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Ville productive, ville de demain ?

10 minutes de lecture

Par Anne Borrel,

14 Juin 2022

Des industries devenues miniatures et vertueuses qui prennent place dans les métropoles, des immeubles qui fourmillent d’activités, des bureaux qui peuvent devenir productifs, des espaces logistiques partagés, des artisans, créateurs, livreurs, employés de service qui se logent près de leur travail, des zones urbaines qui revivent… La ville productive s’invente.

Le saviez-vous ? Depuis le XIXème et jusqu’au milieu du XXème, Paris était la capitale mondiale de l’industrie, avec une grande tradition manufacturière. De ce passé, plus guère de traces aujourd’hui. Outre le graphisme et l’imprimerie, la production actuelle de la capitale est celle de l’industrie du luxe : prêt-à-porter, cuir, mode, bijouterie, décoration… Un artisanat qui a survécu parce qu’il a voulu conserver le « made in Paris ». Sinon, comme pour de nombreuses autres grandes villes, entre autres en France, l’industrie est sortie de la cité. D’abord pour des raisons de pollutions, de réglementations sur les risques industriels. Ensuite parce que l’urbanisme, aidé par la « tertiarisation » de l’économie, a séparé logements, bureaux, industries, etc. Parce qu’également l’évolution du prix du sol urbain a tendance à repousser les fabriques vers l’extérieur… Sans parler des délocalisations.

 

Une rupture dans la vision actuelle du développement

Aujourd’hui, les tissus urbains denses sont surtout consacrés à l’habitat, au travail de bureau et à la consommation de produits venus d’ailleurs. Bien qu’elle existe toujours, y compris dans certaines agglomérations comme au Havre ou à Rouen, l’industrie semble généralement oubliée, invisible. Du reste, on parle le plus souvent de société « post-industrielle ».

Néanmoins, le numérique et ses fablabs ainsi que le « penser global, agir et produire local » ont émergé. Services aux entreprises, logistique d’approvisionnement, BTP, artisanat, manufactures, filières numériques, transition énergétique, recyclage, économie circulaire, circuits courts alimentaires, industries d’avenir « propres »… L’idée que « la ville productive » doit pouvoir permettre la création d’emplois dans des secteurs variés, connaît un succès croissant, y compris du côté des élus locaux et des professionnels de l’urbanisme. Et même si elle marque une rupture dans la vision actuelle du développement. Si bien que les recherches se multiplient sur la manière plus générale de repenser la place du travail en ville : « Comment concevoir une ville qui crée les conditions d’accueil d’une évolution permanente du travail ? Comment maintenir des qualifications de tous niveaux en ville ? Comment favoriser le maintien, voire le retour, de l’industrie dans les tissus urbains constitués et selon quelles modalités d’insertion paysagère, urbaine et architecturale ? Comment mettre en œuvre une logistique urbaine plus durable ? Comment favoriser la proximité entre les lieux de production et ceux de consommation des biens dans la perspective de la transition écologique ? »

 

Des métropoles plus mixtes, plus durables, plus résilientes

Initiées en France par le service interministériel Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA), ces recherches s’avèrent d’autant plus d’actualité qu’elles recèlent des enjeux sociaux, environnementaux et stratégiques aigus. En effet, les chercheurs constatent que l’effet centrifugeuse de la dynamique des prix du foncier dans les grandes villes dynamiques, chasse à la fois les activités de production et les personnes qui n’ont pas ou plus les moyens d’y habiter, avec des effets sociaux indésirables. L’idée serait donc de favoriser en même temps le retour de ces activités de production en ville et de permettre à leurs acteurs d’y loger, donc d’avoir des métropoles plus mixtes, plus inclusives.

Une telle dynamique aurait en plus des vertus environnementales en permettant notamment une réduction des émissions de gaz à effet de serre : réduction des déplacements domicile-travail, réduction des émissions « importées » en produisant local, c’est-à-dire des émissions qui sont issues des produits d’importation. Cet aspect s’avère d’autant plus important que toutes les métropoles ou communautés d’agglomération sont déjà engagées ou doivent s’engager dans les plans climat-air-énergie, une déclinaison locale de la stratégie nationale bas-carbone de la France, visant la « neutralité carbone » à horizon 2050.

De la pénurie de masques en 2020 au prix de multiples matières premières aujourd’hui et aux risques de famines dans le monde, les crises de la pandémie et de la guerre en Ukraine, rappellent quant à elles brusquement les enjeux stratégiques de souveraineté et de résilience lié au maintien, et même au renforcement, d’activités productives en France : alimentation, santé, énergies renouvelables, technologies de transition…

A quand donc un plan global incluant toutes les villes, les plus dynamiques comme celles qui s’avèrent « en déprise » ?

Un nouveau logiciel pour le développement urbain

Intervention des pouvoirs publics sur la question du foncier, création de structures et d’outils financiers innovants, changement d’image de l’industrie, coopération entre métropoles, mise en place de stratégies globales en phase avec la transition écologique… Tels apparaissent les leviers de construction de la ville productive de demain.

