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Paris 2024 : faire des Jeux un héritage pour le territoire

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Si la tradition de construire des villages olympiques remonte à 1924, avec aussi à l’époque les jeux de Paris, il a fallu attendre 2003 pour que la dimension d’héritage des Jeux, fasse son apparition dans la charte olympique. La SOLIDEO, maître d’ouvrage de toutes les opérations pérennes des futurs JO de Paris, a justement mis cette notion d’impact réduit ou positif sur le long terme, au cœur de son action afin de préparer l’après-JO, en privilégiant par exemple la rénovation aux constructions neuves. Alors que certains aménagements sont déjà vivement critiqués, les JO de 2024 peuvent-ils constituer un nouveau modèle d’urbanisme olympique ? De quelle manière pouvons-nous travailler à créer un héritage collectif et positif de cet événement pour les villes ?
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Les Jeux olympiques de Paris : deux siècles, deux logiques

En 2024, les parisiens vont accueillir pour une seconde fois les Jeux Olympiques. Comme en 1924, la place de la banlieue parisienne est fortement présente dans l’organisation des Jeux, principalement à cause du manque d’espace libre au sein de la capitale pour accueillir les structures. Alors qu’un siècle sépare les Jeux de 1924 et ceux de 2024, des changements sur l’organisation des JO sont apparus entre ces deux dates afin de faire face à de nouveaux enjeux, montrant des différences notoires sur les aspects politiques, économiques et au niveau de l’approche territoriale avec deux logiques d’aménagement très différentes. En premier lieu, les enjeux financiers, en lien avec la professionnalisation du sport, sont loin d’être aujourd’hui aussi importants qu’à l’époque. Au fil du temps, les Jeux Olympiques sont aussi devenus un événement marquant, que ce soit politiquement et même idéologiquement. De même, les logiques d’aménagement induites par l’organisation des Jeux n’étaient pas du tout les mêmes qu’actuellement. Le caractère souvent éphémère des installations témoigne d’ailleurs d’un manque d’intérêt et d’anticipation des usages futurs des différentes installations et équipements. Si certaines d’entre elles existent toujours aujourd’hui, suite aux Jeux de Paris, d’autres comme le Village olympique ont été détruits. Une approche qui n’est plus envisageable désormais, dans un contexte où l’économie de ressources et la réduction des émissions carbones sont devenues essentielles. Alors comment faire face à la répercussion sociale et environnementale importante de cet événement à la dimension inédite ? Quels moyens devons-nous mettre en place afin de penser et concrétiser un événement qui bénéficie à l’ensemble de son territoire pour les prochaines années ? Un défi qu’entend relever l’organisation de cette nouvelle édition, qui souhaite s’intégrer dans un plan d’aménagement plus large, celui du Grand Paris. L’objectif ? Anticipant cette fois-ci la reconversion et les usages futurs des différents équipements afin d’inscrire les aménagements réalisés dans une démarche plus durable, environnementale et plus responsable.
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Maquette  du village olympique Paris 2024 © maquettesarchimade.fr

   

Un changement d’approche pour demain

Le Comité International Olympique (CIO) a décidé que toutes les éditions des Jeux devraient être désormais à contribution positive pour le climat. En effet, à partir de 2030, il sera demandé à chaque comité d’organisation de limiter autant que possible l’impact des Jeux, de compenser les émissions de carbone produites mais également de mettre en place des solutions durables. Seulement, les organisateurs de Paris 2024 ont décidé d’agir avant l’échéance de 2030. Le moyen d’initier un changement pour les Jeux, de donner un nouveau modèle et d’inspirer les futures éditions. En effet, l’objectif est de devenir la première édition à contribution positive pour le climat avec pour engagement, la mise en place d’une neutralité carbone pour l’ensemble du projet. Ainsi, l’empreinte carbone devrait être deux fois moins importante que celle des précédents Jeux Olympiques d’été. Paris 2024 compensera également plus de 100 % de ses émissions résiduelles, devenant ainsi la première édition des Jeux Olympiques et Paralympiques du monde à apporter une contribution positive au climat. Cette démarche a déjà été initiée notamment avec la construction du futur Centre aquatique réalisé dans le cadre de l’évènement sportif, qui tend à être un exemple en matière de performances énergétiques. En effet, ce lieu va devenir l’une des plus grandes fermes solaires urbaines de France avec une autosuffisance énergétique. Le Centre aquatique a été construit avec des matériaux biosourcés ou de récupération, comme le bois durable ou le plastique recyclé, et cela pour l’ensemble de la structure et du mobilier. Il sera d’ailleurs le premier équipement sportif dédié aux JO dont les sièges de gradin seront entièrement réalisés à partir de bouchons plastiques. Innovant, ce projet répond à un double enjeu environnemental et social, puisque conçus sur-mesure, ces sièges seront aussi fabriqués en France par une entreprise locale et grâce à des déchets plastiques collectés en partenariat avec des associations du territoire.
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©Florian Muller

Quel héritage pour la Seine-Saint-Denis ?

“Les Jeux ont été avant tout pensés en termes d’héritage territorial pour les populations qui en avaient le plus besoin », a souligné le Premier ministre Jean Castex.
En effet, même si le village olympique a été pensé pour accueillir dans un premier temps les milliers d’athlètes olympiques et paralympiques durant l’été 2024, une fois les Jeux terminés, le quartier sera reconverti en un quartier urbain à part entière. En tout, ce sera plus de 11 000 logements, 120 000 m2 de bureaux, 3 200 m2 de commerces, un parc aménagé de 3 hectares, 7 hectares d’espaces verts et un gymnase réhabilité qui verront le jour. Les denses lots d’immeubles allant jusqu’à 10 étages ont été conçus pour être rapidement remaniés à l’issue des Jeux. Dans les logements, les cloisons et les ascenseurs sont démontables et seront réutilisés dans le cadre de la construction d’autres projets urbains alentours. L’ensemble de ces aménagements et constructions réalisés pour accueillir les Jeux Olympiques seront demain un héritage pleinement intégré au fonctionnement des villes dans lesquelles ils ont pris place. En France, la reconnaissance du concept d’héritage s’est traduite par la mise en place de ce que les promoteurs, juristes et urbanistes, appellent maintenant l’urbanisme olympique. Régi par des règles urbanistiques et environnementales classiques, il émerge comme un nouveau modèle d’urbanisme à double vitesse. C’est la Société de livraison des ouvrages olympiques (SOLIDEO), établissement public créé en 2017, qui a la charge de veiller à la construction du village olympique durable.