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Ressources épuisables

Ressources : quel avenir pour le bâtiment ?

Par Vincent Rondreux,

12 Décembre 2022

Construire autant ? Démolir et reconstruite ? Réhabiliter ? Béton « bas-carbone » ? Matériaux bio et géosourcés ? Solutions high-tech ? Démarche low-tech ?… En marche vers la neutralité carbone, le bâtiment est à l’heure des choix. Stratégiques. Au cas par cas.

« Les ressources naturelles sont inépuisables, car sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées, ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques », écrivait Jean-Baptiste Say en 1815. Cet économiste français a fait école. Son contemporain britannique Thomas Malthus a lui laissé, avec sa théorie démographique prônant une réduction des naissances pour ne pas dépasser les capacités de production, un adjectif à connotations plutôt négatives : malthusien. Au Royaume-Uni, nous sommes alors au début de la première révolution industrielle, avec la machine à vapeur et l’extraction massive de charbon. Depuis, avec ensuite le pétrole et le gaz, les ressources énergétiques fossiles n’ont pas cessé d’être de plus en plus massivement utilisées, pour des usages de plus en plus imposants.

Du pic à la déplétion

Ce sont elles qui ont permis l’accès, également massif, à de multiples autres ressources naturelles : minerais ferreux et non ferreux par exemple. Avec des conséquences sur l’environnement : destruction d’écosystèmes, pollutions… Et avec une tendance : « exploiter d’abord les minerais les plus concentrés. Avec moins de découvertes géologiques majeures, la tendance est maintenant à une baisse de la concentration moyenne des minerais », expliquent les ingénieurs Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon dans leur livre « Quel futur pour les métaux ? ». Et d’évaluer les réserves en dizaines d’années « pour la grande majorité de ces éléments ».

Cette question des limites de l’exploitation d’une ressource est en fait régulièrement posée depuis les Trente Glorieuses. Dans les années 1940, le géophysicien américain Marion King Hubbert, travaillant chez Shell, a modélisé la courbe de production d’un stock de matière première. Celle-ci grimpe, passe par un sommet (qui va prendre le nom de « pic ») puis redescend. Ce que l’on va appeler la déplétion, les problèmes commençant dès le début de la « descente », quand l’offre ne peut plus forcément répondre à la demande. Grâce à cette courbe en cloche, King Hubbert a prédit en 1959, le pic de production de pétrole des Etats-Unis plus de dix ans avant qu’il n’ait effectivement lieu. Ce pic n’a jamais été redépassé par la suite, y compris avec la remontée de la production américaine due au pétrole de schiste. Une hausse de la production américaine permise par les progrès technologiques et des taux d’investissement particulièrement attractifs… Mais avec une multiplication du nombre de forages et un effet dévastateur de la fracturation hydraulique sur l’environnement, y compris pour la distribution d’eau potable.

Une croissance infinie dans un monde limité

A la fin des années 1960, un groupe de réflexion composé d’industriels, de scientifiques, d’économistes, issus pour beaucoup de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) s’interroge sur l’avenir de la « société moderne » de consommation. Ils créent le Club de Rome. Ils commandent en 1970 à des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) un rapport sur les « limites à la croissance ». C’est le rapport Meadows, du nom de ses deux principaux auteurs. Après avoir modélisé l’évolution des ressources, de la population et du capital, leur conclusion tombe : une croissance infinie dans un monde limité mène à l’effondrement d’une société. Sans évoquer le CO2 à l’époque, seulement la pollution.

La problématique du CO2 et de l’effet de serre étaient pourtant déjà connues par les scientifiques depuis des années, avec notamment le Suédois Svante Arrhéniuses à la fin du XIXème siècle ou encore le biogéochimiste Russe Vladimir Vernadsky au début du XXème. C’est en 1988 que le climatologue d’un laboratoire de la NASA, James Hansen, a le premier sonné l’alerte climatique mondiale, devant le Sénat des Etats-Unis. Ce qui a donné lieu ensuite à la création du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), puis aux célèbres COP climat.

Le pari risqué du « tout technologique » pour l’avenir

Dans les années 2000, le géographe et biologiste américain Jared Diamond a pour sa part expliqué dans son livre Effondrement, à partir d’exemples de civilisations anciennes, « comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ». Entre autres paramètres : la raréfaction des ressources. Pour lui, l’humanité en est bien là, à l’échelle de la planète.
« Malgré certaines craintes régulièrement exprimées depuis Thomas Malthus, et bien que des pénuries aient pu advenir localement dans de nombreuses régions du monde, les ressources naturelles n’ont jusqu’à aujourd’hui pas manqué à l’humanité à l’échelle mondiale. L’extraction de matières premières connaît une croissance constante depuis les débuts de la révolution industrielle, avec un volume multiplié par 10 au cours du XXe siècle », ont noté en 2020 les chercheurs Aurélien Boutaud et Natacha Gondran dans leur livre Les limites planétaires.

Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon préviennent pour leur part : « En faisant le pari du ‘tout technologique’ dans l’optimisation de notre consommation énergétique et la lutte contre le changement climatique, nous recourons de façon accrue aux matières premières rares que nous ne saurons pas recycler, et dont la déplétion pourrait elle-même devenir un enjeu énergétique ».

La neutralité carbone sous contrainte "ressources"

Il n’y a pas que le high-tech. Des énergies renouvelables à la manière de penser et de construire les bâtiments et d’aménager, il va aussi falloir innover de manière frugale pour parvenir à la nécessaire neutralité carbone de la planète. Version low-tech.

« En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées ! », assumait une publicité gouvernementale dans les années 1970. Près de 50 ans plus tard, « en France, on n’a pas de pétrole, mais on a du lithium », a lancé le Président Emmanuel Macron en octobre. Les deux formules soulignent une même réalité : la dépendance toujours prégnante du pays à l’or noir. C’est que, dans tous les pays riches, le pétrole et plus généralement les énergies fossiles ont permis le développement de nos sociétés, en assurant un accès de plus en plus massif aux autres ressources. Pétrole, gaz et charbon représentent aujourd’hui environ 80% du mix énergétique primaire mondial.

Problème : elles émettent massivement des gaz à effet de serre lors de leur combustion, notamment du CO2. Avec un réchauffement galopant, la contrainte est donc aujourd’hui de s’en débarrasser. C’est une traduction de l’objectif de neutralité carbone (pas plus d’émissions de CO2 que les écosystèmes n’en captent) que l’Union européenne et la France en particulier se sont fixés pour 2050. Passant notamment par une électrification des moyens énergétiques, les leviers sont de trois ordres selon les scénarios développés par RTE, l’ADEME ou encore l’association Negawatt : sobriété énergétique, efficacité énergétique et développement d’énergies bas-carbone, principalement les énergies renouvelables.

Europe : 30 matières premières « critiques »

Néanmoins, le développement des technologies de cette transition énergétique nécessite une demande croissante de certaines ressources minérales : argent, tellure, cadmium, plomb, ou encore silicium pour les panneaux photovoltaïques ; terres rares (néodyme, praséodyme, dysprosium) ou encore bore pour l’éolien, notamment en mer ; lithium, cobalt, graphite, nickel pour les batteries lithium-ion ; platine, palladium pour les technologies de l’hydrogène.
Dans l’Union européenne, très dépendante des importations, 30 de ces ressources, pouvant également être utilisées par d’autres secteurs de l’économie, notamment le numérique, sont considérées comme des matières premières « critiques ». C’est le cas des terres rares qui regroupent une quinzaine de métaux, et également en France des lithium cobalt et autres platinoïdes. Leur approvisionnement peut ainsi être « sujet à des aléas », avec « des impacts industriels ou économiques négatifs importants », indique le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM). Cela prend une acuité particulière avec les tensions sur l’approvisionnement énergétique provoquées par la crise ukrainienne, la Russie possédant également titane, gaz rares, potasse, lithium, cobalt…

Des extractions approchant 100 milliards de tonnes dans le monde

Plus généralement, la production de bon nombre de ces matières « stratégiques » est concentrée dans quelques pays, avec des nations dominantes. Exemples : Chine pour les terres rares, Congo pour le cobalt, Australie pour le lithium, Afrique du Sud pour le platine… De plus, le pays où l’extraction a lieu n’est pas forcément celui où se déroule la transformation. C’est le cas du cuivre du Chili et du cobalt du Congo qui sont transformés en Chine : un risque supplémentaire.
Ce besoin pressant pour la transition énergétique s’ajoute à une extraction déjà importante. Entre 1970 et 2017, l’extraction annuelle de combustibles fossiles, métaux, minerais et autre biomasse est passé de 27 à 92 milliards de tonnes, avec un taux de croissance qui s’est accéléré depuis 2000, note un rapport du Groupe international d’experts sur les ressources (GIER) de l’ONU, l’équivalent du GIEC pour le climat. Emissions de gaz à effet de serre, pollutions variées et destruction de biodiversité à la clé.

Sur la tendance actuelle, le GIER prévoit que l’utilisation mondiale de matériaux atteindra 186 milliards de tonnes en 2050, et de 7 à 19 milliards de tonnes pour les seuls métaux. Et d’expliquer la nécessité, outre une utilisation efficace des ressources, « de passer de flux linéaires à des flux circulaires en combinant des cycles de vie prolongés et une conception de produits intelligente, ainsi que la réutilisation, le recyclage et la re-fabrication ». Ce qui aurait notamment pour effet de découpler « l’utilisation des ressources naturelles et les impacts environnementaux de l’activité économique et le bien-être de l’homme ».

