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Combien va coûter la transition écologique du BTP ?

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Dans le dernier volet de son 6ème rapport d’activité, le GIEC précise très clairement que sur le plan économique, la transition écologique coûtera moins cher à l’économie mondiale que si nous ne faisons rien. Plusieurs secteurs sont très exposés à cette question, en particulier les transports, l’énergie et le BTP. Mais agir, combien ça coûte ? Le sujet est complexe, mais de premières estimations se dessinent.
Le bâtiment contribue à hauteur de 18% aux émissions nationales de gaz à effet de serre d’après le dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat paru fin septembre 2022. Derrière le secteur des transports, de l’agriculture et de l’industrie, il s’agit du 4ème secteur ayant le plus d’impact dans nos émissions polluantes. De fait, il occupe une place capitale dans les engagements de réduction d’émissions de la France. Les objectifs publics en la matière sont d’ailleurs ambitieux : la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) prévoit une baisse de 50% des émissions de GES du secteur à horizon 2030.   Une transformation qui passe par différents leviers engagés ces dernières années, comme l’adoption de la réglementation environnementale RE2020, par exemple. Celle-ci a pour objectif de “poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et du confort des constructions, tout en diminuant leur impact carbone”, vise à développer davantage le recours aux matériaux biosourcés et à prendre en compte l’ensemble des émissions du bâtiment sur son cycle de vie, et enfin, veut augmenter la durabilité du bâti neuf. Tout en sachant qu’en France, la construction neuve ne représente annuellement que 1 % du parc des bâtiments. La transition écologique du BTP passera donc également par une amélioration des pratiques du secteur (éco-conception, réemploi ou recyclage des matériaux) et par une priorité: la rénovation énergétique. En particulier la rénovation des 8 millions de logements énergivores, connus sous le terme de “passoires énergétiques”.   Le sujet de la rénovation énergétique des logements est d’ailleurs l’une des priorités affichées du gouvernement, qui a notamment fléché une partie du plan France Relance dans cette voie : 4 milliards d’euros pour les bâtiments publics, 4 milliards d’euros pour les logements privés et 700 millions d’euros pour les logements sociaux. Un sujet qui nécessite évidemment de nombreux investissements. Les fédérations professionnelles du bâtiment, comme la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) ou la Fédération française du bâtiment (FFB) estiment ainsi que le coût de la rénovation totale d’un logement se situe entre 25 000 et 77 000 euros.   D’après le cabinet de conseil Carbone 4, la mise en place de travaux dans ces logements, associant isolation des murs et substitution du chauffage fossile en fin de vie par une énergie bas carbone, permettrait cependant de contribuer à hauteur de 30% à l’atteinte de l’objectif 2030 de la France. Dans le bâtiment existant, les mesures étudiées par Carbone 4 pour la rénovation énergétique (installation d’une pompe à chaleur air/eau, chaudière bois ou raccordement à un réseau de chaleur et isolation des murs) permettraient d’économiser 35 millions de tonnes de CO2 pour un surcoût compris entre 120 et 220 € HT par tonne de CO2 évitée, par rapport au renouvellement d’une chaudière à gaz. Leur analyse démontre également l’intérêt économique de ces solutions sur le logement neuf.     Des aides évidemment bienvenues, mais qui ne reflètent pas l’intégralité du coût que représente la transition écologique pour les acteurs du bâtiment et des travaux publics.     Car de son côté, la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) a conduit une vaste étude en 2021, sous la houlette des cabinets Utopies et Carbone 4, avec l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), afin d’estimer le coût de la transition écologique pour le secteur.   Deux scénarios ont été estimés par les auteurs de l’étude : un scénario de sobriété et un autre plus technophile. Dans les deux cas, les coûts sont élevés : 16,2 milliards d’euros par an pour le scénario de sobriété, soit 486 milliards d’euros d’ici 2050. Pour le scénario technophile, le coût est estimé à 29,9 milliards d’euros par an, 897 milliards d’euros d’ici 2050.     Des sommes qui sont évidemment à mettre en parallèle avec le coût de l’inaction climatique qui pourrait être, à l’échelle mondiale, de 1 700 milliards de dollars par an d’ici à 2025 selon une étude réalisée par l’Institute for Policy Integrity de l’université de New York auprès de 738 économistes. Plus récemment, c’est le GIEC lui-même, dans le dernier volet de son 6ème rapport, qui précise que « l’avantage économique mondial de limiter le réchauffement à 2°C dépasserait le coût de l’atténuation dans la plupart des publications évaluées ». Autrement dit, investir massivement dans la transition écologique apportera plus de bénéfices que si nous ne faisons rien.     Aussi, au fur et à mesure que les États s’engagent à réduire leurs émissions, apparaissent de nouvelles façons de calculer le coût de la lutte contre le changement climatique. L’université de Princeton estime par exemple que les USA devront investir 2 500 milliards de dollars (soit 11 % de leur PIB) d’ici 2030 pour pouvoir atteindre l’objectif net zéro en 2050. De son côté, la Commission européenne parle d’un investissement de 3 500 milliards de € au cours des dix prochaines années (soit 25 % du PIB).