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Réhabilitation : l’ancienneté n’a pas dit son dernier mot !

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La population française vieillit. En effet, les générations du « baby-boom » prennent de l’âge, tandis que le nombre de naissances devrait prochainement diminuer selon les dernières projections de l’INSEE. Un constat et des prévisions qui, tout comme les enjeux environnementaux, doivent influencer la manière de concevoir les prochains lieux de vie. Mais attention, « prochains » ne veut pas dire « neufs », bien au contraire…
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Logement : des attentes différentes selon les générations

En matière d’habitat, les logements comme les quartiers doivent réunir différentes typologies de confort : esthétique, thermique, acoustique et même structurel. Un tout qui garantit bien-être et efficacité énergétique aux occupants des lieux. Pour autant, les attentes en la matière ne sont pas les mêmes selon l’âge des habitants. Et le vieillissement attendu d’une partie de la population nécessite de repenser la notion de confort. Concrètement, si les séniors misent davantage sur la prise en compte des conséquences de leur vieillissement que sur une prise en charge à domicile ou dans un lieu spécialisé, les plus jeunes, eux, sont de plus en plus en quête d’un confort durable et porteur de sens. Pour les logements de demain, plus question donc de témoigner de la réussite sociale individuelle ; il s’agit désormais d’y vivre en harmonie avec son environnement comme avec autrui. En somme, d’habiter sereinement dans un lieu épanouissant et réellement pensé pour l’humain, quel que soit son âge, ses habitudes de vie et de travail. Ces lieux doivent, par conséquent, prendre en compte les besoins de mobilité et offrir une certaine modularité. La bonne nouvelle, pour les habitants comme pour l’environnement, c’est que la réhabilitation permet de répondre rapidement à ces nouvelles exigences, tout en diminuant la consommation énergétique des bâtiments – et donc leur impact carbone. Un coup double gagnant !  

Réhabilitation : la clé pour faire mieux avec moins ! 

Depuis quatre ans, de nombreux architectes et ingénieurs (en France comme à l’international) appliquent la notion de frugalité dans leurs projets de bâti et d’aménagement. Un mouvement lancé par l’architecte et urbaniste Philippe Madec, l’ingénieur Alain Bornadel et l’architecte Dominique Gauzin-Müller, qui vise à favoriser l’émergence d’une société heureuse et écoresponsable. « Si les 50 dernières années ont été dédiées à la reconstruction, les 50 prochaines seront consacrées à la réhabilitation de ce qui est déjà là », expliquait Philippe Madec à l’occasion du EnerJ-Meeting de Nantes en 2021. Un parti-pris qui envisage de réadapter les constructions existantes au monde d’aujourd’hui et aux besoins des occupants, tout en diminuant les gaz à effet de serre émis par le secteur de la construction, et l’impact de nos métiers sur le dérèglement climatique.
« Le monde change, explique Philippe Madec. L’agriculture soucieuse des humains et de la nature sort de la marginalité, les circuits courts se développent, une économie coopérative, sociale et solidaire prend place en dehors des secteurs marchands […]. Dans les esprits, l’usage partagé prend le pas sur la possession, la mutualisation sur la privatisation, la sobriété sur le gaspillage. »
  Ces changements en disent long sur l’évolution sociétale en cours, et sur la prise de conscience de l’urgence climatique. Un véritable virage pour le secteur du bâtiment. Mais attention, gare à la simple réhabilitation technique des anciennes constructions (remplacement de matériaux et équipements obsolètes…) ! Selon Philippe Madec, la réhabilitation doit permettre de retrouver de l’estime pour ce qui existe déjà. « La frugalité est un concept plus positif que la sobriété, et se tourne vers l’avenir. L’objectif : faire mieux avec moins ! Cela passe par le réemploi, y compris de bâtiments en béton existants industrialisés. En pratique, il s’agit de déconstruire sélectivement, de réemployer ce qui peut l’être, de retravailler les espaces intérieurs et le sol extérieur afin de créer du lien social, de l’usage et même de l’usage partagé ! avec des jardins familiaux, de la permaculture, des terrasses qui redonnent du sens au lieu. Réhabiliter permet d’adapter un bâtiment, parfois très bien construit, au contexte actuel. Dans le cas des immeubles des années 60/70, cela donne la possibilité d’y faire entrer naturellement (sans équipement spécifique) la lumière, la chaleur et l’air via une approche bioclimatique. » De quoi améliorer la qualité de vie intérieur sans consommation énergétique supplémentaire.

