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L’autoconsommation énergétique

5 minutes de lecture
Être acteur de sa production d’électricité est une promesse qui séduit de plus en plus de Français. Mais, qu’est-ce réellement que l’autoconsommation énergétique ?
L’autoconsommation énergétique se définit par le fait de consommer sa propre production d’électricité grâce à des installations d’énergies renouvelables (photovoltaïques, éoliennes, géothermiques ou à biomasse). Le propriétaire des installations peut alors choisir de les raccorder au réseau national ou non. S’il les raccorde (ce qui a un coût), il peut vendre la totalité de sa production ou uniquement son surplus, au prix fixé par la loi, et la réinjecter sur le réseau national. On parle d’autoconsommation partielle. Le modèle de vente du surplus est le plus fréquent en France et concerne environ 70% des installations. Dans le cas de non-raccordement on parle d’autoconsommation totale. Celle-ci peut être assez contraignante puisque la production d’énergie renouvelable est intermittente et relativement irrégulière, en particulier quand elle dépend de facteurs météorologiques changeants. En effet, en l’absence de stockage et de raccordement, la production d’énergie d’origine renouvelable doit être consommée immédiatement pour ne pas être perdue, ce qui nécessite a minima une adaptation des habitudes de consommation énergétiques. Elle est donc souvent choisie pour des sites isolés (permet d’éviter un prolongement des réseaux coûteux), ou dans des sites où la production coïncide parfaitement avec les besoins de consommation. Il est intéressant de savoir qu’en cas d’excédent de production, il est obligatoire de configurer une injection du surplus à titre gracieux sur le réseau public ou de garantir par un dispositif technique que la production est inférieure à la consommation, ce qui justifie l’absence d’injection au réseau.

Quels sont les pour et les contre de l’autoconsommation aujourd’hui ?

Les facteurs encourageant l’autoconsommation se développent Depuis une dizaine d’années, plusieurs facteurs idéologiques, économiques, et législatifs contribuent au développement de l’autoconsommation, majoritairement individuelle (unique producteur et consommateur) mais qui tend à devenir collective (plusieurs producteurs et consommateurs groupés dans un même périmètre géographique). En 2019, une étude parue dans Le Parisien affirmait que 63 % des Français se disaient intéressés par la production et l’autoconsommation de leur énergie, sûrement attirés par la prise de conscience écologique et l’essor du local. L’essor de l’autoconsommation tient également à deux tendances qui font progressivement pencher l’équation économique en sa faveur. D’un côté, la chute ininterrompue des coûts de production des installations énergétiques, notamment ceux de la filière photovoltaïque, qui constitue la solution privilégiée des Français, contribue à rendre attrayante l’autoconsommation. En moins de 5 ans, le prix d’un panneau photovoltaïque a diminué de plus de moitié. De l’autre côté, l’augmentation progressive du prix de l’électricité incite aussi à l’autoconsommation, qui promet un coût de revient du kWh moins cher et plus stable. Enfin, divers dispositifs des pouvoirs publics encouragent l’autoconsommation et l’autoproduction (le fait de produire mais pas forcément de consommer sa production). La Loi de 2017 permet notamment aux autoconsommateurs de directement consommer l’énergie d’origine renouvelable qu’ils produisent, plutôt que de la vendre à EDF ou à un autre opérateur, pour la racheter par la suite. Dans le même temps, la Loi a fixé des tarifs d’achat du photovoltaïque, bloqués sur une période de 20 ans, particulièrement rassurants et avantageux pour les autoproducteurs. La loi prévoit également des avantages fiscaux aux installations (primes, exonérations de TVA, etc.). Certains freins à l’autoconsommation demeurent. Malgré tous ces facteurs encourageants, certains freins majoritairement économiques et techniques persistent. Tout d’abord, l’équilibre économique du modèle reste fragile. En France, le prix encore assez bas de l’électricité ne rend pas toujours l’investissement individuel d’autoconsommation rentable, d’autant plus que les coûts d’investissement restent assez élevés malgré leur diminution continue. En effet, en moyenne, le coût d’une installation photovoltaïque de 30m² de panneaux solaires environ se situe autour de 8 000 €. Quant aux batteries d’énergie photovoltaïque, qui permettent de stocker le surplus d’électricité produit afin de la restituer au moment opportun, leur coût reste trop élevé pour être envisagées systématiquement par les autoconsommateurs, à moins d’adopter une grande sobriété dans la consommation énergétique et donc de réduire son besoin de stockage. Aujourd’hui certains choisissent de réutiliser leur batterie de voiture pour lui offrir une seconde vie. Mais en utilisant une batterie non adaptée au stockage, celle-ci s’abime vite ; il devient alors plus rentable d’investir dans une batterie adaptée pour une meilleure longévité. Enfin, les dispositifs d’aides sont souvent mal connus des Français ou nécessitent des démarches administratives complexes. Les primes et aides à l’autoconsommation ne sont pas toujours bien orientées et se concentrent souvent uniquement sur des installations de faible puissance.

Quelles perspectives d’avenir pour l’autoconsommation ?

