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Vers une performance énergétique du bâtiment plus « écosystémique »

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La maîtrise des consommations énergétiques est devenue une nécessité environnementale, sociale et économique, en raison des nombreux impacts engendrés sur la biosphère et la société dans son ensemble : dérèglements climatiques, épuisement des ressources naturelles, dégradation de la santé, etc.
ABC
Les scientifiques, à travers notamment le GIEC, nous alertent : l’humanité ne pourra pas s’adapter au réchauffement climatique tel qui se prépare, si nous n’agissons pas. « L’optimisation de la réduction des impacts implique de commencer par réduire les besoins, avant même les questions d’efficacité́ ou de substitution des vecteurs énergétiques », pose le Haut Conseil pour le Climat. « La transition énergétique consiste à passer d’un modèle où l’enjeu était principalement d’adapter un système de production à une consommation que l’on imagine augmenter sans cesse, à un modèle où l’on doit, au contraire, adapter nos consommations aux ressources finies de la planète et à l’urgence de ralentir le réchauffement climatique », résume Jean-Baptiste Lebrun, directeur du CLER – Réseau pour la transition énergétique . Face à l’urgence d’agir, pour relever le défi de la transition énergétique du bâtiment, une approche intégrée, holistique et co-construite entre tous les acteurs de la chaîne de valeur semble nécessaire.
Le bâtiment se positionne comme le secteur le plus consommateur d’énergie, avec 45 % de la consommation nationale et plus de 25 % des émissions de gaz effet de serre, soit 123 millions de tonnes par an. Cependant, les investissements dans l’efficacité énergétique des bâtiments ont augmenté de 40 % depuis la COP21. « Le fait que, pour la première fois depuis 2015, le taux de croissance annuel des investissements dans l’efficacité énergétique ait dépassé 3 % est un signal d’espoir », nous éclaire Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE. Le bâtiment représente assurément une partie des problèmes, mais aussi des solutions.
Selon un récent rapport du centre d’expertise indépendant Building Performance Institute Europe (BPIE) , au sein de l’Union Européenne, les nouvelles normes visant à réduire les émissions dans le secteur du bâtiment neuf ne suffiront pas à atteindre les objectifs climatiques pour 2030 et 2050, excepté en France et en Flandre. Ces territoires ont mis en place des mesures considérées comme suffisamment ambitieuses, dans au moins un des quatre domaines jugés prioritaires : sortie des fossiles, limitation des émissions, part minimum réservée aux renouvelables, et mise en place de normes contraignantes pour limiter la consommation énergétique. « Pour le neuf uniquement, et sur le papier, oui. Mais certains observateurs doutent que ce soit suffisant, surtout depuis le renforcement du Paquet Climat, intitulé “Fit for 55“ », explique Thierry Rieser, gérant du bureau d’études ENERTECH et membre de l’association négaWatt.  

En France, les Programmations Pluriannuelles de l’Énergie (PPE) et la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) fixent nos feuilles de route hexagonales pour la transition énergétique et la neutralité carbone en 2050. La SNBC « donne des orientations pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone, circulaire et durable ».

L’État affirme que le bâtiment est au cœur de cette transition. Cela « induit une transformation en profondeur de l’ensemble des métiers : de la fabrication de produits de construction à la conception, la réalisation, la gestion et la réhabilitation des ouvrages », détaille le Centre Efficacité Énergétique de Mines Paris Tech. Les règlementations liées aux bâtiments neufs sont de plus en plus exigeantes en matière de performance énergétique (RE2020, Décret Tertiaire, Décret BACS, Smart Readiness Indicator…). La réglementation de 2012 qui avait renforcé les objectifs thermiques, vient d’être remplacée par la Réglementation environnementale 2020 (RE2020), plus complète. Mais malgré ses efforts des politiques publiques, les objectifs quantifiés sont loin d’être atteints. Sur le plan de la performance énergétique, la problématique prioritaire ne réside pas dans la construction neuve. Le vieillissement de la population, le contexte « Zéro artificialisation nette, le faible taux de rotation jouent sur le renouvellement du parc immobilier. Les logements de 2050 existent déjà en large partie. C’est la rénovation qui porte le principal enjeu. « Sur les 36 millions de logements que compte le parc français aujourd’hui, le gisement de bâtis rénovables pourrait s’élever entre 20 et 30 millions », évalue Rémi Babut, Chef de projet au think tank The Shift Project. Il faut atteindre un rythme de croisière de 700 000 à 800 000 opérations de « rénovation efficace » par an.

De grandes organisations ont fait part de leurs travaux de recherche pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 :

L’ADEME a publié de nombreuses études sur ces sujets transversaux. Elle a proposé quatre scénarios « Transition(s) 2050 » et une démarche prospective collaborative, avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) : « Imaginons ensemble les bâtiments de demain », dont Bouygues Construction est l’un des partenaires . L’association négaWatt a rendu public son 5e scénario de transition énergétique pour la France. Il étudie chaque secteur de consommation, dont le bâtiment et chaque filière de production d’énergie, s’appuyant sur les fondamentaux : sobriété, efficacité, renouvelables. RTE (Réseau de transport d’électricité) a publié les principaux enseignements de son étude prospective « Futurs Énergétiques 2050 », reposant sur six scénarios. Le think tank The Shift Project travaille sur son grand Plan de Transformation de l’Économie française (PTEF) en quinze volets, dont « Habiter une société bas carbone » et « L’Emploi, moteur de la transformation bas carbone ». Ces contributions ont vocation à fournir des analyses pour alimenter les politiques publiques, présenter aux différents secteurs concernés les transformations structurelles probables ou nécessaires.
« Le retard observé en France pour la décarbonation du secteur des bâtiments peut s’expliquer par les nombreux blocages liés à la rénovation énergétique : politiques et mesures inadaptées aux besoins de rénovation profonde, temps long nécessaire à la rénovation des bâtiments et à la structuration de la filière, faible capacité́ de financement des ménages, manque d’incitation et d’accompagnement dans le résidentiel mais aussi le tertiaire, défaut de maîtrise des solutions techniques, ou encore déficit d’information », considère le Haut Conseil pour le Climat. Son rapport « Rénover mieux : leçons d’Europe » qui répond à une saisine du gouvernement, analyse les politiques publiques et les solutions de quatre pays européens (Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède). Il identifie les pistes d’action pour accélérer la rénovation énergétique des bâtiments en France.
En partant des apports de ces expertises complémentaires, nous avons soulevé quelques questions clés : quel est l’avenir qui se dessine pour la construction et la rénovation, sur le plan énergétique en France ? Quels grands axes retenir des différents scénarios et plans d’action pour atteindre les objectifs hexagonaux de « neutralité carbone » à l’horizon 2050, sur le volet Bâtiment ? Quels sont les principaux freins, leviers et pistes de solutions pour une meilleure performance énergétique, dans la résidentiel ou le tertiaire ?   Pour en savoir plus, rdv sur notre dossier :
Performance énergétique du bâtiment : pour une démarche « écosystémique »