C’est livré ! La réhabilitation de la Cité administrative de Rouen Saint-Sever

Pourquoi avoir opté pour une réhabilitation ? « La Cité administrative de Rouen est un bâtiment d’après-guerre. Malgré un entretien courant régulier, cette Cité de 40 000 m2 (la quatrième de France) et composée de 2 800 fenêtres, ne répondait plus aux objectifs de modernité des services de l’État en termes de performances énergétiques et de fonctionnalités. Deux options ont été envisagées pour sa modernisation : une réhabilitation complète du bâtiment et une construction neuve. Malgré un bilan économique relativement équivalent, c’est la réhabilitation qui l’a emporté. La raison ? Ce bâtiment est exceptionnel, de par son positionnement en Front de Seine, mais aussi par sa continuité architecturale avec l’Hôtel du Département (un bâtiment classé). La réhabilitation était la solution la plus adaptée pour préserver cette architecture internationale d’après-guerre présente le long du Front de Seine, tout en offrant une seconde vie au bâtiment. La réhabilitation va lui permettre, en seulement trois ans, de gagner en performance énergétique et d’atteindre le label BBC Rénovation. De plus, les travaux sont réalisés en site occupé sans perturber les 1 300 agents qui travaillent dans le bâtiment. »

La réhabilitation en site occupé : comment allier efficacité et tranquillité durant les travaux ?  

Que ce soit dans des logements, des bureaux ou des lieux recevant du public, l’enjeu d’une réhabilitation est triple : améliorer le confort thermique et la facture énergétique des occupants, moderniser et rénover les intérieurs, et enfin, redynamiser les quartiers.   Dans le cas des logements sociaux – dont ceux ayant une étiquette énergétique G ne pourront plus être loués à compter de 2023, la réhabilitation se fait la plupart du temps en site occupé. Pour cause, l’équilibre entre l’offre et la demande ne permet que très rarement aux bailleurs sociaux de loger temporairement des locataires dans de nouveaux logements. De plus, rares sont les locataires qui acceptent de quitter leur logement (parfois lieu de toute une vie) et leurs habitudes de quartier même pour une courte durée.   Dès lors, pour répondre aux besoins de rénovation des 5 millions de logements sociaux dont 25% sont encore considérés comme des passoires thermiques, Bouygues Construction a mis en place un accompagnement de proximité sur mesure pour les résidents et les bailleurs. Le principe ? Des « chargés de relations résidents », présents sur le terrain avant, pendant et après les travaux. Leur rôle ? Créer une relation de confiance entre le constructeur et les occupants des logements à rénover. « C’est un poste qui nécessite de la bienveillance, de l’expérience et beaucoup d’humilité au quotidien », explique Christine Gentilhomme, Chargée de Relations résidents chez Bouygues Bâtiment Grand Ouest depuis 2008.  

Chargé de Relations résidents : un accompagnement précieux pour vivre sereinement des travaux de réhabilitation

En tant que Chargée de Relations résidents, le rôle de Christine Gentilhomme est complémentaire à celui du conducteur et des équipes travaux. En concertation avec les occupants de l’immeuble, elle réalise les plannings d’intervention, veille à ce que les ouvriers puissent accéder à tous les logements, s’assure du respect de la charte de bonne conduite en site occupé, travaille sur l’acceptation des chantiers en dépit des nuisances, effectue le suivi à l’issue des travaux avec le client bailleur, propose des solutions aux habitants – telles que des casques antibruit aux personnes âgées – pour atténuer les nuisances et aider les habitants à mieux supporter les travaux…   Pour créer du lien entre les habitants du quartier autour du chantier, les chargés de Relations résidents multiplient également les actions : forums pour l’emploi, événements avec les enfants ou encore les associations locales… Autrefois prise en charge par les conducteurs travaux, la mission de Chargé de Relations résidents s’est fortement professionnalisée au fil des ans. Christine Gentilhomme en est le parfait exemple : elle a concouru à la mise en place de plans de formations en psychologie, gestion du stress, médiation, sécurité et sûreté. Indispensable selon elle ! « Nous entrons dans l’intimité des gens, parfois aussi dans une tranche de leur vie », souligne Christine, dont le métier va véritablement au-delà des seuls travaux.   Créer des lieux de vie adaptés aux populations d’aujourd’hui et à leurs différents besoins ne nécessite pas obligatoirement de construire du neuf. Les logements d’hier – même s’ils peuvent paraître dépassés par rapport aux méthodes et outils constructifs actuels – représentent une base solide réutilisable. Faire du neuf avec du vieux c’est possible y compris dans la construction ! Et cela offre de multiples avantages en adéquation avec les enjeux de demain : construire plus vite pour répondre à l’augmentation de la population, réduire l’impact carbone de la construction, augmenter l’efficacité énergétique des logements pour assurer aux occupants plus de confort et moins de consommation électrique, diminuer l’usage des ressources naturelles de la planète, multiplier les fonctions d’un logement (habitation, télétravail, garde alternée des enfants une semaine sur deux…), mais aussi favoriser le maintien à domicile et l’autonomie des personnes à mobilité réduite et de nos nombreux séniors.