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La végétalisation à la rescousse de la vie en ville ?

3 minutes de lecture
Conséquences évidentes pour certains, sonnette d’alarme pour d’autres… L’été 2022 vient de marquer tristement l’histoire de la France. Sécheresse inédite, incendies spectaculaires à répétition, températures records… L’Hexagone, tout comme d’autres pays du monde, surchauffe ! Un constat qui met en évidence le rôle crucial de la végétalisation dans la ville.
Le changement climatique n’est pas un sujet récent. Déjà des décennies que l’on en parle, que l’on se projette, que l’on en débat. Pourtant, jamais l’évolution climatique n’aura été aussi concrète que durant les mois qui viennent de s’écouler. Le mois de juillet aura par exemple été le plus sec depuis 1961. Les 40°C ont très souvent été dépassés dans plusieurs régions. L’eau potable s’est même mise à manquer dans plus d’une centaine de communes. Un été désastreux qui soulève de réelles interrogations quant à la qualité de vie de l’homme et de la faune – dans les zones urbaines, mais aussi rurales.  

Laisser plus de place à la nature pour lutter contre les îlots de chaleur et la pollution

Plutôt que de subir le changement climatique, certaines villes ont d’ores et déjà pris le parti d’agir. Comment ? En laissant plus de place à la nature. L’objectif est multiple : lutter contre la congestion, la pollution de l’air et les périodes de canicule. L’ambition globale de nombreux élus verts. Car tel un effet boule de neige, les températures élevées ne sont pas les seuls nuisibles à la vie de l’homme. Pour preuve, même en campagne, la qualité de l’air a régulièrement été catégorisée comme « mauvaise ». En cause, les polluants ! Notamment l’Ozone (O3) élevé issu du trafic routier, de la combustion des énergies fossiles et des feux. Un polluant qui peut être transporté dans l’air sur de longues distances.  

Planter des arbres en ville, ça s’apprend ! 

  Loin d’être un remède miraculeux, la plantation d’arbres apparait comme l’une des parties de la solution pour réduire la chaleur et purifier l’air. Sous réserve d’un aménagement adéquat. Traduction ? Si les végétaux permettent de réduire la chaleur en créant de l’ombrage, leur action dépend toutefois d’un phénomène d’absorption et de réflexion des rayons du soleil. Selon le guide Aménager la nature en ville de l’ADEME, certains aménagements sont par conséquent à prévoir pour favoriser ce phénomène. La présence de l’eau joue par exemple un rôle primordial pour permettre l’humidification de l’air. Le sol doit en effet être en capacité de récolter l’eau et de la stocker pour pouvoir enclencher l’évapotranspiration du sol et des végétaux. Un aménagement d’autant plus important que l’eau se fait de plus en plus rare.  

Végétalisation : des bénéfices bien réels pour la santé

Côté qualité de l’air, gare à la précipitation ! On en parle peu, et pourtant, les arbres ont aussi leurs inconvénients. En tête de liste : les allergènes dont certains peuvent s’accumuler en ville du fait d’un manque de circulation du vent. Pire, combinés au rayonnement solaire, les allergènes peuvent être une source supplémentaire de production d’Ozone. Pour un air respirable et non irritant, mieux vaut donc choisir avec prudence et connaissance les essences à planter et celles à laisser de côté ! Une réflexion qui en vaut toutefois la peine : un arbre mature peut absorber jusqu’à 20 kg de particules fines par an. À Lyon, une étude a démontré que les zones boisées urbaines sont de 2 à 8°C plus fraîches que le reste de la ville. Autre atout des arbres – et pas des moindres à une époque où les facteurs de stress se multiplient : améliorer le bien-être et la santé mentale des habitants. Régulation du rythme cardiaque et de la tension artérielle, amélioration de l’estime de soi, renforcement de la créativité, sentiment de bonheur… La végétalisation impacte positivement l’homme. Une étude menée à Toronto en 2015 a d’ailleurs montré que la plantation de dix arbres supplémentaires par pâté de maisons permettait de retarder d’environ sept ans la survenance de problèmes de santé liés à l’âge. Des bénéfices en adéquation avec les constats de l’ONG environnementale américaine Nature Conservancy – rapportés par un article du quotidien Le Monde publié en 2016. On pouvait y lire que cette dernière a analysé le cas de 245 des plus grandes métropoles du monde. Une étude à partir de laquelle l’ONG a affirmé qu’en investissant à peine 4 dollars (soit 3,6 euros) par habitant dans la plantation d’arbres, ces 245 villes pourraient sauver entre 11 000 et 37 000 vies par an et améliorer la santé de dizaines de milliers de personnes. Comment ? Tout simplement en réduisant la pollution de l’air et en apportant plus de fraîcheur dans les rues.

