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Le digital est-il la clé pour construire autrement ?

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Attirer des talents, lutter contre le changement climatique et améliorer la productivité sont les trois enjeux majeurs du secteur de la construction. Et cela ne date pas d’hier ! Si le BIM et quelques outils digitaux sont apparus, un temps, comme des solutions pertinentes, ils n’ont pour le moment pas permis de répondre de manière suffisamment forte à ces enjeux. Dès lors, quelles peuvent-être la place et la valeur ajoutée du digital dans l’avenir de la construction ?
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« Le digital est un moyen, explique Frédéric Gal, responsable du projet de modernisation des métiers et de la plateforme de management numérique des projets (PMNP) chez Bouygues Construction. Avec, on sait parfaitement ce qu’on va pouvoir faire : automatiser, aller plus vite, accélérer la manière de construire. Le BIM a été le premier pilier de cette nouvelle ère dans laquelle est en train d’entrer la construction. À nous maintenant d’identifier les bons outils pour accélérer son évolution et réussir à répondre aux enjeux de la construction. » Pour cause, écologiquement, tous les acteurs de la construction le savent, « il y a urgence à modifier notre manière de construire. De même, la productivité dans notre secteur a globalement peu évolué. Quant à son image, elle s’est dégradée – ce qui n’incite pas les jeunes actifs à se projeter dans nos métiers. »

La fin d’un modèle de construction ?

Fort heureusement, tout n’est pas à jeter dans la construction d’hier et d’aujourd’hui. Il est cependant évident selon Frederic Gal que le modèle, tel qu’on le connait, doit être révolutionné. L’enjeu ? Réussir à passer le cap de l’industrialisation pour améliorer la productivité et la rentabilité des constructions de demain tout en réduisant considérablement leur impact carbone. En pratique, « il ne faut plus penser un bâtiment comme une somme de lots avec des professionnels attitrés (maçon, plombier, électricien, peintre…), mais au contraire construire avec un découpage par module ou sous module (gaine technique, gaine palière, escalier, plancher, voile…). Des parties et sous parties qui seront tout corps d’état. » Et l’intérêt est double : « limiter le nombre d’interfaces et gagner en productivité. »  

Améliorer la productivité avec le digital, en facilitant le travail collaboratif

Pour profiter des réels bénéfices du digital dans la construction, il devient plus que nécessaire d’identifier les bons outils digitaux. Ceux qui permettent d’aller vers un modèle de construction plus résilient et pérenne, plus rapide et économe. C’est dans cette optique que Bouygues Construction est entrée en partenariat avec Dassault Systèmes – leader mondial des logiciels pour l’industrie. « Nous nous sommes interrogés sur la pertinence d’utiliser leurs outils dans le secteur de la construction, se rappelle le responsable du projet de modernisation des métiers et de la plateforme de management numérique des projets chez Bouygues Construction. Nous avons évalué leurs impacts, leurs bénéfices, mais aussi leurs difficultés de mise en application. Grâce à cela, certains outils sont apparus comme réellement adaptés au virage que doit réussir à prendre le secteur de la construction pour faire face à ses enjeux. Le premier outil est CATIA, un logiciel de dessin paramétrable dans lequel on peut faire du design génératif pour jouer des milliers de scénarios… Pratique, il suffit d’expliquer à l’outil comment dessiner pour qu’il dessine ensuite à notre place. Nous utilisons également la 3D expérience plateforme, outil collaboratif qui permet de partager des maquettes 3D, d’assigner une tâche à quelqu’un, de suivre le planning du projet. Bref tous les intervenants du projet peuvent travailler dessus, y faire des remarques visibles par tous, créer des flux de validation…Un travail collaboratif qui représente un vrai gain de temps et améliore là encore la productivité. » Ainsi, fini les réunions de chantier avec post-it et tableau ! Grâce au digital, toutes les personnes concernées par un projet peuvent dorénavant interagir simultanément, à distance, et à n’importe quel moment sur la maquette 3D d’un projet ou plus simplement sur un tableau lean. Ce, en donnant les bonnes informations utiles aux uns et aux autres pour qu’ils puissent avancer à leur échelle.  

Décarboner la construction tout en améliorant sa rentabilité

En permettant de rentrer dans un niveau de détail très fin (à l’échelle de la vis), le digital à l’autre avantage de favoriser une meilleure estimation des achats nécessaires à un projet de construction. Et par conséquent de minimiser au maximum les futurs déchets de chantier ainsi que le gaspillage de matière première. L’une des clés pour réduire l’impact carbone de la construction, tout en étant un atout en termes de rentabilité. Logique, le digital permet de commander n’importe quel élément constructif à la bonne dimension en favorisant le prédécoupage en usine. Et le résultat est là encore très positif pour l’environnement : moins de déchets et une réelle optimisation de l’usage des matériaux. « Avec la finesse d’information que nous permettent d’avoir certains outils digitaux, les calculs automatiques et l’envoi instantané d’informations, une seule planche découpée intelligemment en usine peut suffire. Là où il y a peu, il en fallait encore deux avec une partie qui finissait automatiquement en déchet. Bien sûr il y a le recyclage, mais pour atteindre nos objectifs environnementaux, rien de mieux que d’utiliser uniquement ce dont on a réellement besoin ! »  