Beaucoup d’acteurs se positionnent Face à la croissance de ce marché, nombre d’acteurs se positionnent au niveau de la conception, la production, le dimensionnement, l’installation, l’exploitation et/ou la maintenance des solutions d’autoconsommation. Les grands énergéticiens (ENGIE, EDF, Total) développent des offres d’équipement d’autoconsommation en énergie solaire et les intègrent dans leurs nouveaux marchés au même titre que la mobilité électrique ou l’Internet of Things. Les développeurs et exploitants d’énergie renouvelable, les équipementiers (Comwatt, Solarwatt…) sont également entrés sur le marché en y voyant l’opportunité d’élargir leur offre et leurs cibles. Pour les spécialistes de la fourniture d’électricité et ou de gaz verts (ekWateur, Enercoop, Ilek…), l’autoconsommation permet de diversifier leur offre et de renforcer leur positionnement. Enfin des pure players proposant des systèmes intelligents permettant d’optimiser la consommation d’électricité des appareils domestiques tels que Monabee ou MyLight Systems, misent également sur la croissance du marché pour perfectionner leurs offres. L’autoconsommation collective, un terrain d’opportunités La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), feuille de route énergétique de la France, fixe à 200 000 le nombre d’opérations d’autoconsommation à l’horizon 2023, dont 50 en autoconsommation collective. Aujourd’hui en France, il n’existe qu’une vingtaine d’expérimentations d’autoconsommation collective. Pourtant de nombreux acteurs pourraient avoir intérêt à installer un système d’autoconsommation collective. La stratégie la plus intéressante est celle qui réunit des acteurs aux usages énergétiques différents et/ou prévisibles afin d’optimiser la consommation énergétique. Certaines écoles pourraient par exemple se grouper avec les bâtiments adjacents, des promoteurs pourraient intégrer en amont l’autoconsommation collective dans leur projet d’aménagement (en essayant d’inclure des bâtiments aux usages différents), etc. L’autoconsommation collective a été définie dans les textes en 2016, et redéfinie en 2019 dans la Loi Pacte ; l’enjeu est de démocratiser les structures juridiques, contractuelles et économiques adaptées aux projets d’autoconsommation collective afin de rendre ce modèle plus courant. Mais pour le moment, la complexité du montage juridique et financier qu’implique l’installation, fragilise sa rentabilité. A l’échelle d’un quartier, l’autoconsommation collective est souvent citée comme l’avenir de la gouvernance énergétique ou la possibilité d’atteindre une autonomie énergétique. L’autoconsommation collective apparaît comme un moyen d’accroître la résilience d’un territoire local, via une production locale et sécurisée, indépendante des réseaux nationaux. Néanmoins, certains facteurs viennent nuancer ces propos ; on peut citer l’insuffisance de la production lors des pics de demande énergétique, et donc le recours forcé au réseau national qui pourrait augmenter ses tarifs du fait de la perte progressive d’utilisateurs, ou encore le coût environnemental de la production des installations.

Quelques exemples d’autoconsommation

L’autoconsommation individuelle Autoconsommation partielle : Installé à Tou­louse dans une grande maison, un particulier a souhaité réduire sa facture annuelle d’électricité. La société Arema a ins­tallé sur son toit 15 panneaux solaires (4,5 kW). Le cumulus a été remplacé par un chauffe-eau thermodyna­mique et le compteur par un Linky. Les appareils les plus énergivores (chauffe-eau et deux pompes à chaleur) ont été connectés au système de gestion des consom­mations de la marque Mylight Systems. L’installation totale a couté 23 000€, mais le crédit d’impôt sur le chauffe-eau thermodynamique ont réduit l’investisse­ment à 19 000€. La prime à l’autoconsommation et la revente d’électricité réduisent également l’investissement. Ce particulier estime l’ins­tallation rentabilisée dans 10 ans et constate déjà une réduction de moitié de sa facture annuelle. Autoconsommation totale : Depuis 2015, un couple vivant dans une maison dans l’Aude a installé 4 panneaux solaires sur le versant Sud de leur toiture. Suite à leur installation, ils ont changé leurs habitudes de consommation : le lave-linge et lave-vaisselle sont branchés sur des prises programmables pour faire coïncider leur mise en marche avec les heures de production fortes. Le cumulus fonctionne de 12h à 14h (grâce à une pendule installée sur le tableau électrique). Pour l’aspirateur, le repassage, ils veillent à ce qu’il y ait du soleil et qu’aucune machine ne soit en marche en même temps. Plus globalement, l’installation leur a permis une prise de conscience d’usages d’électricité superflus, et une réduction de leur consommation. L’autoconsommation collective A Sophia Antipolis 4 bâtiments de bureaux ont installé 2 500 m² de panneaux sur leurs toits et l’ombrière du parking. Le promoteur a choisi d’intégrer du stockage sur batterie car le complexe produit plus que ce qu’il ne consomme. Ainsi, les bâtiments sont autonomes sur 5 usages clés : chauffage, climatisation, eau chaude sanitaire, éclairage et ventilation. A l’échelle d’un quartier cette fois ci, la Société d’aménagement de la métropole Ouest Atlantique envisage un projet d’autoconsommation collective dans un quartier de Nantes. Ce projet prévoit l’installation d’environ 10 000 m² de panneaux solaires sur les toits du quartier République entre 2023 et 2028. L’électricité verte produite couvrira une partie de la consommation des parties communes des immeubles et des locaux en RDC. L’électricité sera acheminée par le réseau public de distribution et sans revente puisque la densité et mixité du quartier pourra garantir la consommation totale de la production.

En résumé

L’autoconsommation énergétique est un modèle en développement mais qui nécessite encore des ajustements techniques et juridiques pour le rendre définitivement attractif et rentable pour les particuliers et des groupements d’individus d’une même zone géographique. L’autoconsommation permet de mieux maîtriser sa production et consommation d’électricité. Elle contribue également à l’essor des énergies renouvelables et permet de réduire les besoins de renforcement du réseau électrique national. Si l’autoconsommation photovoltaïque, solution très majoritaire, paraît très appropriée pour les bâtiments tertiaires dont la consommation est souvent en phase avec les heures d’ensoleillement, l’essor du télétravail pourrait bien générer de nouvelles installations chez les particuliers. En effet, la présence quotidienne d’un télétravailleur à son logement pourrait, à l’avenir, davantage justifier l’autoconsommation à l’échelle d’un logement.