On compte 1,4 million de places de stationnement en France, dont un peu moins de 600 000 places en voirie et le reste en ouvrage, à travers 1 663 parcs répartis sur le territoire. Mais si les politiques de stationnement ont longtemps permis le développement de la ville, la période actuelle – qui cherche à rééquilibrer l’espace public au profit des mobilités douces – vient interrompre ce cycle. Car aujourd’hui, la question n’est plus tant de savoir s’il faut construire des parcs de stationnement – et ce alors que, dans bien des cas, ces infrastructures manquent encore pour faciliter l’intermodalité – mais plutôt de savoir comment optimiser leur usage afin qu’ils s’intègrent encore mieux aux villes de demain. Les parcs de stationnement ont en effet à l’avantage d’être situés à des endroits stratégiques : à proximité des centre-ville, des gares, des aéroports, des centres commerciaux, des parcs d’expositions, des hôpitaux, etc. Un maillage territorial qui leur confère une valeur intéressante pour les nouveaux usages de la ville durable. À l’image des tiers-lieux, ils peuvent donc offrir aux citadins un spectre de services qui s’élargit d’année en année : bornes de recharge de véhicules électriques, location de courte durée d’EDPM, petites réparations, messagerie, logistique urbaine, services de consignes  

Un atout majeur pour le développement de l’éco-mobilité

Le développement des bornes de recharge pour les véhicules électriques est primordial pour permettre la décarbonation du secteur des transports. Car en effet, à quoi bon vendre des véhicules électriques si on ne peut les recharger nulle part ? Alors que la France compte environ 40 000 bornes de recharge à date – avec un objectif de 100 000 bornes à atteindre dans les prochains mois, les parcs de stationnement représentent ici un atout considérable pour accélérer leur déploiement. D’ailleurs, la loi ne s’y trompe pas puisque la LOM impose par exemple aux entreprises d’installer des bornes de recharge dans leurs espaces de stationnement. En ville, les parcs de stationnement représentent également des espaces pertinents pour déployer ces infrastructures. Mais au-delà de cet aspect, le parc de stationnement est également un levier pour favoriser l’intermodalité : c’est-à-dire l’utilisation de plusieurs modes de transport sur un même trajet. Aussi, ils sont des endroits stratégiques pour installer des parcs de trottinettes ou de vélos en libre-service. Un usage qui est également de plus en plus prisé par les métropoles qui remplacent le stationnement automobile en voirie par des places de stationnement pour mobilités douces. On retrouve ainsi différentes expérimentations sur ce sujet : au Canada, par exemple, avec un partenariat entre Indigo et l’opérateur Bird ou en France avec l’exemple de Q-Park et Lime qui expérimentent ce système dans 3 parkings parisiens.   Et pour boucler la boucle entre éco-mobilité et intermodalité, la société YesPark, qui développe une solution de mutualisation des parkings privés, est également en partenariat avec la marque de trottinettes Dott afin de proposer une offre de recharge de batterie pour ces petits engins.  

Un levier pour accélérer le déploiement du solaire photovoltaïque

Comment favoriser le déploiement de parcs solaires photovoltaïques tout en s’inscrivant dans une démarche Zéro Artificialisation Nette ? Pour les collectivités, il s’agit d’un véritable dilemme. Ici encore, les infrastructures de stationnement représentent une véritable opportunité car ces zones – déjà artificialisées – sont propices à l’installation d’ombrières faites de panneaux solaires. D’ailleurs, la tendance est déjà largement engagée. La SNCF, par exemple, va installer 8 000 m2 de panneaux solaires sur le parking de la gare de Nîmes et compte ensuite répliquer ce modèle sur plus d’un million de m2 de parkings. La Loi Climat et Résilience d’août 2021 renforce d’ailleurs les obligations d’installation de panneaux photovoltaïques ou de toitures végétalisées sur les entrepôts, les hangars et les parkings. Tous les parkings de plus de 500 m2 sont concernés par cette obligation. Sans attendre la loi, certains grands acteurs ont déjà engagé des projets d’envergure sur ce sujet. C’est le cas par exemple de DisneyLand Paris qui va installer 12 000 panneaux solaires sur ses espaces de stationnement.    

Agriculture urbaine et livraison de colis

Au-delà de ces deux aspects – énergies renouvelables et électromobilité – certains acteurs explorent également le potentiel des parkings pour de nouveaux usages, toujours en lien avec la transition écologique. Toujours côté mobilité, le parking représente évidemment un lieu qui est aussi propice à l’installation de services d’entretien et de petites réparations pour voitures, trottinettes ou vélos.   D’autres usages sont plus inédits. C’est le cas de l’agriculture urbaine. Les parkings souterrains, par exemple, permettent de développer cette activité. Une manière intelligente de développer une alimentation locale et de qualité sans rogner sur l’espace public, déjà dense. C’est par exemple ce que propose la startup Cycloponics, qui exploite depuis 2017 un parking souterrain situé Porte de la Chapelle afin d’y faire pousser des fruits et légumes bio. L’entreprise est en train de déployer le même concept en France à Bordeaux et Lyon. Une autre utilisation possible de ces infrastructures urbaines, c’est de s’en servir comme relai pour la livraison de colis. En effet, le maillage territorial des espaces de stationnements est intéressant car ils sont par nature installés dans des endroits tactiques. C’est notamment le pari lancé par la société Indigo qui teste cette possibilité à Paris dans deux de ses parkings transformés en “hub logistique” pour la livraison de produits alimentaires aux parisiens. L’entreprise envisage également de transformer certains de ces espaces de stationnement pour y héberger des services de consigne et de réception de colis. Une manière de répondre également à l’essor du e-commerce et des centaines de millions de colis qui sont échangés chaque année en France. Bref, du développement de l’électromobilité et des mobilités douces à des services de logistique urbaine ou de consigne en passant par un potentiel développement des énergies renouvelables, les parcs de stationnement sont en train de se réinventer ces dernières années. Une métamorphose qui permet aussi aux villes et spécialistes de l’aménagement de mieux anticiper ces multiples usages dans la conception de leurs projets afin d’intégrer pleinement le parking de demain dans la ville durable.   SpringTime78 parkings sur Getty Images