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« Paris à 50°C » : une mission d’information pour transformer Paris en vue des canicules à venir

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Afin d’anticiper au mieux les chaleurs extrêmes qui s’annoncent pour les années à venir, la Ville de Paris a mandaté une mission d’information pour réfléchir au sujet. Après plus de 6 mois de travail, cette dernière a formulé 85 recommandations dans un rapport en vue d’adapter la capitale.
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La ville de Paris a récemment été classée comme ville la plus mortelle d’Europe en cas de canicule, dans le cadre d’une étude du Lancet sur la santé planétaire sortie en mars de cette année. Des chercheurs ont croisé différentes données de plus de 800 villes sur les 20 dernières années (données météo, statistiques démographiques, infrastructures du bâti etc), et sont arrivés à à estimer les risques de surmortalité liés aux températures extrêmes, ainsi que l’impact sur la santé des citoyens. C’est donc la ville de Paris qui arrive en tête de ce funeste classement. En cause notamment, sa minéralité et son urbanisme très inadapté aux fortes chaleurs qui crée de nombreux îlots de chaleurs urbains. Mais la ville de Paris n’a pas attendu la parution de ce classement pour se rendre compte de la situation et commencer à (ré)agir. Par exemple son Plan Climat de la Ville, ou de son Plan Local d’Urbanisme bioclimatique adopté en juin après 2 ans de concertation, permet de définir les orientations pour adapter Paris au changement climatique. Et rend la ville plus sobre et plus respectueuse de l’environnement. infographie, ville, paris, canicule Une Mission d’Information et d’Évaluation (MIE) a également été lancée lors du Conseil de Paris de juillet 2022, ayant pour thème “Paris à 50 C° : les politiques dédiées à l’adaptation de la Ville aux super vagues de chaleur.” Cette mission, pilotée par des conseillers municipaux de tous bords politiques, a auditionné pendant 6 mois de nombreux acteurs concernés. Comme les directions et services de la Ville, des architectes, des urbanistes, des chercheurs, des associations, des syndicats etc. L’objectif de cette MIE est d’anticiper au mieux une situation inéluctable d’ici 2050 : l’intensification et la répétition d’épisodes caniculaires extrêmes pouvant atteindre 50°C. Il en résulte un rapport complet qui fait un bilan des politiques passées et actuelles de la ville, et développe 85 préconisations pour continuer de transformer la capitale. Ce travail d’ampleur est intéressant à bien des égards. Car s’il se base sur les spécificités de la ville de Paris, ce rapport est un travail collaboratif transpartisan se mène sur un temps long. Il intègre de multiples domaines d’expertises, le tout à l’échelle d’une capitale. Si toutes les recommandations ne s’appliquent donc pas nécessairement à toutes les villes ou métropoles, ces dernières ont tout intérêt à s’inspirer de ce rendu. Certaines de nos villes sont anciennes, caractérisées par une forte minéralité. Leurs infrastructures ne sont pas adaptées aux changements actuels et futurs. Elles sont dès à présent concernées par ces enjeux d’adaptation aux canicules. En préambule, dans ce rapport, il apparaît clairement la nécessité d’agir en profondeur « sur la forme » de la ville. Voici un condensé des préconisations phares du rapport.