« Ville productive, ville inclusive, même combat ! » le sociologue Pierre Veltz, spécialiste des dynamiques territoriales, résume ici l’un des enjeux majeurs d’un retour de la production manufacturière au cœur des métropoles: lutter contre la « dynamique polarisante du tout « serviciel » » qui concentre les plus aisés dans les plus grandes villes et qui en excluent « les emplois de type intermédiaire mal payés » du fait de la concurrence foncière et du coût du logement, déséquilibrant ainsi la société.

Pour contrer ce phénomène et sa désindustrialisation, Bruxelles développe depuis des années une stratégie d’implantation diffuse de l’industrie dans le tissu urbain avec une « innovation institutionnelle »: un organisme, Citydev, qui est à la fois un aménageur public et une agence de développement économique. Ses actionnaires sont la région de Bruxelles et les 19 communes qui la composent. Cette structure permet de maîtriser le foncier et pense ses projets de manière à maintenir les classes moyennes et populaires au centre de la ville, « en leur proposant des logements abordables et en favorisant une offre d’emplois adéquate », explique Hugo d’Assenza-David, chercheur. Par exemple, « les terrains vierges font l’objet d’emphytéoses, tandis que les terrains aménagés proposent des infrastructures et des locaux disponibles à la location ».

 

Le foncier, question centrale et sensible

Résultat : « Des reconquêtes progressives de quartiers, de zones de la ville qui retrouvent de la mixité fonctionnelle. Ces résultats encourageants sont le fruit d’un travail collectif et de stratégies convergentes. » Et ils inspirent. Hugo d’Assenza-David a réalisé une monographie de la capitale belge pour le compte du Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA), structure interministérielle française qui a développé en France un programme de recherche pour favoriser le retour du productif en ville et dont les résultats doivent être publiés cette année.

La question du foncier et de l’intervention publique pour le réguler y apparaît d’autant plus centrale que les villes doivent désormais assurer leur développement avec la contrainte de ne plus s’étendre sur des terres encore naturelles, sauf à en renaturaliser d’autres. C’est la logique du « zéro artificialisation nette » s’imposant désormais dans l’aménagement du territoire, et qui limite de fait les surfaces disponibles. « La question du foncier va devenir extrêmement sensible », prévient Hélène Peskine, secrétaire permanente du PUCA. « Dans les villes où il y a beaucoup de friches, on arrivera à travailler un peu leur recyclage. Mais dans les villes où il y a peu de friches, la concurrence va être rude, notamment dans les métropoles. Sans régulation par les pouvoirs publics, soit dans des documents d’urbanisme interdisant d’autres usages, soit avec des actions sur le portage foncier, soit avec des financements subventionnés, on ne saura pas maintenir et développer des activités productives sur des fonciers trop convoités ».

 

Ville productive, transition écologique : une stratégie globale

Au-delà du cadre de zéro artificialisation nette, les politiques territoriales vont de manière générale devoir intégrer dans leur développement tous les autres impératifs de la transition écologique : plans climat, air, énergie, neutralité carbone… La métropole de Lyon développe cet objectif d’une « métropole fabricante » pouvant concilier développement des activités productives de demain, préservation de l’environnement et qualité du cadre de vie urbain. Et donne à voir une stratégie globale. Cette stratégie s’articule autour de quatre axes : accueillir, transformer, reconnecter, coopérer. Et de différents outils innovants.

 

Une enveloppe foncière éco-industrie

Derrière le terme « accueillir » se trouve la question du foncier et du zéro artificialisation nette. « Il s’agit de savoir comment on se donne les moyens de régénérer les zones industrielles, et de réorienter éventuellement les zones commerciales vers les activités productives, mais aussi comment en cœurs de quartiers, cœurs de villes, cœurs de villages on conserve la possibilité de maintenir et même de réétablir des activités productives », pose Emeline Baume, vice-présidente de la Métropole de Lyon. La solution passe par une mobilisation d’argent public. « On a pour le première fois une enveloppe foncière éco-industrie qui est à hauteur de 48 millions d’euros ». Pour pouvoir « faire l’acquisition de fonciers aujourd’hui productifs qui seraient sinon vendus à des opérateurs qui ne seraient plus productifs ». Enveloppe financière également pour la régénération de zones industrielles et la reconversion de zones commerciales. Et un outil pour maintenir et repositionner en cœurs de quartiers, cœurs de communes, cœurs de villes des activités productives : la société d’économie mixte (SEM) Patrimoniale du Grand-Lyon « qui nous permet par exemple de racheter des locaux et d’y installer des activités, avec loyers progressifs ».