Des besoins en ressources « démultipliés » à horizon 2050

En France, on reconnaît de plus en plus que « le niveau actuel de la consommation de ressources matérielles et de sa croissance ne pourront pas continuer dans le futur tant pour des raisons économiques qu’environnementales », comme l’assume le ministère de l’Ecologie qui a défini des défis à relever : sécuriser les chaînes d’approvisionnement des métaux stratégiques, maîtriser à terme les filières technologiques concernées. Un appel à projets « Métaux critiques » a du reste été lancé en 2022. Parmi les premiers lauréats : extraction et raffinage de lithium, recyclage de batteries, extraction de métaux critiques dans les déchets électroniques.
Néanmoins, un nouveau rapport de l’Institut national de l’économie circulaire (INEC), réalisé avec Capgemini, souligne que « la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), feuille de route de la décarbonation de la France, ne prend pas suffisamment en compte les contraintes de ressources qui pèsent sur sa mise en œuvre ». Les besoins en ressources pour la transition énergétique française vont être « démultipliés » jusqu’à 16 fois d’ici 2050, prévoit-il. Avec une « compétition mondiale pour l’accès aux ressources »…

Béton : 32 milliards de tonnes par an

Le secteur de la construction n’est pas épargné. Au niveau mondial, le GIER estime que l’utilisation des matériaux non métalliques -essentiellement le sable, le gravier et l’argile- s’est accrue de 9 à 44 milliards de tonnes en moins de 50 ans. Avec potentiellement « de lourdes conséquences sur les écosystèmes locaux ». L’association mondiale des producteurs de ciment et de béton (GCCA) reconnaît, elle, que le secteur produit 14 milliards de mètres cube de béton par an. 32 milliards de tonnes. Et que la production de ciment génère 7% des émissions mondiales de CO2. Sans parler des besoins en eau de la filière. Et de l’artificialisation des sols due à la construction et à l’aménagement des territoires : 20 millions d’hectares par an sur la planète. En France, le ministère de l’Ecologie l’estime entre 20 000 et 30 000 hectares annuels.

De la fabrication des matériaux jusqu’à l’usage des bâtiments, le secteur représente également environ 30% des émissions annuelles nationales de CO2. L’objectif 2050 est de tendre vers zéro émission d’usage, et de réduire du côté industriel (ciment, sidérurgie) les émissions de plus de 80%. Les moyens : bétons « bas carbone », économie circulaire, énergies décarbonées.

Vers un changement de paradigme

Pour ce faire, un arsenal juridique se développe : objectif zéro artificialisation nette (ZAN) pour les collectivités en 2050 pour préserver sols et biodiversité ; dispositif Eco Energie Tertiaire pour réduire la consommation d’énergie de bâtiments tertiaires ; et surtout réglementation environnementale (RE) 2020 pour prendre en compte « l’ensemble des émissions du bâtiment sur son cycle de vie, dès la construction »…
Les bâtisseurs, maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre, vont donc de plus en plus devoir intégrer l’usage du foncier et le carbone dans leurs choix, en plus du coût de la construction. A tous les étages : maîtrise de l’étalement urbain (construction sur des friches urbaines, densification de zones déjà bâties, réhabilitation plutôt que démolition et reconstruction…), conception (apport de lumière, risque de surchauffe de l’été, ventilation, efficience énergétique, réversibilité des usages, bioclimatisme, compacité, gestion des eaux pluviales…), matériaux (bois, matériaux biosourcés et géosourcés, recyclage des agrégats, béton « bas carbone », préfabrication…), économie circulaire (réemploi de matériel, démontabilité des produits, matériaux locaux…), production de chaleur bas-carbone (énergies renouvelables, récupération de chaleur fatale…), formation…

Certains appellent même à aller encore plus loin. C’est le cas de l’architecte et urbaniste Philippe Madec qui a participé au lancement en 2018 du manifeste pour « une frugalité heureuse et créative » dans l’art de construire et d’aménager le territoire. Un manifeste aujourd’hui signé par environ 4800 architectes français, sur environ 30 000. Leur crédo : un changement de paradigme, vers low-tech… « Faire bien mieux avec beaucoup moins ». Un système où c’est le bâti, et non les systèmes techniques d’efficacité énergétique, qui assure l’essentiel des performances. Et qui apporte aux gens les conditions du bonheur. Rien de moins.

"Une lame de fond" pour les architectes

Le concept de frugalité heureuse et créative est aujourd’hui devenu un mouvement, un réseau qui innove, se forme et partage les solutions adéquates « d’où qu’elles viennent ». Pour « agir vite, sans attendre 2050 ».

