fbpx

Ces villes qui adoptent des chartes de construction durable

2 minutes de lecture
Beaucoup de villes cherchent la parade pour repenser leur urbanisme de façon résiliente face aux enjeux climatiques. Parmi ces solutions, mobiliser les parties prenantes d’un territoire – habitants, entreprises, collectivités – pour tendre vers des solutions d’habitat innovantes, durables et accessibles à toutes et tous : c’est le but affiché des “chartes de construction durable” qui fleurissent sur le territoire.
Votée lors du conseil municipal d’octobre 2021, la Charte de construction durable de la Ville de Marseille est structurée autour de grands enjeux tels que la végétalisation de l’espace public, la protection du patrimoine architectural et paysager de la ville où encore l’inclusion sociale. Il y est question de construction de logements sociaux dans tous les quartiers pour un urbanisme ouvert à toutes et tous, mais aussi préservation du bâti existant qui “doit être transformé plutôt que démoli” afin de coller avec les objectifs de zéro artificialisation nette tout en conservant l’identité de la ville.     Cette charte, c’est aussi une méthode : celle du dialogue. “Alors que Marseille manque cruellement de logements et notamment de logements sociaux, cet outil va permettre de relancer la machine de la construction sur notre territoire dans une perspective simple : construire plus, pour toutes et tous, mais construire mieux” précise ainsi Mathilde Chaboche, adjointe au maire de Marseille en charge de l’urbanisme et du développement harmonieux de la ville. L’idée ? Formaliser des principes et inclure dans la démarche les entreprises, la municipalité mais aussi les citoyens afin de créer une harmonie autour des projets à venir.     Argenteuil, Montreuil, Colombes, Marseille, Aulnay, Saint-Malo, Lyon, Bordeaux ou encore Nîmes : les municipalités qui se sont ainsi dotées de chartes de construction ou d’aménagement durable ces dernières années sont de plus en plus nombreuses. Et à chaque fois, les objectifs sont plus ou moins les mêmes : guider les acteurs de l’aménagement du territoire pour que les projets s’ancrent dans une vision commune et respectueuse des valeurs de la ville ; mais aussi accompagner, faciliter et développer le dialogue avec les habitants.

Préserver l’identité des villes et favoriser un urbanisme durable 

Dans de nombreux cas, c’est en premier lieu le fait de favoriser un urbanisme durable, tant sur le plan écologique qu’architectural, qui prime dans l’adoption de ces outils. “Nous voulons tourner le dos à la logique du bâtiment jetable, ce qui permet le respect de notre patrimoine et de notre identité et limite l’impact écologique” expliquait ainsi  aux Échos Gaylord Le Chéquer, adjoint au maire de Montreuil, au sujet de la charte de construction durable de la ville.     Un document qui recense des recommandations pour les porteurs de projets, afin de les aider dans la phase de conception, en amont du dépôt de permis de construire. Baptisée Charte de la construction pour une ville résiliente, elle expose différents objectifs comme le fait d’inciter la construction de logements évolutifs, et de logements avec des espaces verts ; de préserver la biodiversité ou encore de privilégier la réhabilitation du bâti plutôt que la démolition.     À Lyon, la charte de construction de la ville a aussi été mise en œuvre afin de coller avec les enjeux de la transition écologique. Il met ainsi l’accent sur le fait de renaturer la ville. Chaque projet doit par exemple intégrer sa part de végétalisation et s’inscrire dans l’existant et l’environnement, ce qui implique la préservation des arbres et des espaces de pleine terre ou encore le maintien et le renforcement de la perméabilité des sols. À Meylan, la charte adoptée par la ville au mois de juin dernier permet aussi de cadrer les futurs projets immobiliers autour de la nécessité de créer des îlots de fraîcheur en ville ; ou encore d’y associer les énergies renouvelables.     Mais au-delà des enjeux écologiques, ces chartes sont aussi vues par les équipes municipales comme des outils pour co-construire la ville avec tous ses acteurs, y compris les citoyens. D’ailleurs, la majeure partie d’entre elles sont le fruit de concertations avec les promoteurs ou les habitants afin d’aboutir à des consensus pour le développement urbain.  

Développer le dialogue avec les acteurs de la ville 

“La construction d’un modèle d’urbanisme durable dépassant les réglementations actuelles et répondant aux enjeux de la ville de demain nécessite de réunir les principaux acteurs de l’aménagement et de l’habitat autour d’une démarche commune portée par la collectivité” explique ainsi Jacques Bigot, Président de la communauté urbaine de Strasbourg, pour justifier la mise en place de cet outil.     Dans ce même état d’esprit collectif, à Houilles, dans les Yvelines, la charte de construction durable a d’abord été créée afin de favoriser le dialogue avec les habitants. “Le premier [objectif] est d’associer les habitants. Nous avons voté une délibération qui instaure une concertation préalable sur les projets de travaux ou d’aménagement soumis à permis de construire” explique ainsi le maire Julien Chambon, qui ne cache pas que cela permet aussi de faciliter le dialogue avec les porteurs de projets afin de préserver l’identité de la ville et de tendre également vers des projets bas-carbone en ayant recours à des matériaux biosourcées, comme le bois, la paille, la terre, ou encore d’améliorer le confort thermique des logements.     À Lyon, plusieurs ateliers ont également été menés avec les professionnels du bâtiment en amont de l’adoption de la charte, qui prévoit également la mise en oeuvre “d’ateliers préalables” à l’instruction des permis de construire afin de vérifier qu’ils correspondent bien aux critères définis. Celle de Montreuil impose des concertations avec les habitants des quartiers concernés par les projets immobiliers afin d’inclure tout le monde dans la démarche.     Les chartes de construction durable se présentent ainsi comme une corde supplémentaire à l’arc des métropoles afin de les aider à transformer les villes en phase avec les objectifs de développement durable tout en mettant l’accent sur le dialogue et la concertation. Évidemment, elles présentent parfois certaines limites. Dans de nombreux cas, elles ne permettent pas, par exemple, de s’opposer à des projets qui ne respectent pas la charte. Elles représentent néanmoins une piste intéressante pour permettre d’accélérer la transition des villes vers un monde plus durable.     Lire aussi
La résilience comme horizon pour des territoires durables