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Construction durable : vers un retour de la paille ?

6 minutes de lecture
Du fait de son faible coût et de ses très bonnes capacités thermiques, la paille s’immisce de plus en plus dans le secteur de la construction. Un retour aux sources porté par la volonté de construire de manière plus écologique. Moins d’impact carbone, plus d’économie circulaire : ce matériau renouvelable au pouvoir isolant a tout pour plaire, même s’il nécessite pour le moment encadrement et vigilance à la mise en œuvre.
paille

La paille : un résidu agricole présent en grande quantité en France

Utiliser la paille comme matériau de construction, c’est faire le choix de donner une utilité à un produit qui existe déjà. Un déchet de l’activité agricole qui a toute légitimité pour isoler avec efficacité un bâtiment, sans impacter l’environnement, y compris son secteur d’origine. L’intégration de la paille dans le circuit de construction ne met absolument pas en péril la filière Céréales. Pour cause, la France produit 70 millions de tonnes de céréales (blé, riz, orge, épeautre…) chaque année. Dans le cas du blé par exemple, alors les grains sont récoltés, les tiges, elles, restent sur la touche d’un point de vue alimentaire !

Un déchet vertueux qui favorise l’économie circulaire dans la construction française

Une fois les grains récoltés, la paille n’est que très peu valorisée dans nos champs. Au vu de sa quantité et de son potentiel en matière d’isolation, particulier et professionnel y prêtent donc de nouveau attention. « La paille est un déchet vertueux à de nombreux égards, explique Thierry Jost, Référent Biosourcé chez Bouygues Bâtiment Ile-de-France – Ouvrages Publics-Brézillon. Au lieu de faire venir des matériaux de construction d’autres pays, voire continents, nous avons la possibilité de faire appel au réseau français de construction en paille. Même si, avec ce matériau biosourcé, nous sommes soumis à une saisonnalité, il est possible de profiter d’un vrai circuit court partout en France. » Autre atout : la paille est un matériau peu voire pas transformé, et très peu carboné. Mieux, durant toute sa phase de croissance, elle agit comme un puit à carbone. « C’est la raison pour laquelle, la paille est de plus en plus utilisée en remplissage pour créer l’isolation de certaines constructions. »

« Circuit court, bas carbone, performance thermique avec peu de transformation… La paille est un mode constructif ancien, mais finalement en devenir. Parfaitement en adéquation avec la stratégie climat de Bouygues Construction ! »

Avec la paille, moins de ponts thermiques et plus de confort pour les occupants

La paille a le pouvoir de lutter contre les ponts thermiques et d’offrir une continuité à l’isolation. Pour ce faire, elle est répartie sur l’ensemble d’une paroi et sur le nez de dalle (en mode mur rideaux). La paille – tout comme l’ensemble des matériaux biosourcés – possède également des caractéristiques très intéressantes en matière de transfert hygrothermique. Traduction ? Elle permet d’améliorer le confort ressenti des occupants, particulièrement le confort d’été, du fait d’un déphasage thermique plus important que ce que permettent les isolants traditionnels.

En chiffre

12h C’est le laps de temps entre le moment où une paroi avec paille est soumise à un rayonnement solaire direct, et le moment où elle la restitue à l’intérieur. « Dans les constructions dotées de paille sur ossature bois, on écrête beaucoup plus les pics de température que dans les constructions à faible inertie. La stabilité hygrothermique de la paille et sa stabilité de température, associées au respect de la qualité de l’air (pas de COV, de transformation, de polluant synthétique, de pont thermique et donc de risque de moisissures) en font un matériau gage de confort, de bien-être et de sécurité sanitaire pour les futurs occupants. »

BON À SAVOIR !

La paille : un matériau réglementé différemment

En l’absence de DTU, la filière paille – tout comme la filière chanvre – s’est professionnalisée en établissant ses propres règles professionnelles en 2012. Ces dernières sont approuvées par un organisme baptisé Agence Qualité Construction (AQC) et par la Commission Prévention Produit. La construction professionnelle de paille fait partie des Techniques Courantes (TC), admissible par les barèmes standards de la garantie décennale. Toutefois, les règles professionnelles actuelles, pour des raisons de sécurité incendie, limitent l’emploi de la paille à des bâtiments de faible hauteur (dont le plancher bas du dernier niveau est situé à moins de huit mètres du sol) : petit collectif, maison individuelle, Établissement Recevant du Public (ERP). En outre, pour garantir le parfait usage de la paille et sensibiliser les acteurs d’un projet aux particularités de la construction en paille, les règles professionnelles de la construction paille 2012 impose à l’architecte de chaque projet et à l’entreprise réalisant les travaux en paille de suivre une formation avant l’exécution du chantier.