Interview de Philippe Madec, architecte, co-auteur avec l’architecte Dominique Gauzin-Müller et l’ingénieur Alain Bornarel, du Manifeste pour une frugalité heureuse et créative

Pourquoi qualifiez-vous la frugalité que vous revendiquez pour l’architecture et l’aménagement des territoires, d’optimiste, d’heureuse et de créative ?

Philippe Madec (P.M.) : On a retenu la notion de frugalité parce que c’est une valeur qui est liée à la récolte et à la relation à la nature. C’est une relation positive dans le sens où elle est liée à la création, au fruit. C’est la récolte du fruit, et la récolte est fructueuse quand ceux qui la font ne blessent pas la Terre. On a fait ce choix même si nos référents comme Ivan Illitch et nos amis comme les Colibris, utilisent la notion de sobriété. Nous, on sentait déjà que cette notion de sobriété allait devenir une injonction. On ne voulait pas construire un récit d’avenir sur une valeur négative, mais sur une valeur positive. C’est vraiment le point initial. Et en fait, on a la certitude que de retrouver une relation frugale à la Terre offre des conditions de bonheur, de contentement, d’équilibre, de justesse. Après un siècle de modernisme qui a été un siècle de gabegie, il est nécessaire d’être créatif pour sortir des habitudes héritées du modernisme. Il est absolument indispensable de revenir à des valeurs qui sont des valeurs archaïques : le lieu, l’orientation, le climat, les matières… Mais elles doivent en plus être intégrées dans un contexte contemporain qui n’a rien à voir avec ce qu’il était auparavant. Donc, pour nous préparer aux conditions d’avenir -qui sont en fait déjà présentes- il est indispensable de faire un travail d’innovation, de création.

Votre manifeste pour cette frugalité heureuse et créative a donné naissance à un mouvement de la frugalité. Où en est cette dynamique aujourd’hui ?

 P.M. : Cette dynamique ne faiblit pas. On a dépassé les 15 000 signataires dans le monde, de 88 pays. La proportion d’architectes est de 37%. On a en moyenne actuellement 7 signataires par jour. Partout sur le territoire en France, dans toutes les régions et presque dans tous les départements, des groupes de gens se rencontrent, échangent, se disent : « Voilà, cela ça fonctionne, ceci ça ne fonctionne pas ». Il y a également des groupes dans de nombreux pays, en Belgique, à Taiwan, en Turquie, au Cambodge, au Maroc… On peut vraiment dire aujourd’hui qu’il s’agit d’un mouvement international. Pour chacun des groupes, la réalité est dans l’action, sur le terrain: actions de partage, actions de découverte, actions de formation… Dans un métier qui était plutôt un métier de compétitions pour architectes et entreprises, la frugalité heureuse et créative génère un respect des uns et des autres face à la certitude qu’il faut agir aujourd’hui, sans attendre. Et en partageant les solutions d’où qu’elles viennent à partir du moment où elles sont adéquates.

Que promeut ce mouvement ?

P.M. : C’est évidemment la sortie du modèle moderniste. Parce qu’il n’y a plus de solution générique. Il n’y a pas une seule manière de faire l’urbain, il n’y a pas une seule manière de construire les bâtiments. Il y a autant de réponses que de contextes. Ces contextes sont à la fois humains, naturels, sociaux, politiques ou encore physiques (matières, climats…). En fait, dans ce travail de retrouvailles avec cette immense richesse, il y a une sorte de démondialisation qui est en train de se créer. C’est-à-dire que dans notre souci de ne pas utiliser du béton par exemple, nous arrêtons d’utiliser des matières génériques qui sont en bourse. Quand je prends la terre d’un terrain pour en faire un mur, quel est le prix de cette terre ? Est-ce qu’elle est cotée au CAC40 ? Non. On est vraiment dans une logique d’économie de la proximité, une économie circulaire mais qui nous sort totalement des enjeux capitalistes, productivistes, modernistes.

Cette approche reste encore très minoritaire dans le monde du bâtiment…

P.M. : Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il ne s’agit pas d’une utopie. Tout ce que l’on dit, on l’a déjà fait. Et on le sait depuis longtemps. Aujourd’hui, il y a de la part des maîtres d’ouvrage qui recherchent notre savoir-faire une cohérence qui les amène à retenir lors des concours, sans qu’ils le sachent, des architectes qui sont tous des glaneurs comme nous nous définissons. Il y a une présence qui est là, une présence réelle. La jeune génération d’architectes a envie de construction frugale. Les étudiants en architecture la souhaitent. La question, c’est de savoir pourquoi tout n’est pas comme ça puisqu’on sait le faire et puisqu’il y a une demande générationnelle.

Que manque-t-il alors pour que votre approche se massifie ?

