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Le lin : une fibre d’avenir pour la construction

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Résistant, léger, performant, écologique… Le lin s’immisce dans la construction sur terre et même sur mer ! Les Pays-Bas ont en effet inauguré en 2022 le premier pont en lin du monde, tandis qu’un navigateur s’en est servi pour construire la coque de son bateau… Cependant, ce matériau végétal peut-il vraiment répondre aux besoins de la construction urbaine ?
Lin construction
Plus de 80% de la production mondiale de lin est cultivée en France (des Hauts-de-France jusqu’à la Normandie). Au total, ce sont 75 000 hectares qui permettent de produire plus de 160 000 tonnes de lin par an. Une production qui ne date pas d’hier et qui a su résister en partie à la délocalisation. Pour rappel, c’est Charlemagne au VIIIe siècle qui développe cet artisanat français. Pourquoi parle-t-on d’artisanat ? Parce que cette fibre aux multiples vertus est avant tout utilisée pour la fabrication de textile. Et ce, bien avant l’arrivée du coton.  

La fibre de lin plus que jamais d’actualité dans la construction.

Au fil du temps, le lin a laissé entrevoir à l’homme d’autres de ses atouts, notamment isolant. S’il offre une très bonne isolation thermique et acoustique, ce n’est toutefois pas uniquement ça qui le pousse aujourd’hui au-devant de la scène constructive. En effet, en plein changement climatique, c’est en réalité un cumul de bénéfices – tant en matière de production que de mise en œuvre et de durabilité – qui font du lin un matériau d’avenir pour le secteur de la construction. En pratique, le lin est une ressource annuellement renouvelable (traduction : à la croissance rapide), qui dispose en France de conditions climatiques favorables nécessitant peu d’intrants – c’est-à-dire de produits intervenant dans le processus de fabrication. Le lin est donc une plante locale, peu exigeante en azote, qui n’épuise pas le sol et qui offre des qualités aussi naturelles que sa pousse ! Entièrement recyclable, il est inoffensif pour la santé. De plus, il participe à la réduction des gaz à effet de serre puisque sous forme d’isolant, il est capable de stocker le CO2. Une aubaine pour l’impact carbone des bâtiments de demain.  
Le lin s’utilise de la même manière que les matériaux d’isolation traditionnels. Toutefois, il dispose d’une capacité de stockage de la chaleur bien plus grande ! Il faut en effet quatre fois plus de temps à la chaleur pour traverser une isolation en lin.
 

Un usage de plus en plus polyvalent du lin

La laine de lin destinée à l’isolation est fabriquée à partir des fibres courtes qui ne sont pas utilisées par l’industrie du textile. Ces dernières sont coupées en petits morceaux, puis liées entre elles selon différents procédés (aiguilletage, application d’un liant naturel ou d’une résine synthétique). Le matériau obtenu est léger et facile à transformer. Raison pour laquelle le lin possède aujourd’hui une multitude d’applications dans la construction. Cependant, à l’inverse du lin utilisé pour l’isolation, certaines de ces applications interrogent quant à leur impact à long terme sur d’autres usages. Ces derniers ayant eux aussi une forte valeur ajoutée pour l’homme.

Les types d’usages de la fibre de lin dans la construction :

  • Les panneaux agglomérés utilisés comme parois non porteuses dans les constructions à ossature bois, dans le mobilier ou encore les plafonds. Le lin utilisé ici est obtenu à partir des anas du lin, c’est-à-dire des fragments de paille récupérés lors du teillage. Ces fragments de lin peuvent certes être considérés comme des déchets de culture, mais sont depuis longtemps utilisés comme litière pour animaux d’élevage et combustible.
 
  • Le revêtement de sol dit linoléum particulièrement prisé pour sa grande résistance à l’enfoncement. Son composant principal est l’huile de lin, mélangée à du liège ou de la sciure et de la résine sur une couche de jute. Par huile de lin, comprenez graines de lin oléagineux. Ces dernières – très riches en oméga-3 – servent principalement à l’alimentation animale et humaine.
 
  • L’huile de lin utilisée pour protéger le bois, qui constitue également une base pour les peintures naturelles. Ces dernières sont ainsi biodégradables, à l’inverse des peintures synthétiques. Toutefois, là encore, qui dit huile de lin dit graines de lin oléagineux dont l’usage alimentaire est de plus en plus prôné chez les femmes (y compris enceintes), mais aussi les végétariens. En cause, leur teneur en fer, en protéine, en vitamine B9, en phytostérols antioxydants ou encore en oméga-3. Un combo gagnant qui diminue les risques cardiovasculaires, de malformations du système nerveux et du cerveau chez les fœtus et même de cancer du sein.
 
Avec le lin, la question aujourd’hui n’est donc plus vraiment de savoir s’il s’agit d’un matériau à la hauteur des enjeux constructifs du secteur de la construction (économie d’énergie, confort de vie, sécurité de la santé humaine, durabilité, recyclabilité, simplicité et rapidité de pose, faible impact carbone, etc.), mais s’il y a aura suffisamment de lin pour tous les usages auxquels peut répondre cette plante. D’autant que si le lin pousse majoritairement en France, 80 à 90% des fibres de lin produites en Europe sont exportées vers la Chine et l’Inde à des fins de textile. En bref, si, d’un point de vue qualitatif ce matériau n’a plus rien à prouver, la question de sa quantité reste en suspens pour le secteur !  

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