« Les arbres ne peuvent pas, et ne doivent pas, se substituer à d’autres stratégies d’assainissement atmosphérique, mais ils sont un puissant moyen de purifier et refroidir l’air, qui peut y être associé. » ONG Nature Conservancy  
Le saviez-vous ?Pour aider les collectivités et les acteurs publics locaux dans leurs choix d’aménagement végétalisés, le Cerema* (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) a créé l’outil Sesame. Pratique, ce dernier permet de trouver la meilleure solution végétale pour :
  • rafraîchir une ville grâce à l’eau et au végétal ;
  • choisir les bonnes plantations d’arbres et d’arbustes selon le contexte urbain minéral et pollué ;
  • obtenir une bonne cohabitation entre les espaces habités et la biodiversité.
Sesame sera prochainement mis à la disposition de la Ville de Paris qui ambitionne de planter 170 000 arbres d’ici 2026 dans le cadre du « Plan Arbre ». Suite logique de sa stratégie de rafraîchissement urbain commencé en 2014 et ayant abouti à la création de 30 hectares d’espaces verts supplémentaires et 20 000 plantations d’arbres.
 

Elle montre l’exemple !

Nice, ville la plus verte de France Avec plus de 75% d’espaces verts et un territoire recouvert à moitié de zones boisées, Nice a été élue « ville la plus verte de France » par le site LeLynx.fr. La reconnaissance d’un travail bien accompli ! En effet, depuis 2008, la ville a mis en place un ambitieux plan de végétalisation : 33 hectares de verdure, 16 nouveaux parcs et jardins, 7 jardins collectifs et une centaine de jardins pédagogiques. À Nice, la végétalisation se fait (presque) partout. De quoi créer un lien durable entre les habitants et la nature – notamment grâce à des actions de pédagogie auprès de la population. Récemment, trois axes verts ont également vu le jour. Les travaux prendront fin en 2023. Le principe ? Transformer trois des principales artères du centre-ville et de ses alentours en rues-jardins avec pistes cyclables. Des rues dans l’air du temps qui, in fine, laissent une place à chacun : les véhicules, les solutions de mobilité douce, les piétons et la végétation ! Un parti-pris qui a permis de créer de nombreux kilomètres de puits de fraîcheur aux pieds des habitations et des commerces. Et ainsi de :
  • faire baisser la température de l’air ;
  • favoriser l’absorption du carbone ;
  • augmenter la perméabilisation des sols (pour prévenir les effets des fortes pluies hivernales) ;
  • créer un lieu de vie agréable et en accord avec l’envie de vert des Français
ville végétalisation Sources : https://www.nice.fr/fr/actualites/la-nature-au-coeur-de-nice/mairie?type=articles

Cette politique de végétalisation a été appliquée à la plupart des quartiers de Nice. Sur la seule année 2019, 10 296 arbres ont ainsi été plantés.
  • 1 000 arbres sur les 3 trames vertes (axes 1, 2 et 3)
  • 2 400 arbres plantés sur la Ligne 2 du tramway
  • 385 arbres dans 28 jardins de la ville
  • 265 arbres et palmiers sur la Promenade des Anglais
  • 52 arbres fruitiers dans 15 écoles
  • 150 arbres sur les berges du Paillon
  • 44 arbres sur l’avenue Borriglione, la rue d’Angleterre et la place Pierre Gautier
  • 4 500 jeunes plants pour l’opération « 1 enfant = 1 arbre »
  • 1 500 jeunes arbres sur la colline du Château
ville végétalisation Source : https://www.nice.fr/fr/actualites/la-nature-au-coeur-de-nice/mairie?type=articles  
Une transformation profonde de la ville niçoise qui va encore s’accentuer d’ici 2025 avec deux nouveaux chantiers verts d’envergure :
  1. L’extension de la Coulée verte de Nice. Cet immense « poumon vert » actuellement étalé sur 12 hectares en plein centre-ville sera complété de 8 nouveaux hectares de verdure d’ici trois ans.
  2. La création d’une seconde coulée verte de 30 hectares à l’ouest de la ville – entre le stade Charles Ehrmann et l’Allianz Riviera.
   

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