P.M. : Il faut peut-être faire en sorte que nos honoraires soient calculés sur autre chose que le montant des travaux, peut-être sur la valeur environnementale. On sait très bien que l’économie est la clé dans tout ça. Actuellement, ça coûte moins cher de couler du béton que de faire des bâtiments avec des matériaux biosourcés et géosourcés. Mais ces choses-là évoluent aussi. Par exemple, les isolants issus de la pétrochimie coûtent aujourd’hui plus cher que les isolants biosourcés.
Et puis, il ne faut pas penser que la taxation du carbone va suffire. Elle ne modifie pas l’utilisation de l’eau et du sable. Moi, je suis pour une taxe spécifique sur le béton, pour supprimer la TVA sur les matériaux bio et géosourcés, pour qu’il y ait une vraie politique économique qui accompagne l’évolution.
Il faut également revenir à la question de nos besoins. Quels sont vraiment nos besoins ? Par exemple, si on veut continuer à faire des logements avec le même niveau de « confort » moderniste (je mets des guillemets bien sûr), on ne va pas s’en sortir. Dans le bâtiment, il faut investir l’argent sur le clos et le couvert, de telle manière que le travail d’enveloppe d’aujourd’hui prépare le bâti pour l’avenir. Le second œuvre, tout ce qui est à l’intérieur, a moins d’importance.

Vous posez également la question de l’utilité de nouvelles constructions…

P.M. : Nous nous posons de nouvelles questions: Faut-il encore construire ? Faut-il encore démolir ? Il faut se les poser systématiquement, à chaque projet. Peut-être que la réponse sera oui, mais peut-être que cela ne s’impose pas. En Ile-de-France par exemple, vous avez 4 millions de M2 de bureaux vides et on livre chaque année un million de M2 de bureaux en plus… Vous avez 16 ou 18% de logements vides dans Paris… La réhabilitation s’impose. C’est le grand travail du XXIème siècle. Il faut moins construire pour construire. Il faut arrêter de détruire, sauf enjeu majeur. L’Ademe a récemment réalisé une étude qui montre que réhabiliter coûte en plus moins cher. Et c’est plus rapide, ça pollue moins et ça utilise moins de ressources.

Quelle est pour vous la première urgence aujourd’hui ?

P.M. : La première chose à faire c’est isoler partout. Avant de demander aux gens de consommer moins d’énergie, il faut commencer par isoler partout. C’est l’essentiel. Après, on installe une logique bioclimatique, qui crée une relation étroite entre l’air intérieur et l’air extérieur, qui permet de se passer des machines et de travailler avec les mécanismes naturels. La ventilation naturelle en est un, et elle évite la climatisation.
Il faut également être au plus près de la société civile pour l’aider à faire ce travail. Elle en a besoin et elle en a envie. Il est aussi nécessaire de changer nos métiers. Je pense par exemple que le métier d’architecte va changer. Le fait d’être au plus proche des citoyens, pour les aider à faire des travaux de réhabilitation, c’est un grand projet.

Derrière les architectes et maîtres d’ouvrages, il y a les entreprises du bâtiment, les artisans. Trop peu restent encore formés à la réhabilitation, non ?

P.M. : Beaucoup sont déjà formés mais pas assez oui. Par exemple, il faut absolument aider les artisans à maîtriser les techniques de réhabilitation pour l’isolation des bâtis anciens. Mais il ne faut pas demander aux artisans de venir se former. Ils passent leur vie sur les chantiers. Ils n’ont pas le temps. Il faut fabriquer des formations sur les chantiers. Le Centre de ressources pour la réhabilitation responsable du bâti ancien (CREBA) fait partie de ces organismes de formation au plus proche des artisans, et fait un très beau travail.

Building : le grand projet de construction du 21eme siècle a commencé

De Strasbourg à Toulouse, de Nancy à Bordeaux, des Alpes-Maritimes à l’Eure, des Vosges à l’Hérault… Le monde du bâtiment et de l’aménagement de territoires, multiplie les initiatives pour s’adapter. Tous azimuts.

« Colossal ». Ainsi est désormais qualifié le défi posé à la filière du bâtiment dans la perspective de la « neutralité carbone » imposée par le réchauffement planétaire, et peu ou proue liée à la raréfaction de la ressource ainsi qu’à la préservation de biodiversité. Impossible donc de se contenter de la réglementation thermique, des besoins énergétiques et du choix d’une énergie « plus propre ».

Alors, les acteurs de la filière béton travaillent pour développer des bétons « bas-carbone », où la part du clinker, liant hydraulique source d’émission de CO2, est réduite au profit de calcaire, de cendres volantes issues de centrales à charbon ou encore de laitier, un résidu de hauts fourneaux. Gains espérés : entre – 30 et -70% des émissions.