 

Appels d’offres et fonds d’amorçage

La volonté de la Métropole de Lyon de « transformer » l’industrie aborde la question de l’impact carbone, pour aider les process productifs à « être moins gourmands en énergie, en eau, peu ou pas impactants en termes de pollution et de nuisances, et peu producteur de déchets », à s’adapter aux nécessaires changements. Différents outils pour y parvenir : des appels d’offres permanents « pour soutenir l’investissement d’entreprises sur la sobriété et l’efficacité énergétique, sur la logistique des biens »; un fond d’amorçage pour aider les jeunes entreprises « porteuses de solutions » à passer le cap pré-industriel.

 

Changer l’image de l’industrie et des métiers du « faire »

Le désir de « reconnecter » à la réalité industrielle a pour sa part l’ambition, à travers une Fondation spécifiquement créée, de changer l’image négative, sinon distante, qu’inspirent souvent les activités productives. Il s’agit donc de savoir « comment on parle aux prescripteurs, c’est-à-dire à la communauté éducative, aux parents et aux jeunes des métiers du « faire », des métiers productifs, qui ont du sens, qui sont utiles. Parce qu’en fait tout le monde est pour sauver le climat mais peu de gens ont encore envie de réparer, de repositionner, de remanufacturer, de penser nos objets du quotidien avec moins de matière, moins d’énergie, moins d’eau, d’allonger la durée de vie », détaille Emeline Baume.

 

La coopération entre métropoles : outil de développement

Enfin, à l’instar du tandem Lille-Bruxelles, la Métropole de Lyon inscrit la coopération comme un véritable outil pour favoriser le maintien et le développement du productif en ville. Dans ce cadre, elle a développé deux outils avec Saint-Etienne Métropole : son fonds d’amorçage pour les jeunes entreprises innovantes et sa fondation « de la reconnexion industrielle ». « Le sujet, ce n’est plus on se pique les entreprises, on se pique les emplois. Le sujet, c’est de trouver le meilleur endroit, le meilleur « écosytème » possible quand une entreprise de notre territoire croît et a besoin de foncier, d’immobilier, ou quand une entreprise extérieure au territoire a pour une raison ou une autre envie de venir ».

Pour Emeline Baume, la coopération est également nécessaire au sein des filières d’activités économiques, « sachant que les filières prioritaires sur notre territoire sont le BTP, l’alimentation, la mobilité, l’énergie, le textile. Par exemple, le textile a une histoire, un patrimoine. On a aussi beaucoup d’acteurs socio-économiques qui sont soit sur le luxe soit sur le textile technique. La coopération doit permettre d’amplifier le mouvement et de toucher toutes les briques du secteur textile ».

Tout un nouveau logiciel en somme.

Territoires dynamiques, territoires en déprise: deux voies différentes

Si agriculture urbaine, fablabs et autres makerspaces semblent ouvrir la voie à un retour des activités productives en ville, une véritable réindustrialisation suppose de densifier les métropoles déjà dynamiques avec des hôtels productifs, et de régénérer les surfaces urbaines sous-occupées des villes en déprise.

Les activités productives vont-elles faire leur grand retour dans les centres urbains ?

Le développement d’un « néo-artisanat » centré autour du numérique, témoigne d’un frémissement avec les fablabs, hackerspaces, makerspaces et autres tiers-lieux ouverts au public, généralement sur du foncier urbanisé abandonné : friches industrielles, locaux divers inoccupés… Quelles que soient leurs différentes spécificités (fabrication de biens par imprimantes 3D, artisanat, arts, formation, création d’entreprises, implication dans la transition écologique…), ces espaces, animés par des acteurs généralement jeunes, affirment procéder d’une même culture : celle du « faire » et de l’apprentissage, avec des valeurs fondées sur le partage, la coopération, et prenant souvent en compte la problématique environnementale.

Des tiers-lieux d’ »intérêt général »

Ils s’installent aujourd’hui sur tous les territoires, principalement urbains. Evalués en 2018 à 380 par le site et magazine spécialisé Makery, ils font même de la France l’un des leaders dans le monde avec l’Italie. Ils se structurent avec notamment le réseau français des fablabs et l’association nationale des tiers-lieux. Ils sont soutenus par l’Agence nationale de la Cohésion des territoires (ANCT). Certains ont été labellisés « Fabriques de territoire » ou encore « manufactures de proximité », et un Groupement d’intérêt public (GIP), montrant leur caractère « d’intérêt général » est en cours de constitution avec les ministères de la Cohésion des territoires, du Travail, des TPE, de la Recherche…
De son côté, la nécessité de recréer des circuits courts trouve actuellement des applications en priorité dans le domaine de l’alimentation. Les espaces d’agriculture urbaine, permettant de produire et de diffuser fruits, légumes, fleurs et plantes variées sur place, et éventuellement des créer des activités artisanales (apiculture, micro-brasserie, teinture…), se sont multipliés depuis quelques années, notamment en toitures (hôpitaux, écoles, etc.) comme à Paris où la Ville soutient également la création de fermes pédagogiques : Parc Kellermann (13e), Jardin Suzanne Lenglen (15e), Square Binet (18e)…

Quel avenir pour les bureaux autour des gares TGV ?