Renaturer pour rafraîchir

Impossible de ne pas en parler tant c’est la préconisation majeur de toute étude sur le sujet. Il faut accélérer la débitumisation des sols, et qu’elle soit la plus importante possible. Le Plan Climat aborde déjà ce point donc (l’objectif y était de débitumer 100 hectares dans l’espace public et d’atteindre 40% de territoire perméabilisé à l’horizon 2040), mais il devient ici une injonction à la bonne réussite de l’adaptation. Que ce soit les rues ou les places et carrefours de la ville, les cours d’immeubles, les cours d’écoles, les places de parking, il faut absolument végétaliser en pleine terre. Et désimperméabiliser afin de permettre à l’eau de pénétrer les sols et de faciliter ainsi le phénomène d’évapotranspiration des végétaux indispensable au bon rafraîchissement. Privilégier les revêtements poreux lorsque débitumer est impossible est par ailleurs recommandé. Ce retour aux sols naturels va de pair avec la végétalisation et la renaturation globale de la ville. Il faut augmenter le nombre d’espaces végétalisés et les zones d’ombres dès que cela est possible. Le rapport préconise de ne pas hésiter à s’appuyer sur le participatif pour accélérer ce mouvement de végétalisation. Tout en augmentant les moyens et la taille des équipes de la municipalité sur ces sujets d’espaces verts. L’objectif final monte d’ailleurs à 300 hectares d’espaces verts ouverts au public d’ici 2040. Aux zones d’ombres créées par la végétation, ajouter des pergolas et ombrières sera envisageable lorsque cela sera plus simple. En particulier à cause des nombreux souterrains composants les sous sols de la ville (lignes de métro, égouts…). Pairs, vue, ciel, bâtiment, immeuble

Adapter le bâti et les infrastructures

Pour le bâti, mettre l’accent sur la rénovation thermique est crucial. En parallèle, la recommandation est d’accélérer la révision des normes pour les constructions neuves. Afin de garantir que nos actions d’aujourd’hui s’adaptent à demain. C’est une concertation à mener entre les acteurs publics locaux (villes, régions) et l’Etat. La végétalisation des façades les plus exposées à la chaleur est une recommandation clé, s’inscrivant dans une logique de renaturation. Elle contribue au rafraîchissement extérieur de manière significative. Mais cela va également permettre de réduire la température à l’intérieur des bâtiments. Les toits de Paris, qui font partie intégrante du patrimoine local, sont un sujet central de l’adaptation. Lorsque cela est possible il faudrait pouvoir favoriser le développement des toits-terrasses collectifs, avec collecteurs d’eau et végétalisation. Si cela n’est pas envisageable, peindre les toit avec un revêtement blanc ou clair afin de favoriser l’effet réfléchissant albédo. L’eau a également un potentiel de rafraîchissement important. Le rapport note cependant que c’est une ressource rare et cruciale avec de forts enjeux. Il est important de dissocier eau potable d’eau non potable selon les usages. Pour arroser la végétation, il sera important d’user d’eau non potable. La multiplication des points d’eau potable et de rafraîchissement est essentielle. Pour améliorer l’accès à l’eau, on préconise d’installer des fontaines et des miroirs d’eau dynamiques.. De plus, des avancées sont nécessaires pour faciliter la baignade des Parisiens (canal de la Villette et bords de Seine). L’idée serait de bâtir au moins une placette « oasis » par quartier Il ressort du rapport qu’il faut préserver les couloirs d’air existants et la respiration naturelle de la ville. Il faut également planifier la création de nouveaux corridors de circulation de l’air. Pour une meilleure circulation de l’air, le rapport recommande une hauteur minimale de 2m70 sous plafond dans toute nouvelle construction. Ainsi que la création de logements traversants dans toute nouvelle construction.  

Les outils et les financements sont essentiels

Le rapport insiste enfin sur les outils nécessaires à l’administration pour piloter l’adaptation des villes, avoir une bonne remontée des infos et données, et optimiser les actions entreprises. Un premier pas a déjà été réalisé avec la récente création de la Direction de la transition écologique et du climat (DTEC) au sein de l’organigramme de la Ville de Paris. Cela permet grâce à cette Direction à part entière de réaffirmer que le changement climatique est un enjeu majeur de l’action municipale, et que les actions se pilotent au sein d’une structure indépendante. Cela permet aussi plus de cohérence entre elles. Pour finir, le rapport note plusieurs préconisations indispensables autour du financement pour la bonne réussite des toutes ces actions. Tout d’abord mieux utiliser la commande publique comme levier pour accélérer l’adaptation transformatrice de la Ville. Pour financer la transition écologique locale, une augmentation des dotations de l’État aux collectivités est essentielle et nécessaire. Ainsi que la création d’un fonds européen prêtant directement aux collectivités. Enfin, améliorer la communication et les arbitrages en créant une instance de coordination des financements avec l’Etat, la Région, la Métropole et la Ville.