Des tours en bois aux constructions hors-site

Les constructions bois se développent. Outre les habitations individuelles, d’imposants immeubles sont sortis de terre ou bien sont programmés : tour résidentielle Sensations de 38 mètres à Strasbourg, tour Hypérion à Bordeaux ou encore projet Wood’Art-La Canopée (logements, hôtel, commerces…) à Toulouse.

L’innovation touche également les constructions hors-site, industrialisées. Elles allient réduction des coûts et des émissions, exigences environnementales et réglementaires. Pour le bois bien sûr, comme à Saint-Priest, dans la Métropole de Lyon, où le collège Revaison, de plus de 700 élèves, a été en partie construit sur ce principe modulaire, et livré en un an contre deux habituellement. Mais également pour tout type de matériaux. Près de la Roche-sur-Yon, en Vendée, le groupe Cougnaud, historiquement constructeur de bungalows de chantier, a fait de la construction modulaire sa spécialité. Son nouveau siège social de Mouilleron-le-Captif se veut la vitrine de son savoir-faire: un bâtiment de 5000 M2 connecté et à énergie positive, mêlant acier, bois et béton, entièrement réalisé hors-site. Un « manifeste en faveur d’une construction plus responsable ».

Du développement de labels à la gestion circulaire des déchets

Des bâtisseurs se sont eux rassemblés depuis plusieurs années au sein de l’Association pour le Développement du Bâtiment Bas Carbone (BBCA) qui a lancé des labels pour le neuf, la rénovation, le résidentiel, le tertiaire… Un label qui est devenu celui des bâtiments des Jeux Olympiques 2024.
Les initiatives concernent également les déchets générés par la déconstruction : 17 millions de tonnes en 2020 sur le territoire national, selon l’Institut National de l’Economie Circulaire. A Bordeaux, à l’occasion de l’immense chantier Euratlantique au niveau de la gare LGV (plus de 700 hectares de renouvellement urbain sur les communes de Bordeaux, Bègles et Floirac), un groupement d’entreprises, avec notamment Suez et Eiffage, a créé une plateforme sur plusieurs hectares, Noé : un « hub » de transfert pour les déchets des chantiers. Des services mutualisés et évolutifs sont proposés pour les entreprises et personnes y travaillant : recyclage et valorisation de déchets, réemploi de terres excavées, location de matériel, mais aussi service de logistique, espaces de co-working, salles de réunion, restauration, navettes, application mobile…

Au-delà du « développement durable », la frugalité

La reconstruction sur l’existant peut également concerner des chantiers bien plus modestes. A Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes, la résidence Les Passantes, tête de pont d’un quartier en mutation, a remplacé une zone pavillonnaire par de petits immeubles collectifs alliant bois, béton brut et métal. Une opération de densification qui a en plus permis de rattacher le quartier au centre historique par des cheminements piétons. Une association « Chers voisins » a été installée en rez-de-chaussée par le bailleur pour susciter convivialité, entraide et encourager les locataires à participer à la vie du collectif.
Outre le confort des usagers et l’intégration du bâtiment dans son environnement, le concept de frugalité ajoute une recherche de sobriété des usages, des besoins en énergie et de la construction pour laquelle sont recherchés des matériaux locaux. Cette option s’adapte également à la réhabilitation. Ce qui a entre autres pu séduire des collectivités locales comme à Saint-Rémy-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, où la communauté de communes Vallée des Baux-Alpilles a installé son siège en lieu et place d’un ancien hangar commercial. Au programme : bâtiment bas carbone, chaufferie à bois, chauffe-eau solaire, panneaux photovoltaïques, matériaux et isolation biosourcés locaux, implication des entreprises locales, pose de nichoirs, plantation d’espèces végétales, et lancement d’une dynamique sur le territoire autour des énergies renouvelables et de l’économie circulaire.

Des quartiers qui se réinventent

De nouveaux quartiers réinventent eux-mêmes la conception urbaine. C’est le cas au Pont-des-Tanneries, à Dijon. Ici, en pleine ville, entre la rivière Ouche et les voies ferrées, sur une friche urbaine d’environ 5 hectares, le projet lancé en 2018 par Linkcity en partenariat avec la Ville et la Métropole de Dijon, et actuellement en cours, a pour ambition de permettre à la cité « d’être mieux préparée, de pouvoir mieux s’adapter face aux différents chocs (environnementaux, de société…) qu’elle pourrait subir ».

Risque d’inondation, adaptation face à la montée des températures, développement de nouveaux espaces verts, production agricole… Ce quartier pensé par l’Atelier Philippe Madec devant accueillir un millier d’habitants, des ateliers ou encore un maraîcher, redonne une place centrale à l’eau. Afin de gérer les crues de la rivière grâce à un important travail de terrassement. Afin aussi de faire face aux îlots de chaleur en rouvrant à l’air libre des bras de la rivière pour recréer des zones humides et espaces naturels, faisant fonction d’îlots de fraîcheur. L’innovation passe ici en plus par un espace de coliving, « nouvelle offre de logements en colocation avec de nombreux services mutualisés, inédite sur la métropole ».

