérisation de leurs métiers, ou Colas pour la restructuration des postes d’enrobage au niveau mondial, le chantier numérique, ou encore le passage de l’infrastructure aux services de mobilité. Nous avons également accompagné Bouygues Construction sur des thématiques comme les coûts de construction, les nouvelles mobilités urbaines, ou plus spécifiquement sur le plan de transformation Imagine 2021 pour Bouygues Bâtiment Nord-Est. L’offre Lilium, offre de média positif de TF1, a également été accompagnée par l’E-lab. Ces missions sont centrées sur deux phases qui s’enchaînent sans interruption : l’émergence de solutions business à fort impact, en rupture avec les pratiques existantes puis la mise en œuvre opérationnelle de la solution en mode agile. De nombreux projets opérationnels sont issus des missions citées : la création de Colas Mobility et la contribution à la construction modulaire chez Bouygues Construction. En plus de la performance économique, les offres visent l’amélioration de la satisfaction client, utilisateur et collaborateur.  

L’Elab s’est aussi lancé dans l’innovation ouverte et est en partenariat avec le Minatec Ideas Laboratory du CEA de Grenoble, en quoi consiste ce partenariat et sur quels sujets travaillez-vous ?

Depuis sa création en 2001, l’E-lab Bouygues est partenaire de l’open lab Ideas Laboratory®, unique dans l’écosystème français et hébergé par le CEA a de Grenoble. Il constitue un lieu et une démarche portés par des acteurs divers, en vue de renouveler les modalités d’innovation et de création par la mise en œuvre de processus collaboratifs, itératifs, ouverts et donnant lieu à une matérialisation physique ou virtuelle. Au sein d’Ideas Laboratory, Bouygues a notamment participé à une réflexion globale sur l’Internet des objets, qui est devenu un sujet majeur de notre société : forte diffusion des capteurs de suivi de processus dans les entreprises, multiplication des objets connectés de la vie quotidienne pour les particuliers (sport, maison, santé), etc. Un des projets porté par cet open lab utilise la numérisation pour améliorer la sécurité des compagnons sur les chantiers, qualité du travail et l’efficacité des opérateurs. Bouygues réalise ainsi un premier pas vers un écosystème de l’industrie 4.0, des chantiers dit “intelligents” à la fois capables d’une plus grande adaptabilité et d’une allocation des ressources plus efficace. Plus concrètement, sur la base des travaux réalisés avec Philippe Richard, Responsable Pôle R&D « Ergonomie, Productivité & Equipements de Chantier », un manchon connecté est à l’étude. Un hackaton est lancé pour récolter les meilleurs cas d’usage terrain. Ceux-ci seront ensuite réalisés par les étudiants d’EPITA-EPITECH grâce au SPOT BOUYGUES. Pour une remise de prix de la meilleure application lors du salon Viva Technology en mai.