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Comment co-construire l’habitat de demain ?

6 minutes de lecture
Le secteur de la construction a beaucoup changé ces dernières années. En cause, les évolutions réglementaires ainsi que les enjeux énergétiques et climatiques, mais pas seulement. Pour construire bien et utile, bâtir en accord avec le contexte local et les besoins des futurs usagers, créer une connexion entre le futur bâtiment et son environnement proche semble de plus en plus indispensable. Un constat en faveur de la co-construction !
Co-construire
Arrêter de penser un bâtiment comme un objet hors sol que l’on va poser quelque part. Et prendre en compte toutes les composantes extérieures à cet objet, pour le connecter avec son environnement. Telle est la finalité de la co-construction d’aujourd’hui, également appelée co-conception. Pourquoi uniquement celle « d’aujourd’hui » ? Tout simplement car, au vu de son développement, il y a fort à parier que le principe de co-construction n’en soit qu’à ses débuts ! Mais aussi parce que de par ses nombreux bénéfices, tous les acteurs de la construction – qu’ils y fassent déjà appel ou non – vont à l’avenir amplifier ce mouvement. Mieux, contribuer à son évolution et son perfectionnement.  

La co-conception : une solution pour répondre à des problématiques locales

« Nature en ville, services et commerces de proximité, mobilité… L’habitat de demain doit répondre à de multiples enjeux, explique Julien Schmid, directeur Marketing stratégique chez Bouygues Construction. Dès lors, pour comprendre ce que doit faire et proposer un futur projet, rien de mieux que de le co-construire avec les personnes qui vivent le territoire au quotidien. C’est concrètement le meilleur moyen pour les promoteurs comme pour les architectes d’acquérir la connaissance locale qui leur permettra d’atteindre les objectifs de chaque projet urbain, et de répondre de manière pertinente aux besoins et attentes des futurs usagers. » Toutefois, « avec la co-conception, il ne s’agit pas de demander aux personnes ce qu’ils souhaiteraient, mais d’utiliser des méthodes qui permettent de travailler avec eux pour relever les enjeux auxquels doit répondre chaque projet de construction. » Raison pour laquelle, Linkcity, filiale de développement immobilier de Bouygues Construction, a créé CityPlay en 2020. Une nouvelle approche du développement urbain qui, grâce à un large éventail d’outils et de solutions innovantes alternant jeu et réflexion, digital et présentiel, permet de créer les conditions d’une véritable démarche de co-construction.  

CityPlay : une méthode pour rendre les habitants acteurs de la transformation urbaine

L’objectif de CityPlay : replacer les acteurs du territoire – habitants, commerçants et usagers -, au centre des projets de construction, au centre de leur quartier. OK, mais en pratique comment ça marche ? À l’image d’une boîte à outils, CityPlay propose treize solutions différentes pour engager et faire participer les citoyens à chaque étape d’un projet de construction. « En amont, ils peuvent par exemple participer à la conception du projet via un serious game, précise Julien Schmid. Ce dernier leur donne la possibilité de se projeter et de se mettre dans la peau d’un futur habitant. » Autre solution développée par CityPlay : des ateliers, idéaux pour la prospective territoriale locale. « En phase de construction, l’idée est de faire participer les citoyens à l’impulsion du projet grâce à des actions d’urbanisme transitoire, à l’intégration de projets d’entrepreneuriat ou à des dispositifs d’inclusion sociale. Enfin, à la livraison du projet de construction, CityPlay propose des solutions permettant aux habitants de s’impliquer dans la vie de leur quartier et de ses bâtiments. La création d’associations de quartier est certainement la plus connue des solutions, mais il y en a d’autres comme la mise en place d’une nouvelle forme de gouvernance au travers de sociétés coopératives d’intérêt coopératif. Ces dernières permettent d’associer tous les commerces implantés dans un quartier, les copropriétés ainsi que les différentes parties prenantes dans la gestion du dit quartier. »  

Impliquer les riverains pour améliorer l’acceptabilité d’un projet de construction

Quel que soit le moment où interviennent les échanges constructifs avec les citoyens, ils permettent de recueillir des éléments qui guideront la conception, et de valider ou invalider les premières orientations prises dans le cadre d’un projet. Si pour les acteurs de la construction, cela représente un gage de pertinence en matière de choix et d’usages, c’est également un atout considérable en matière d’acceptabilité du projet par les personnes impliquées localement (riverains, commerçants…). Pour rappel, en France le taux d’acceptabilité quant à l’acte de construire n’est pas vraiment au beau fixe ! En témoigne les nombreux recours contre les permis de construire, le rejet des nouveaux projets… Pour autant, le sujet ne date pas d’hier. Outre Atlantique, on parle depuis les années 70 d’un syndrome baptisé « Not In My Back Yard (NIMBY). Traduction : pas près de chez moi. Un syndrome faisant référence à une attitude fréquente – celle d’approuver un projet pourvu qu’il se fasse ailleurs, ou refuser tout projet dès lors qu’il prendrait place à proximité de son propre lieu de résidence. Disons-le, il s’agit-là d’une pure protection de son cadre de vie, de ses « acquis ». Inutile pour autant de jeter la pierre à ceux ayant cette attitude, car in fine, qui n’a jamais craint le changement de son environnement proche ? La perception des choses possède un impact d’autant plus grand lorsque cela touche à la sphère personnelle. Le manque d’information et la sensation de ne pas être dans la boucle des « acteurs » d’un projet n’arrangent pas les choses. « D’où l’importance d’associer les riverains au développement d’un nouveau projet, de co-construire avec eux l’avenir de leur quartier », comme le précise Julien Schmid. C’est de cette façon que nous parviendrons à répondre pleinement à leurs attentes, à favoriser l’acceptabilité de l’évolution urbaine et à améliorer le temps de développement des projets. »  

Co-construction : quel impact sur les acteurs de la construction ?