Favoriser la cohésion sociale tout en respectant le paysage naturel

Accepter les crues de la rivière en les traitant de manière paysagère, c’est également le principe de l’éco-village des Noés au Val-de-Reuil, sur les bords de l’Eure, dans le département du même nom. Ce projet également pensé par l’Atelier Philippe Madec, a été livré en 2017 et a reçu différents prix nationaux. Composé de trois hameaux pour près de 100 logements passif et zéro énergie (maisons individuelles ou groupées, logements collectifs), cet ensemble développe la mixité fonctionnelle de sorte à favoriser la cohésion sociale tout en respectant le paysage naturel : jardins familiaux, vergers, zones maraîchères, halle de vente des produits, crèche municipale, pieds d’immeubles végétalisés, espaces relais pour enrichir la biodiversité… Orientée vers le sud, l’architecture se veut à la fois simple et variée. Elle donne aux logements « de la lumière dans toutes les pièces de vie, y compris les salles de bains, et offre au moins deux façades opposées qui apportent un confort notamment par la ventilation traversante en été ». Des protections solaires, bardages et volets persiennés bois, toitures végétalisées et panneaux photovoltaïques complètent l’aménagement.

Des villes et territoires qui passent au biosourcé et géosourcé

Bâti intégré dans son environnement et dans le temps, utilisation de matériaux bio et géosourcés, logique d’économie circulaire et relocalisée…. A Bordeaux, la nouvelle municipalité a fait de tels critères le label Bâtiment frugal bordelais pour tous les permis de construire. Afin de « promouvoir un bâtiment préservant les espaces de nature existants, adapté au territoire, tourné vers les filières locales, soucieux de l’usage et de la qualité de vie de ses occupants, tout en réduisant ses impacts climatiques ». Une initiative parmi d’autres en fait. Par exemple, Annecy a adopté cette année un « référentiel du bien construire ». Tandis que l’Eurométropole de Strasbourg a rejoint, tout comme la Métropole du Grand Nancy, la communauté d’Agglomération d’Epinal, le Département des Vosges ou encore la Région Grand-Est, le pacte « Bois et matériaux biosourcés ». Un pacte développé par la filière forêt bois régionale afin d’accélérer la transition dans le bâtiment et de promouvoir le bois vosgien. Ou quand l’action passe du global au local…

"La frugalité va devenir la norme"

A Bordeaux, un label Bâtiment frugal s’impose à tout permis de construire depuis un an et demi. Une forme d’apprentissage collectif pour la municipalité, les promoteurs et constructeurs.

Entretien avec Bernard Blanc, fondateur du label Bâtiment frugal bordelais, ex-adjoint au maire en charge de l’urbanisme résilient.

Vous avez lancé il y a deux ans le label Bâtiment frugal bordelais. Quelle a été votre motivation et quelle est la logique de ce dispositif ?

Bernard Blanc (B.B.) : La précédente municipalité a lancé la réalisation d’environ 45000 logements à l’horizon 2030 dans les nouveaux quartiers des Bassins à flots, de Brazza, de Bastide-Niel, d’Euratlantique… Aujourd’hui, les deux tiers sont sortis de terre mais tout est en béton, avec très peu de traitement végétal. Le confinement a de son côté montré le manque d’espaces extérieurs, puis la canicule le besoin de protection solaire. L’idée de ce label est de corriger le tir sur ce qui reste à venir, environ 30% de l’ensemble, et de développer des chantiers de réhabilitation ainsi que l’économie circulaire. Les approches habituelles ne correspondent plus aux changements climatiques et aux crises comme celle du Covid.

Ce label dit qu’il ne faut plus tout construire en béton, mais choisir des matériaux biosourcés et géosourcés. Il est également nécessaire de se protéger l’été… Car le confort d’été est devenu une vraie question. Pour y répondre, des logements traversants sont nécessaires, afin de créer une ventilation naturelle. Il faut également des occultations pour éviter la surchauffe, des îlots de fraîcheur accessibles aux résidents… Cela n’a rien de révolutionnaire.

Globalement, nous avons un référentiel pour les logements et un pour les bureaux. Nous engageons en plus une démarche importante de requalification et de transformation des bâtiments municipaux. Nous sommes en train d’ajuster le label pour ces bâtiments. Le travail sur la mise en place du label va s’étaler sur cinq ans.

Concrètement, quel est le processus pour un promoteur ou un maître d’ouvrage, et comment l’application de votre label progresse-t-elle ?

