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Réinventer l’habitat collectif, et davantage

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Avec la nécessité de densifier la ville et le développement d’outils de concertation originaux, émergent de nouvelles façons de concevoir d’appréhender l’urbanisme et l’habitat. L’objectif est double : engager les citoyens dans les projets urbains qui les intéressent directement et favoriser, en parallèle, la conception d’un habitat collectif ouvert et sur mesure qui leur ressemble.
Habitat Collectif
C’est une démarche unique en son genre que présente l’architecte Pascal Gontier, Atelier Pascal Gontier, sur ces deux projets d’habitats collectifs en cours de conception à Floirac (33) et à Saint-Herblain (44) : « Nous proposons aux futurs acquéreurs de créer eux-mêmes leur logement individuel au sein d’un immeuble collectif, en suivant le principe du Bespoke Open Building (BOB), l’habitat ouvert et sur mesure. » Sur la base d’une architecture primaire et d’un dispositif de régulation définis par la maîtrise d’œuvre, les clients pensent l’architecture secondaire et conçoivent leur logement selon leurs envies. Pour Pascal Gontier, cette approche est à la conjonction de deux démarches : « La première : concevoir les logements collectifs les plus évolutifs possibles, réversibles et aptes à durer dans le temps. Soit un habitat ouvert à tous les usages et transformable. La seconde, c’est le sur-mesure. Tendre, dans le cadre d’un habitat collectif, vers un degré de personnalisation qui n’est aujourd’hui possible que dans l’habitat individuel ». A l’appui de cette vision de la ville de demain, le développement de modes constructifs plus souples, telle la construction bois : « Un matériau qui permet de construire en charpente, on substitue les murs par un système poteaux-poutres-planchers, explique l’architecte. En béton, c’est techniquement possible, mais économiquement plus coûteux ». Egalement favorable, le numérique : « Nous créons des logiciels qui gèrent les demandes des uns et des autres. Les deux projets sur lesquels nous travaillons vont dans ce sens ». Engager les habitants Pascal Gontier n’est pas le seul à réfléchir à ces questions. Ainsi Julien Schmid, directeur marketing stratégique Bouygues Construction, détaille les outils qu’ils ont développés « qui permettent, dès la phase de diagnostic territorial et jusqu’après la livraison des bâtiments, d’impliquer les citoyens et les habitants pour que ceux-ci soient davantage “pro-actifs” ». Cette démarche participative de grande ampleur s’inscrit pour lui dans un cadre beaucoup plus vaste : « Notre objectif est d’impliquer, d’engager les habitants dans les projets à l’échelle du quartier. Soit une stratégie globale avec tous les acteurs qui fabriquent la ville, afin de catalyser les dynamiques locales et les initiatives citoyennes. Et ce quels que soient les types de projets, du développement immobilier au smart city ». Serious game Le concept repose entre autres sur de nouvelles façons d’envisager la concertation et, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’initiative est originale : « Nous avons développé un serious game que nous avons appelé “City Play”. C’est un jeu de plateau qui permet d’animer des ateliers, avec les habitants du quartier et/ou les parties prenantes ». Ainsi, dix à vingt personnes réfléchissent, de façon ludique, aux enjeux et besoins : « Le jeu fonctionne bien. A ce jour, il a été utilisé sur une trentaine de projets ». Mais il ne s’agit là que d’une étape de la démarche que Julien Schmid est en train de mettre en place : « Notre objectif à terme est d’agréger quatre briques : le diagnostic qui identifie les problématiques du territoire avant projet, le jeu City Play à l’échelle du projet. Ensuite, il faut arriver à co-concevoir avec les habitants – les projets de Pascal Gontier semblent aller dans ce sens. Dernière brique, engager la préfiguration urbaine via l’urbanisme transitoire pour créer de la vie et donner une âme au futur quartier ». Une nouvelle façon de fabriquer la ville plutôt bien perçue : « On implique le maximum d’acteurs en évitant les confrontations. Il ne s’agit pas de rentrer dans un système de proposition et de contre-proposition, mais bien d’outils pour travailler ensemble », se félicite Julien Schmid. Et Pascal Gontier de résumer : « La société civile ne veut plus se voir imposer un modèle préformaté, identique pour tout le monde, et par conséquent déconnecté des aspirations de chacun ».