fbpx

La construction bois, un secteur d’avenir

3 minutes de lecture
La construction bois gagne du terrain dans le secteur de la construction. Et ce n’est qu’un début ! Dans un contexte de décarbonation du secteur du bâtiment, la RE2020 propulse les matériaux biosourcés sur le devant de la scène. Décryptage d’une filière fleurissante.

Une filière structurée par des acteurs économiques et politiques  

  La filière forêt-bois, forte de ses partenaires (notamment France Bois-Forêt, France Bois Industrie Entreprise ou Fibois France), annonçait en février 2021 l’élaboration d’un « Plan ambition Bois-Construction 2030 ». Un an plus tard, celui-ci se concrétise et se voit nourri de 23 propositions pour valoriser le matériau bois dans la construction en vue d’atteindre, à terme, l’objectif de neutralité carbone 2050.   En France, le bois est reconnu comme filière stratégique par le gouvernement. Matériau renouvelable, biosourcé, ayant des capacités de stockage et de captation du carbone, il apparaît comme la pierre angulaire de la transition écologique. Si la filière bois dépasse le secteur de la construction, s’attachant notamment à l’ameublement, l’emballage et l’énergie, celle-ci voit se profiler une législation favorable à son développement.   En effet, en 2020 déjà, l’Etat et le Ministère de la Transition écologique travaillaient à une nouvelle réglementation RE2020, entrée en vigueur le 1er janvier 2022. Celle-ci se fonde sur trois principaux axes que sont : l’amélioration de la performance énergétique et la baisse des consommations des bâtiments neufs ; la diminution de l’impact sur le climat des bâtiments neufs en prenant en compte l’ensemble des émissions du bâtiment sur son cycle de vie ; et enfin l’accessibilité pour les occupants à un lieu de vie et de travail adapté aux conditions climatiques futures (notamment les épisodes caniculaires).  Ces directives gouvernementales influent fortement sur la filière bois-forêt, la valorisant et encourageant son développement. Celle-ci n’est pas en reste, représentant déjà 12,5% des emplois de l’industrie manufacturière en France et enregistrant 26 milliards d’euros de valeur ajoutée pour un chiffre de 60 milliards d’euros par an.     

Une filière soumise à des conditions particulières 

  Néanmoins, si la filière est porteuse et semble connaître un développement croissant, il n’en reste pas moins des freins inhérents au matériau utilisé. En effet, tous les bois ne peuvent être mis en valeur dans le secteur de la construction. Se dessinent alors deux catégories : d’un côté, les feuillus, que la France compte par milliers et de l’autre, les résineux, qui sont les arbres dont les entreprises se servent pour construire.   En janvier 2022, lors d’une conférence organisée par Fibois Île-de-France et l’Union des Industriels et Constructeurs Bois, la question des feuillus a été de nouveau abordée. Les intervenants ont insisté sur l’importance de développer un marché en aval pour absorber la transformation des feuillus qui, grâce aux innovations technologiques, se démocratise de plus en plus. En Île-de-France particulièrement, la forêt se compose à 80% de feuillus, d’où l’impératif de proposer des débouchés variés et qualitatifs. Certains acteurs se mobilisent en ce sens, à l’image d’Epamarne, aménageur public engagé sur la construction de 1 000 logements en construction bois par an, qui soutient l’émergence d’une filière bois feuillu française et régionale à travers ses opérations.   Un second frein se pose quant à la position de la France et plus largement de l’Europe concernant les échanges commerciaux de la filière bois. Si la France possède la quatrième plus grande surface forestière de l’Union européenne (17,2 millions d’hectares), elle continue d’exporter largement son bois brut et d’importer massivement du bois transformé, notamment depuis la Chine.   Plusieurs raisons expliquent ce paradoxe. On trouve notamment d’un côté, le manque de débouchés en aval et de l’autre, le morcèlement des forêts françaises avec l’éparpillement des propriétaires privés, les rendant plus difficile d’accès.  Ainsi, selon la FAO1, la France importerait 1,44 millions de m3 de bois rond, principalement depuis des pays européens mais également la Russie et la Chine. Néanmoins, ces chiffres sont à nuancer puisqu’une grande partie des imports français se font sous la forme de produits finis ou non assemblés (essentiellement du mobilier). Ces importations de produits dérivés de la filière bois viennent s’ajouter à une balance déjà importante pour ce matériau.   La question de la provenance du bois se pose également, puisque la France se place, en 2016, comme étant le premier importateur de l’Union Européenne pour les bois tropicaux (22,7% de la consommation européenne totale). Or, ces bois ne sont pas traités selon les normes européennes et peuvent, pour certains, provenir d’espaces déforestés. 

Remanier l’activité 

Cette évolution en demi-teinte de la filière bois en France implique une restructuration importante de l’activité. Avec le « Plan Ambition Bois-Construction 2030 », les acteurs de la filière visent une part de marché de 20 à 30% d’ici 2030 soit entre 4 et 5 fois la part actuelle. Ce développement est soutenu par les acteurs économiques mais aussi institutionnels qui se penchent davantage sur ce secteur. Pour les Jeux Olympiques de 2024, par exemple, le Village des Athlètes, qui prévoit 260 000 m² à construire, sera réalisé à 50% en bois. France Bois 2024, action collective structurée à cette occasion, ambitionne de recourir à 50% à des essences françaises transformées en France, en circuit court.   Les Assises de la Forêt et du Bois, clôturée le 16 mars 2022, ont été le rendez-vous de ce début d’année, permettant d’ouvrir les réflexions sur les enjeux qui touchent la filière : transition écologique, protection de la biodiversité mais aussi compétitivité industrielle. Avec la RE 2020, la demande de matériaux en bois biosourcés augmente et la filière doit se structurer pour y répondre.   Concernant les débouchés en aval, Bouygues Bâtiment France Europe, avec Wewood, cherche à devenir un des acteurs majeurs de la filière, avec un objectif de 30% de projets en bois d’ici 2030. Avec son offre destinée au tertiaire, notamment pour les bureaux et la santé, de nombreux projets s’ajoutent aux 150 déjà réalisés ces dernières années.