Par ailleurs, les confinements successifs dus à la crise sanitaire ont eux changé beaucoup d’habitudes de travail et même de vie. « On voit émerger des lieux un peu hybrides, des maisons en banlieues qui deviennent également des lieux de travail, et également des espaces de travail dans les quartiers résidentiels, notamment en moyennes et grandes couronnes. Plutôt que de prendre le train pour aller jusqu’à Paris ou jusqu’à Bordeaux, on va travailler dans son quartier, à côté de la boulangerie ou de l’école, » révèle Hélène Peskine, secrétaire permanente du Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA). Ce qui préfigure peut-être de nouveaux modèles économiques pour favoriser l’installation de lieux de travail partagés en banlieue. Et ce qui pose également la question du devenir des nombreux mètres carrés de bureaux ainsi « libérés », par exemple autour des gares TGV. Pour y mettre en partie du productif ?
La question se pose. En effet, des usines existent toujours et d’autres se créent, y compris dans certaines agglomérations. Elles emploient certes moins de personnel (productivité, robotisation) mais sont en fait devenues, selon les chercheurs, indissociables d’activités en réseau : entretien des systèmes techniques, liens avec les clients, etc. Services, productions physiques et productions numériques se mêlent donc, gommant la frontière entre industrie et tertiaire. Ainsi, certains parlent d’ »industrie-réseau » ou de société « hyper-industrielle », comme le sociologue et ingénieur Pierre Veltz. Un concept qui se confronte directement à celui de société « post-industrielle ».

Des équipements logistiques temporaires

Par exemple, le développement du e-commerce de biens manufacturés, issus donc du monde industriel, a fortement accru les tâches liées à la logistique et donc les activités de livraison, mais avec des entrepôts souvent éloignés des centres urbains. Les métropoles cherchent donc à imaginer de nouveaux espaces pour la logistique dite « du dernier kilomètre ». La mutualisation d’infrastructures comme les quais de déchargement est une option. Préfigurant éventuellement l’avenir, le groupe immobilier Sogaris a exploré le concept de « Pavillon voyageur », bâtiment démontable et pouvant être déployé sur des sites provisoirement disponibles. Conçu par l’atelier d’architecture et d’urbanisme Syvil, il a abouti au pôle P4 – Paris Pantin Le Près-Saint-Gervais, sorte de micro-rungis de 800 m2 aux accents écologiques et installé sous le boulevard périphérique, à la Porte de Pantin.

Des hôtels productifs facilités par la « miniaturisation » de l’industrie

L’atelier d’architecture et d’urbanisme Syvil développe également le concept d’hôtels productifs, en se basant sur le modèle existant des hôtels industriels. Désirant lutter contre sa désindustrialisation, la Ville de Paris en particulier a en effet engagé dès les années 80 la réalisation d’hôtels industriels, bâtiments multifonctionnels hébergeant divers utilisateurs sur plusieurs niveaux. On en compte actuellement une quarantaine pour 600 entreprises et l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) en espère une cinquantaine à l’horizon 2025, par exemple les futurs ateliers Chanel (19e), l’immeuble Serpollet (20e), l’immeuble Berlier (13e) en rénovation.
Genève s’est également lancée dans l’aventure, constatant que cette densification de l’activité productive est facilitée par la « miniaturisation » et la « tertiarisation » de l’industrie. Sans doute un atout pour l’avenir des villes dynamiques. D’autant plus qu’en France une telle densification est rendue obligatoire par le concept de « Zéro artificialisation nette », conduisant les décideurs à construire la ville sur la ville.

Des bureaux et des espaces productifs hybrides

Développant une démarche holistique, Syvil architectures estime que ces nouveaux hôtels productifs « doivent pouvoir accueillir des espaces de prototypage, permettre de fabriquer des premières séries avant de lancer une production à l’échelle industrielle ». Et de poser la question de l’hybridation entre les immobiliers tertiaires et productifs, avec « des espaces capables d’être à la fois bureau et production, ou d’être l’un pour pouvoir devenir l’autre ».

Faire des zones artificialisées sans usage une ressource

Face aux métropoles dynamiques, la question de la réimplantation d’activités productives en milieu urbain se pose bien différemment dans les villes, petites ou moyennes, actuellement en déprise, mais où les terrains urbanisés sous-occupés et les logements vacants peuvent être « un potentiel pour demain », estime Hélène Peskine. « A l’heure où l’on parle de planification écologique, on pourrait imaginer une stratégie nationale de mobilisation pour relocaliser ici des industries », avec bien sûr les conditions nécessaires, de formation par exemple. Ou quand les zones artificialisées sans usage deviendraient une ressource, tout comme les sols naturels pour le carbone, la biodiversité…
Cette reconstruction de la ville sur la ville peut également être réalisée avec les industries déjà présentes. C’est le cas à Dunkerque où Arcelor Mittal, recevant des subventions de l’état pour de nouveaux process permettant de capter du CO2, a développé une fabrique à projets pour transformer son industrie en une industrie plus numérisée, plus robotisée. Elle s’appuie sur ses employés pour créer des start-ups locales sur de nouvelles manières de travailler. Pour le PUCA, « ce partenariat public-privé montre qu’il existe déjà une dynamique territorialisée sur ces évolutions stratégiques ».