« Avec les outils digitaux d’aujourd’hui, tout est prévu : le nombre de vis, leurs performances, les dimensions de chaque planche… Tout est listé ! Il suffit de tout mesurer à l’avance, de passer commande et d’assembler les différents éléments à réception. C’est clairement un gage de gain de temps, mais aussi d’économie et d’écologie ! »

Frédéric Gal, responsable du projet de modernisation des métiers et de la plateforme de management numérique des projets (PMNP) chez Bouygues Construction

 

Booster la sécurité des hommes sur chantier grâce à un niveau de précision très fin

Qui dit précision dit moins d’improvisation. Et tant mieux ! « Le digital permet de construire avant de construire, souligne Frédéric Gal de Bouygues Construction. Tout est prévu à l’avance et forcément cela minimise les risques pour les équipes terrain. Les compagnons ont de moins en moins besoin d’utiliser sur chantier du matériel électroportatif pour faire des découpes ou percer. Ce qui représentait jusqu’alors une source d’accident. Tout est préparé et anticipé en amont. Cela permet d’éliminer à la fois le temps perdu des équipes, et l’utilisation de matière première finalement inutile. Les équipes se concentrent sur l’essentiel, optimisent leurs performances et mettent à la disposition des chantiers leur vraie valeur ajoutée de professionnel, tout en réduisant leurs risques d’accident. »  

Digital et rénovation énergétique : le duo gagnant des constructions de demain ?

Horizon Europe (anciennement Horizon 2020) est une organisation développée par l’Europe pour structurer des appels à projets de R&D. Son objectif : préparer l’avenir ! Chaque année, plusieurs milliards d’euros sont ainsi investis par l’Europe dans des projets de R&D. Et ce, dans différents domaines : agriculture, industrie, biotech, médical, BTP… De quoi identifier efficacement les secteurs et les technologies sur lesquels l’Europe a besoin d’investir en R&D ! Sans surprises, nombre d’entre eux concernent la rénovation énergétique. Et « Bouygues Construction participe à plusieurs de ces projets qui, une fois sorties des laboratoires, ont besoin d‘être testés dans un environnement réel, explique Christian de Nacquard, directeur R&D Performance Energétique de Bouygues Bâtiment International. Cette phase de test est indispensable pour identifier les contraintes d’adaptation de chaque innovation à un bâtiment ! Bien sûr, il nous arrive aussi de développer de nouvelles solutions, et ces dernières reposent plus que jamais sur le digital et la rénovation énergétique. » En témoignent trois projets signés Bouygues Construction qui concourent actuellement à digitaliser la rénovation énergétique.

Rinno

Projet Horizon 2020 gagné il y a deux ans. Le concept ? Une plateforme digitale qui permet d’agréger l’ensemble des phases d’un projet (de l’étude amont, jusqu’à l’utilisation du bâtiment en exploitation après rénovation). Son objectif : permettre à l’ensemble des parties prenantes d’agir et de communiquer sur une seule et même plateforme. « Dans le cadre de ce projet sur lequel interviennent d’autres partenaires européens, nous avons développé un module logistique baptisé E-logistic ainsi qu’un module de pilotage de chantier nommé E-cockpit, précise Christian de Nacquard. L’approche de ce projet est très comparable au projet de plateforme numérique (PMNP) de Bouygues Construction, et l’alimente de ses résultats pour l’améliorer. » En pratique, Rinno vise à accélérer et simplifier le processus de rénovation énergétique grâce à une modélisation de l’aspect énergétique d’un bâtiment, à l’optimisation de scénarii de rénovation, à l’optimisation des plannings de travaux et des phasages, au suivi du chantier, à l’aide et à la simplification par l’industrialisation des solutions techniques. Une belle promesse pour l’avenir !

Infinite

Projet de rénovation énergétique de logements sociaux. Son but ? Simplifier la rénovation énergétique par l’industrialisation de panneaux de façade composés d’isolant, mais aussi de systèmes énergétiques pouvant distribuer le froid, le chaud et la ventilation dans des logements. « Autre atout, ces panneaux permettent de capter la chaleur grâce à des panneaux solaires intégrés. Un complexe tout-en-un qui pourrait bien permettre de rénover les logements efficacement, en limitant au maximum l’impact sur les usagers qui y vivent. » De quoi accélérer la rénovation énergétique en logements occupés. D’ailleurs, l’innovation du digital ne s’arrête pas là puisque dans le cadre de ce projet, Bouygues Construction est en train de développer un prototype de thermostat prédictif. Ce dernier, à partir de l’analyse des données de consommation et de comportement d’un logement, en temps réel, peut prédire la facture énergétique que devra payer l’occupant à la fin de l’année. « Une solution prédictive qui vise à informer efficacement les consommateurs des dérives de la consommation d’électricité au fil du temps, et pas seulement une fois par an – à réception de la facture. » De quoi inciter aux gestes moins énergivores !

Response

Projet d’envergure qui souhaite pour sa part aller au-delà du simple bâtiment ! Objectif ? Transformer la totalité d’un quartier, après rénovation énergétique, en quartier à énergie positive. Un véritable challenge d’avenir qui peut là encore compter sur le digital. « La digitalisation peut nous permettre de réduire les émissions carbones en construction, mais aussi en exploitation », comme le rappelle Christian de Nacquard.