B.B. : Le label Bâtiment frugal bordelais s’applique à tous les permis de construire depuis un an et demi, même pour un particulier qui désire par exemple faire une extension. On a créé une bande dessinée pour ces petits porteurs de projets qui ne sont pas forcément accompagnés par un bureau d’étude ou un architecte. Tous les projets lancés la première année sont en chantier et ne posent pas de difficultés.

Les porteurs de projets sont accompagnés par le bureau d’études techniques 180 degrés Ingénierie qui a participé à la mise au point du label. Le bureau d’études aide ceux qui en ont besoin de manière à ce que le dossier soit dans les clous quand le permis de construire passe en commission. Un marché à bons de commande va en plus être opérationnel avant la fin de cette année pour bien suivre les chantiers et vérifier ce qui est réellement mis en œuvre.

Ce label est en fait une forme d’apprentissage collectif. On tire les leçons de chaque expérience. On s’oblige à étudier les conditions de réussite ou les difficultés rencontrées dans la conduite du projet et c’est seulement à la livraison que le label est délivré. Cela nous permet d’améliorer progressivement le dispositif.
Ainsi, sur les 42 ambitions du label, nous n’en exigeons que 22 les trois premières années. Mais chaque année qui suit il faudra ajouter 10 ambitions supplémentaires. J’ai en plus fait intégrer le label dans la modification du plan local d’urbanisme (PLU) pour qu’il soit opposable en droit. Ce qui rentrera en vigueur en 2024.

La question du surcoût induit par cette nouvelle approche revient souvent. Qu’en pensez-vous ?

B.B. : Cela coûte plus cher aujourd’hui parce qu’on n’a pas le volume industriel pour les matériaux. Quand on réalise 4500 logements par an comme à Bordeaux, effectivement, il faut une ressource produite industriellement. Ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Mais ça progresse, donc les prix vont finir par baisser. Au début, les promoteurs tablaient sur 10 ou 15% de surcoût. Moi, je les autorise à utiliser le moins de matière possible. Par exemple, si vous faites un mur en béton coulé sur place, puis une isolation par l’extérieur, puis une vêture métallique, vous mettez trois couches de matière. Si vous montez tout ça en briques de terre, avec une isolation par l’intérieur, ça vous coûte beaucoup moins cher et vous avez fait des gains de matière. Donc il faut aussi apprendre à ne plus gaspiller la matière pour que ça coûte moins cher.

Votre méthode pour imposer ce label a été plutôt volontaire…

B.B. : A la fois la carotte et le bâton ! Il fallait que tous les promoteurs prennent conscience que ce n’est plus possible de construire comme aujourd’hui. Le bâton ça a été de dire : « Si vous ne modifiez pas vos pratiques on ne délivrera plus de permis de construire ». La carotte, ça a été d’ajouter : « Si vous les modifiez, on vous accompagne dans la démarche et on prend le temps du mandat pour étudier toutes les conditions de faisabilité, techniques et économiques ». La première année, de septembre à décembre, on a donc tout gelé pendant 4 mois, le temps de faire un inventaire précis de la situation. J’ai alors commencé à dessiner les grandes lignes du label et j’ai pu travailler avec la Fédération des promoteurs immobiliers Nouvelle-Aquitaine et la Fédération du bâtiment. Une exposition pédagogique a été réalisée. Des démonstrateurs ont été sélectionnés…

A peu près 60% des démonstrateurs concernaient d’anciens chais ou hangars, dans l’hyper-centre de Bordeaux, dans les quartiers de Bacalan et des Chartrons. Pour ces bâtiments, la réhabilitation fonctionne très bien en gardant l’enveloppe extérieure. Si on a des murs en pierre par exemple, on complète l’isolation avec des matériaux biosourcés. C’est beaucoup plus facile dans le fond d’appliquer le label en réhabilitation que dans le neuf.
Finalement, les promoteurs se sont rendu compte que ce label, c’est juste du bon sens, et qu’il suffisait de faire un effort pour y arriver. Aujourd’hui, ils me disent : « Heureusement que tu nous as bousculés pour faire ça, parce qu’on voit bien qu’on ne peut pas faire autrement ».

Quel avenir imaginez-vous donc pour cette démarche frugale ?

B.B. : Je pense que c’est impossible aujourd’hui de faire machine arrière. La pression vient maintenant de tous les côtés. Moi, j’ai été très sollicité, par exemple par les villes de Paris, Annecy… Et les filières commencent à se constituer. Ici, des industriels fabriquent désormais des briques de terre crue, du béton de terre… Donc ça commence à être facile de se procurer des briques de terre crue par exemple. C’est aussi cette condition qu’il fallait mettre en place pour que les constructeurs puissent vraiment faire leur transition. A Bordeaux, petit à petit, ils tirent profit du label. Ils comprennent que cela va devenir la norme au plan national.

 

 

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