La ville productive, sujet de recherche au Plan Urbanisme Construction Architecture

Effet centrifugeuse des prix fonciers, maintien du productif en ville, requalification des zones d’activités, rapprochement production – consommation et ressources – fabrication… Le Plan Urbanisme Construction Architecture dévoilera cette année les résultats de son programme de recherche sur la ville productive.

Interview d’Hélène Peskine, secrétaire permanente de l’agence interministérielle Plan Urbanisme Construction Architecte (PUCA)

Hélène Peskine, secrétaire permanente de l'agence interministérielle Plan Urbanisme Construction Architecte (PUCA). ©ijeab

Le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) est une agence interministérielle ayant pour objet de faire progresser les connaissances sur les territoires et les villes, et d’éclairer l’action publique. Comment fonctionne-t-elle ? Comment choisit-elle ses domaines d’investigation ?

Nous avons a un conseil d’orientation composé de partenaires publics et privés -notamment les majors de la construction, l’ADEME, l’Anah, les associations de collectivités ou encore l’ordre des architectes- d’un collège scientifique -parce que nous avons vocation à développer des programmes d’intérêt scientifique- avec des chercheurs en sciences humaines et sociales, en urbanisme, et d’un collège Etat où on trouve différentes directions ministérielles, très largement des financeurs: aménagement du territoire, énergie, architecture… Une fois par an on les réunit pour orienter les différents travaux, et on se voit également régulièrement en bilatérale. Nous avons un programme établi sur 5 ans, un peu comme une agence d’urbanisme, donc de longue haleine, et qui demande de la recherche, des enquêtes… Le PUCA peut également être sollicité par les acteurs du monde urbain. En général, on fait émerger un sujet comme enjeu de recherche parce que plusieurs organismes nous ont expliqué qu’ils se posaient des questions sur lui, par exemple pour résoudre un défi.

 

A la suite de quelles réflexions le PUCA est-il arrivé à initier un programme de recherche sur la question de la « ville productive » ?

L’exemple de la ville productive est très représentatif de notre démarche. C’est un programme qui a été initié il y a 3 ans. Il est issu d’un groupe de travail que l’on avait animé pour le Club Ville Aménagement, le club des aménageurs publics. Leur demande : « Aidez-nous à définir la réalité du travail du monde urbain aujourd’hui pour que l’on décide comment, lors d’opération d’aménagement, on pourra trouver des locaux », en dehors des mètres carrés de bureaux actuels. Travaillant sous un angle socio-économique pour essayer de voir comment avait évolué l’emploi, notamment l’emploi dit populaire, moyennement qualifié ou peu qualifié, le PUCA a identifié qu’en 40 ans il y avait eu beaucoup de précarisation, liée notamment aux services communs comme la livraison. Et puis, on a aussi un peu caractérisé l’emploi de production des villes et son évolution. De là est née l’idée qu’il faudrait approfondir ces questions relatives à la capacité des villes à accueillir des lieux de production. En même temps, émergeaient beaucoup de projets autour des espaces de co-working, de tiers-lieux, de fabs labs de makerspaces… Effet de mode ou modèle structurant ? La question se pose. Et puis, si on ne parlait pas tellement encore de relocalisation industrielle, on évoquait néanmoins les circuits courts, la transformation des ressources, les stratégies de territoires autour de l’agro-alimentaire, des matériaux de construction… C’est comme ça qu’est né le programme de recherche pour la ville productive, avec le Club des aménageurs. Petit à petit, on a greffé à leur demande des promoteurs immobiliers, des logisticiens, des chercheurs spécialisés sur ces questions, l’ADEME… Jusqu’à former un comité de pilotage mélangeant acteurs et chercheurs, puis un programme, un appel à propositions…

 

Votre appel à propositions de recherche a été lancé en 2020 et va commencer à donner ses résultats. Quels en sont ses axes de travail ?

Le cahier des charges du programme de recherche sur la ville productive a été établi autour de cinq axes issus de nos différentes étapes de réflexions, et validé par nos partenaires qui sont aussi des co-financeurs : la Fabrique de l’industrie, la Caisse des Dépôts… Ces axes sont : le maintien et le retour de l’activité productive en ville ; les lieux de travail à distance de l’entreprise ; la ville productive comme projet de développement environnemental ; la logistique urbaine et l’évolution des pratiques commerciales ; la ville des travailleurs et travailleuses. Nous avons rajouté ce dernier axe parce que nous nous sommes rendu compte que les réflexions sur la ville portent souvent sur le logement ou l’habitat, car il y a des politiques publiques derrière, mais très peu sur les travailleurs.