L’enjeu pour le secteur de la construction : savoir proposer des conceptions globales bas carbone

La mixité des matériaux, notamment de ceux qui sont bas carbone, représente un enjeu fort pour l’avenir de la construction. Encore plus avec l’entrée en vigueur au 1er janvier 2022 de la RE2020. « Toute la difficulté avec la paille est de parvenir à en faire un mode constructif à la fois viable et sécurisé. Pour y parvenir, Bouygues Construction a mis en place un groupe de travail interne baptisé GT Biosourcé. Ce dernier réalise une veille technique. Il est à l’affut de ce qu’engagent les filières du biosourcé et de toutes les évolutions comme celles liées à la sécurité incendie. Son rôle est également d’environner techniquement et économiquement ce marché en introduisant, lorsque cela s’y prête et de manière réglementaire et sécurisée, des matériaux biosourcés » précise Thierry, membre de ce groupe de travail.

Une démarche que Bouygues Construction généralise à présent à tous les matériaux de construction. La raison ? « Comme pour la paille, il y a un regain d’intérêt pour la pierre porteuse, le bois et le chanvre. On sent qu’il se passe aussi quelque chose du côté de la filière terre crue, qu’on utilise par exemple dans le projet emblématique Arena Porte la Chapelle pour la Ville de Paris. Avoir une vision globale de la mixité de ces matériaux et de leur domaine d’emploi respectif permet de proposer une conception globale bas carbone. Et c’est tout l’enjeu de demain ! » conclut Thierry Jost.

C’est en cours chez Bouygues Construction… Un collège à la fois bas carbone et résistant en paille

La demande : réalisation du collège de Dadonville et de ses logements en paille.

Lieu : le Loiret – département producteur de céréales.

La solution de Bouygues Construction :

« Pour le collège, nous avons préconisé à l’étage des murs ossature bois en remplissage paille, et au rez-de-chaussée du béton avec du chanvre en isolation intérieure. Un mix qui permet de « minimiser » les risques de la construction en paille et qui répond à la règle du C+D (arrêté concernant le comportement de la transmission au feu des façades d’un étage à l’autre). Cette construction frugale au rez-de-chaussée est également adaptée au lieu. Les murs d’une école,­ particulièrement ceux à fort passage, sont très sollicités par les élèves. Le béton était donc parfaitement adapté pour répondre aux contraintes de maintenance et de durabilité du collège. À l’inverse, les logements vont être faits en 100% mur ossature bois à remplissage paille. » Jérôme Grave, Référent biosourcé chez Bouygues Bâtiment Centre Sud-Ouest.

Bénéfices de cette solution :

– Réduction de l’impact carbone du bâtiment et de ses logements.

– Stimulation de l’économie locale grâce à un approvisionnement en paille 100% local.

– Subvention européenne du fait de l’utilisation d’une quantité importante de matériaux biosourcés.

Maîtrise d’Ouvrage : Département du Loiret.

Architectes : Vincent Bourgoin Architecte, Blatter Dauphine Architecture, Atelier Poinville.

C’est livré par Bouygues Bâtiment Île-de-France… Le projet P15 Avia, une résidence universitaire bas carbone

Lieu : 15e arrondissement de Paris.

Le projet : réhabilitation de 4 400 m2 de bureaux afin de les transformer en une résidence étudiante de 146 chambres. Un projet innovant en matière d’isolation à haute performance thermique mais aussi de réversibilité. Le principe ? Transformer des locaux obsolètes afin de faire face à la pénurie des logements tout en réduisant l’impact carbone et en boostant l’usage de matériaux naturels et performants.

Choix constructifs :

– Façade avec panneaux préfabriqués en bois avec isolation biosourcée en paille provenant d’Île-de-France.

– Caissons en bois remplis de bottes de paille compressées : mode constructif précurseur et respectueux de l’environnement.

Maîtrise d’Ouvrage : Paris Habitat OPH.

Architectes : NZI Architectes.