La co-construction modifie essentiellement le travail des promoteurs puisqu’elle influe sur la programmation – c’est-à-dire les usages d’un certain nombre d’espaces dans le projet. Les recherches d’investisseurs, de preneurs, de partenaires qui n’étaient pas forcément prévus au départ… « En tant que promoteur, lorsque l’on prend le parti-pris de la co-conception, il faut accepter que certaines orientations en termes d’usage puissent changer en cours de retour. En ce sens, il faut être très réactif pour permettre au projet d’évoluer. Mais cela demande également de la souplesse, pour accepter d’éventuellement modifier la programmation, de rechercher un nouvel équilibre budgétaire à la satisfaction de tous, de renégocier certains points avec nos partenaires, de redessiner des parties du projet… Cette part d’évolution et d’incertitude nécessite une relation de confiance entre toutes les parties prenantes, la collectivité, le vendeur du terrain, l’architecte, nos partenaires, les preneurs, etc. Cela fait donc aussi partie de notre rôle que de veiller à ce que l’équipe réunissant tout ce monde soit forte, soudée et résiliente ! »  

L’urbanisme transitoire : l’autre méthode de co-construction

L’urbanisme transitoire permet de préfigurer les futurs usages du quartier dans lequel va s’implanter un nouveau bâtiment ou un projet de rénovation. Son principe ? « Il s’agit d’implanter, avant même que le chantier ait démarré, un certain nombre d’activités (commerces de proximité ou commerces innovants, projets d’entrepreneuriat en devenir…) sur le terrain de la future construction, explique Julien Schmid. Nous intégrons généralement ces activités dans les bâtiments qui, durant le chantier, peuvent être conservés même temporairement. » Une amorce de vie de quartier qui permet de tester ce qui pourra par la suite être implanté de façon définitive, une fois le projet terminé.  

Avec l’urbanisme transitoire, c’est la vie de quartier qui attend ses futurs habitants, pas l’inverse !

Pari réussi à la Maillerie, à Villeneuve-d’Ascq

La Maillerie est un projet de quartier situé sur l’ancien site industriel des 3 Suisses, au cœur de la métropole lilloise. Pour redonner une âme à ce quartier de dix hectares en reconversion, Linkcity (en collaboration avec Nhood et l’agence Nicolas Michelin & Associés) a imaginé un lieu proposant une nouvelle manière d’habiter. Un lieu de vie où toutes les conditions du bien-être et du bien-vivre ensemble sont réunies, créateur de lien social, et laissant une place aux initiatives culturelles, sociales et solidaires ainsi qu’aux actions en faveur de la biodiversité et de la mobilité douce. Sur place, Linkcity a permis au public de s’approprier le lieu dès le début du projet, via de nombreux évènements éphémères, des espaces physiques et numériques, ou encore un estaminet (petit café populaire typique du Nord de la France). Et ça marche ! Plus de 4 700 personnes sont venues dans le quartier pour participer à différents ateliers (zéro déchet, cours de yoga et biodanza, ateliers spécifiques pour les enfants…) au cours des 18 mois qui ont précédé la pose de la première pierre sur le chantier. Pour développer de nouveaux modes d’interaction entre les habitants et les acteurs locaux, Linkcity a également misé sur la co-construction avec les riverains. Des échanges qui ont permis aux futurs quartiers et à ses logements de répondre à la fois à des enjeux de mixité sociale et de développement durable.  

L’hôtel-Dieu à Rennes : un lieu déjà en vogue malgré les travaux !

Ancien hôpital en plein cœur de Rennes, l’Hôtel-Dieu bénéficie actuellement d’une requalification dans le cadre du projet urbain Rennes 2030. Dans l’optique d’y créer un nouveau pôle attracteur, les bâtiments existants non concernés par les travaux ont accueilli, avant même le démarrage du chantier, un espace éphémère de 1 200 m². Celui-ci associe une salle d’escalade, un bistro-microbrasserie, un café, un lieu d’expositions, de concerts et de spectacles, un espace détente et bien-être, un atelier et des bureaux partagés. Un bel exemple de l’expertise de Linkcity en matière de projet d’urbanisme transitoire ! Le futur Hôtel-Dieu, dont le renouveau était alors en phase de conception, s’est transformé en un lieu de vie et d’animation qui a l’avantage de préfigurer de ses futurs usages. « Le site vit dès le début du projet. Et l’usage des différentes activités, lieux et espaces mis à la disposition des citoyens, représente une part importante de la co-construction tant cela nous oriente dans la conception finale du projet. Ce principe d’urbanisme transitoire permet d’éviter l’émergence de quartiers sans âme, livrés avec les premiers habitants alors que tous les pieds d’immeubles sont murés » conclut Julien Schmid. Un principe vertueux qui nécessite toutefois, précisons-le, beaucoup d’énergie et de communication pour créer un projet d’animation qui attire, séduit et matche avec la cible et les riverains du quartier. En bref, une réelle connaissance locale !