L’idée, c’est qu’entre 18 mois et 3 ans, en fonction des recherches retenues, on ait de vrais résultats sur les différentes questions posées, sachant qu’un programme de recherche n’est pas une étude. On n’en attend pas forcément un résultat précis. Ça peut être également une manière différente de poser les questions, ou bien déboucher sur de nouvelles questions. Suiteà l’appel d’offres, nous avons sélectionné les recherches du programme avec un jury composé de membres du comité de pilotage,

 

Vous avez donc étudié plus de 20 projets de recherche dont près d’une dizaine ont été retenus… Avec quels angles ?

Nous en avons retenu exactement 8, plus un concernant Lyon, mais qui dispose d’un financement particulier. Il y a des recherches plutôt sociales comme l’une sur la géographie des emplois populaires. Sa problématique : où sont les emplois peu qualifiés dans les villes et quels sont-ils ? Il y a également des recherches sur les politiques publiques, par exemple sur le rôle des collectivités pour le maintien des activités productives. D’autres plus économiques comme celle du Cerema sur l’effet centrifugeuse des prix fonciers et immobiliers dans les grandes villes, qui fait disparaître ou s’éloigner des activités. Donc la question à partir de là est de savoir comment on peut chercher à les retenir. La dernière famille de recherches est plutôt spatiale, comme en région Rhône-Alpes, pour savoir comment on transforme les zones d’activités existantes et quels sont les outils, y compris l’urbanisme, qui permettent de garder des activités de production. On a également des recherches plus spécifiques sur l’industrie du luxe ou encore sur l’effet du e-commerce sur les espaces relais-colis.

En parallèle, outres des journées d’études sur des questions spécifiques, on a créé un cycle de webinaires qui montraient l’avancement des réflexions, faisaient le lien entre les différentes équipes de recherche travaillant sur le programme. Cela permet d’obtenir un travail collectif, avec différentes entrées. L’idée globale est de pouvoir en tirer des éclairages sur la manière dont les gens qui produisent la ville ou la gèrent peuvent y créer des emplois productifs.

Les deux premiers rapports, sur l’industrie du luxe et les relais-colis à Avignon, seront publiés d’ici cet été, les autres fin 2022 – début 2023.

 

Quels exemples d’objectifs opérationnels peut-on donner de ces recherches ?

Plusieurs exemples. L’Université Gustave Eiffel qui travaille sur les dispositifs mis en place par les métropoles pour le maintien ou le retour des activités productives, analyse de manière comparative Rennes, Bordeaux, avec en plus un peu de benchmark européen. Cette équipe travaille avec les métropoles en question. D’une certaine manière, cela crée déjà de l’intelligence locale autour de cette réflexion. Elle identifie les leviers mis en place par ces villes (mobilité, foncier…). Le rapport nous donnera un éclairage sur les différentes solutions et notre rôle sera de le faire connaître, de le diffuser pour que d’autres puissent s’en inspirer. On aura un peu le même travail sur Lille et Bruxelles, où le travail concerne plutôt les chaînes d’approvisionnement. L’idée ici, c’est de réfléchir à la possibilité de rapprocher production et consommation ainsi que matières premières et chaînes de fabrication.

Autre exemple : l’industrie du luxe (haute couture, cuir). On a choisi ce thème parce que c’est une industrie qui valorise le made in France, le made in Paris. Ces entreprises ont depuis longtemps développé des chaînes d’approvisionnement françaises ou européennes et des savoir-faire implantés dans des ateliers à Paris. L’intérêt est de savoir dans quelles mesures, à partir de cet exemple, on peut développer des stratégies similaires sur d’autres filières. Surtout à l’heure où de grandes firmes françaises, comme Décathlon par exemple, cherchent à relocaliser une partie de leur production en France.

De son côté, la recherche sur les relais-colis d’Avignon permettra de proposer à cette ville une optimisation de l’implantation des entrepôts de logistique urbaine.

 

Sur d’autres sujets, le PUCA est amené à accompagner des collectivités dans des démarches innovantes, par exemple dans le cadre du programme Action Cœur de ville destiné à dynamiser les villes moyennes. C’est le cas du projet « Territoires pilotes de sobriété foncière ». Quel est-il ?

L’idée est là d’aider les villes moyennes à rentrer dans la logique du « zéro artificialisation nette » inclus dans la loi Climat et Résilience. En effet, dans ces villes, le ZAN n’est pas possible sans modifier les modèles économiques des projets et sans les aider. Contrairement aux grandes villes, le marché immobilier n’est souvent pas assez dynamique pour que le recyclage de bâtiments existants puisse trouver une rentabilité. Dans beaucoup cas, le modèle du développement urbain, c’est le modèle de l’étalement des entrées de ville, des lotissements, des équipements autour de la ville historique… Il n’y a pas d’opérateurs et de modèles de projets pour faire de la requalification de bâtiments, construire la ville sur la ville. La logique de Territoires pilotes de sobriété foncière c’est donc de se dire : Comment on aide une ville moyenne à rentrer dans cette dynamique de recyclage urbain ? A quelles conditions ? De quoi a-t-elle besoin, en termes techniques, en ingénierie, en termes financiers, pour définir et rentabiliser ses opérations. Pendant cinq ans, on accompagne ces villes dans cette logique de réaliser leurs projets de développement sans artificialiser. Cela nous permet également d’identifier les leviers et les verrous du ZAN. Parmi les territoires déjà engagés : Draguignan, Dreux, Epernay, Louviers, Maubeuge, Poitiers, Sète…

Lyon, "métropole fabricante"

Projet USIN, Ruche industrielle, coopération avec Saint-Etienne, fonds d’amorçage industriel à impact social et environnemental, valorisation des métiers productifs… Ayant succédé à l’équipe de Gérard Colomb à la tête de la Métropole de Lyon, les écologistes confortent la volonté de maintenir et de développer l’industrie en ville. En y apportant une touche clairement verte.

 

Interview d’Emeline Baume, vice-présidente de la Métropole de Lyon.

Emeline Baume, vice-présidente de la Métropole de Lyon. ©vwalakte

Dans sa politique publique pour les activités productives, la Métropole de Lyon met notamment en avant la coopération avec d’autres villes plutôt que la concurrence. Pourquoi ?

Il y a au moins deux raisons quand on évacue le parti pris intellectuel. La première, c’est le Zéro artificialisation nette imposé par la loi Climat et résilience. Il limite les fonciers disponibles et on doit donc penser collectivement les objectifs qui font la ville. C’est-à-dire où est-ce qu’on met le commerce ? Où est-ce qu’on met les services publics de santé également, qui sont souvent aussi sur des territoires périphériques ? Où est-ce qu’on met les activités de logistique ?… On va les installer sur des fonciers déjà imperméabilisés, déjà urbanisés, pour préserver les fonciers agricoles et naturels. Comme la surface est forcément limitée pour chacun, on va devoir en parler. Nous, on va donc plutôt en parler avec Saint-Etienne, Tarare, Vienne, Bourgoin, la plaine de l’Ain… Ca paraît plein de bon sens.

La deuxième raison, c’est la question du recrutement. Chaque territoire a des difficultés parce que les entreprises n’arrivent plus à recruter. En se mettant ensemble pour faire de la médiation (en parlant plus et mieux aux enseignants, formateurs, familles, jeunes, personnes en situation d’insertion), pour faire pivoter les offres de formation, pour parler aux entreprises, notamment les TPE, PME, PMI, recruter sera plus facile.

 

Tout en estimant la réindustrialisation de votre métropole indissociable de la transition écologique, vous avez multiplié les dispositifs d’accompagnement des entreprises industrielles pour qu’elles s’installent, se maintiennent, se transforment… Parmi eux, un « fonds d’amorçage industriel à impact social et environnemental ». Comment fonctionne-t-il ?

Ce fonds d’amorçage s’adresse à de jeunes entreprises industrielles qui sont porteuses de solutions, donc avec des process vertueux pour produire de façon ultra vertueuse. Nous le portons avec Saint-Etienne Métropole, en collaboration avec la Banque des Territoires, et mobilisons pour cela de l’argent public (17 millions à ce jour pour la Métropole de Lyon, 5 millions pour Saint-Etienne Metropole). Il est mis dans un pot commun avec également les apports de souscripteurs, en l’occurence des industriels et des banques, par exemple la Caisse d’Epargne, la Caisse des Dépôts, Groupama… L’argent est géré par une société de gestion, Demeter. Celle-ci source de jeunes entreprises innovantes au sens large du terme. C’est-à-dire pas seulement l’innovation technique, l’innovation pouvant également être organisationnelle, sociale… Ces entreprises sont choisies au moment assez compliqué qui suit le prototypage du concept ou de l’objet, après la phase de recherche et développement mais avant l’industrialisation. Elles ont alors besoin de lancer des petites séries, de rentrer dans un marché, et donc de fonds. Pour être sélectionnées, elles passent à travers un panier de mesures d’impacts (social, carbone, emploi opération…). Ensuite, différentes instances décident ou non de co-investir. L’idée est de soutenir une vingtaine d’entreprises d’ici la fin du mandat, environ 5 pas an, sur des tickets allant de 500 000 à 1 ou 2 millions et sur une durée très longue, 10 à 12 ans. Les deux premières entreprises vont être annoncées prochainement.

 

Installé sur une friche à Vénissieux, le projet USIN illustre également la volonté de la Métropole de Lyon de maintenir l’industrie en ville. A quelles entreprises s’adresse-t-il ?

Le projet USIN se développe sur une ancienne friche industrielle de Bosch qui a fait l’objet, au précédent mandat et à juste titre, d’un redéploiement. Bosch a vendu à un acteur public, le groupe Serl, ce qui permet d’avoir une zone d’activité productive. On conforte le projet, par exemple en rachetant des mètres carrés vacants, en finançant des programmes pour des PME et PMI. Ce qui a changé depuis notre arrivée, c’est qu’il n’y a pas que du productif de haute technologie. On a également du low-tech. L’idée, c’est d’établir une zone d’activités desservie en transports en commun, métro et tram, et qui soit complétement adaptée à ce type de productif d’avenir allant du high-tech au low-tech. Avec donc autant Symbio qui est hyper technologique sur la pile à hydrogène que les Alchimistes qui recyclent des biodéchets.

On va aussi avoir un pôle entrepreneurial. Il y en a déjà trois sur le territoire, situés à l’ouest. On va en créer deux de plus, à l’est, dont celui d’USIN. Ce sont des lieux où l’on accompagne de jeunes entrepreneurs qui créent leur entreprise, pour les aider à passer le cap des trois ans, notamment avec des loyers progressifs.

 

Au sein du projet USIN prend en plus place La Ruche Industrielle, association unissant institution, grandes écoles et industriels afin de permettre à ces derniers de s’épauler…

Oui. Le parti pris de l’association La Ruche industrielle, qui existait déjà au cours du précédent mandat et que la Métropole de Lyon finance tout en étant adhérente, est de faire travailler des acteurs du productif ensemble. Ils travaillent entre industriels sur des sujets d’industriels, dans ce qu’ils appellent des cercles. Ils le font aujourd’hui avec deux écoles, l’INSA et l’ECAM. Au départ, la Ruche industrielle était très technologique et il n’y avait que des gros industriels. On l’a confortée, tout comme USIN. Le sujet de la sobriété et de l’efficacité énergétique ainsi que la question des matériaux par exemple donnent lieu à un cercle d’étude sur l’économie circulaire. Pas l’économie circulaire en mode zéro gaspillage, mais pour créer des process productifs, pour faire de l’éco-conception et de la remanufacture, donc de la remise à niveau, du reconditionnement +++ des équipements, etc.

Il y a un deuxième sujet qui a été ouvert sur l’appétance des métiers, les industriels ayant énormément de mal à trouver des bac bac+2 en maintenance. Il s’agit de voir comment on appréhende ces métiers, comment on les qualifie, comment on quantifie le besoin, comment on fait évoluer les fiches de poste, comment on source mieux…

 

Dans votre dynamique pour la transition, comment imaginez-vous l’avenir d’un site comme celui de la Vallée de la Chimie, où l’on trouve aujourd’hui bon nombre d’industries lourdes fortement émettrices de gaz à effet de serre ?

Nous, on est pour le maitien et le développement des activités productives sur notre territoire et, en général en région Rhône-Alpes, en France et en Europe, parce qu’on est collectivement convaincus qu’il vaut mieux avoir des activités productives qu’on suit, qu’on évalue, qu’on surveille avec de la réglementation sociale et environnementale, plutôt que des activités productives qui sont dans des régions, pays et continents qui font du dumping social et environnemental. On n’a donc aucune raison de dire que la Vallée de la chimie nous pose un problème. On a en revanche la responsabilité d’accompagner les industriels dans la limite de ce que l’on peut faire, la police de l’environnement restant le domaine de l’Etat. Donc, on les accompagne pour garantir un abaissement des impacts. Qualité de l’air, de l’eau, des sols, mutualisation des moyens de traitement… On passe beaucoup de temps à travailler avec les industriels de la Vallée de la chimie pour qu’ils soient exemplaires sur notre territoire. On est dans l’accompagnement +++ plutôt que dans l’indignation et l’interpellation. Même si on peut faire face à des situations compliquées.

 

L’industrie a donc souvent du mal à recruter. Avec Saint-Etienne Métropole, vous avez également initié une « Fondation de la reconnexion industrielle » afin de renforcer l’attractivité des métiers de l’industrie. Est-ce le volet « emploi » d’une métropole productive, avec comme enjeu de permettre à chacun de vivre près de son travail ?

Il y a un peu de ça. Moi je veux permettre à chacun de travailler en proximité et dans une organisation qui apporte quelque chose au territoire. Pour que des jeunes, des hommes et des femmes en reconversion professionnelle ou des personnes en parcours d’insertion, aient envie d’aller vers des métiers productifs, il faut que ces métiers soient moins polluants, moins gaspillants et plus positivement impactants pour le territoire. C’est pour ça qu’on accompagne autant les industriels.

Pour la Fondation ILYSE (comme Industrie Lyon Saint-Etienne), le but est de repositionner dans l’inconscient collectif la vision que l’on a des activités productives.

Avec des appels à projets permanents, cette fondation finance des actions portées par des associations. Les premières s’adressent aux 11 – 16 ans. Ce sont des projets sur deux ans, établis entre des entreprises, en général de PMI, et des collèges, pour que collégiens et collégiennes découvrent et expérimentent les savoir-faire et les métiers du secteur productif. Et puissent les aimer.

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