fbpx

Guide à l’usage de ceux qui veulent remettre de la végétalisation dans les villes

4 minutes de lecture
en partenariat avec
Canopées urbaines pour végétaliser sans creuser, bacs végétalisés conçus avec des systèmes d’irrigation automatiques ou des systèmes de récupération d’eau de pluie ; cours d’écoles “oasis” ou mini-forêts urbaines : zoom sur des initiatives qui favorisent la végétalisation des villes.
Les vagues de chaleur ayant touché la France à l’été2022 ont entraîné des records absolus en termes de températures : en juin, certaines valeurs avoisinant les 43 degrés ont été recensées dans le Sud-Ouest, dépassant les seuils atteints lors de la canicule de 2003. Près de 75% de la population française, soit 45 millions de personnes, a été concernée par des niveaux orange, voire rouge, de vigilance canicule. Et comme on le pressentait, ces fortes chaleurs ont été particulièrement ressenties dans les villes, dans lesquelles la densité de population y est la plus élevée, mais aussi où la présence de végétation est la plus faible.   Les îlots de chaleur urbains s’y sont donc particulièrement fait ressentir. Ces phénomènes sont évidemment nocifs pour la biodiversité, ainsi que pour le bien-être des citadins. Et face au réchauffement climatique (atteindre les 40°C en ville devient récurrent ces dernières années, et le restera dans le futur), les villes suffoquent et ont plus que jamais besoin qu’on y ramène de la végétation. D’autant plus que la présence de la nature en ville est porteuse de nombreuses vertus.   En premier lieu, elle améliore nettement la qualité de l’air. Un élément majeur à prendre en compte lorsque l’on considère que la pollution atmosphérique représente actuellement 48 000 décès prématurés chaque année en France. En outre, la végétalisation a aussi pour caractéristique d’améliorer la santé humaine, sur le plan physique aussi bien que mental. En effet, des études ont montré qu’un environnement végétalisé permettait de favoriser la régulation du rythme cardiaque et de la tension artérielle, ce qui a aussi pour effet de diminuer le stress. Vivre dans un milieu végétalisé est également bénéfique pour l’amélioration de l’estime de soi, le renforcement de la créativité, et procurerait un sentiment de bonheur accru.   La présence de verdure en ville est aussi cruciale d’un point de vue social, dans la mesure où les espaces verts sont des endroits propices aux rencontres et à la sociabilisation. Les parcs et jardins favorisent ainsi les activités de groupe, les rencontres ou encore la pratique du sport. Par rapport au climat, la végétalisation apporte enfin plusieurs avantages : celle de créer des îlots de fraîcheur et de l’ombre lors des canicules, mais aussi celle de rendre la ville “perméable” en cas de fortes pluies afin de limiter les inondations. Enfin, c’est grâce à la végétalisation des espaces urbains que la biodiversité peut y revenir. Et la biodiversité manque aussi cruellement en ville.  
Aussi, si l’importance de la végétalisation en ville est incontestable, reste la question de sa mise en place. Diverses solutions existent : la création de parcs, de jardins, de toits végétalisés ou encore de “coulées vertes” et de rangées d’arbres dans les rues peut déjà jouer un vrai rôle. Ces solutions, dites « fondées sur la nature », permettent en effet d’agir tel un climatiseur naturel, en ramenant de l’ombre en ville, et en rafraîchissant l’atmosphère grâce à l’évaporation de l’eau.
  Pour être utilisées de façon la plus optimale possible, ces solutions doivent néanmoins prendre en compte la présence de l’eau à proximité, afin de favoriser le phénomène d’évapotranspiration et d’humidification de l’air engendré par les plantes. Il existe aussi des prérogatives à prendre en compte : choisir des essences variées, mais qui soient le plus local possible et, enfin, qui sont les plus résilientes possibles aux fortes chaleurs.   végétaliser les villes

Des entreprises qui innovent pour favoriser la végétalisation

Bien heureusement, de nombreuses solutions innovantes émergent pour accompagner les villes dans cette transition. Urban Canopée fait par exemple partie des startups engagées sur ce sujet. Elle vise notamment les zones urbaines dans lesquelles il est difficile de creuser pour planter de la végétation. Pour y remédier, elle développe depuis plusieurs années des canopées végétales sur la base de structures faites en fibres de verre.   Ces dernières, installées dans des pots connectés dans lesquels se trouvent un substrat spécifique et une réserve d’eau, sont reliées à des capteurs, lesquels permettent une irrigation automatisée. Au fil des ans, la végétation pousse sur la structure, ce qui permet de créer de petits îlots de fraîcheur.   D’autres solutions pour végétaliser la ville reposent sur le phénomène d’évapotranspiration. C’est le cas des pavés rafraîchissants mis en place par la ville de Toulouse, qui récupèrent et stockent l’eau de pluie grâce à un système de tuyaux permettant à l’eau de remonter par capillarité lorsqu’il fait chaud. Ce système, qui se déclenche lorsque le capteur météo installé à la surface détecte un certain niveau de chaleur, permet d’abaisser la température de la zone d’environ 5 degrés.   De son côté, une autre startup française du nom de Vertuo a développé un système de “bocage urbain”, qui prend la forme d’un cube enterré qui recueille les eaux de pluie provenant des trottoirs et des gouttières d’immeubles dans un bassin de rétention. Eau qui est ensuite utilisée pour faire pousser des essences végétales en surface. Cette solution a le double avantage de favoriser l’infiltration des eaux dans le sol pour limiter le ruissellement pluvial tout en créant des espaces de verdure qui ne nécessitent pas d’être arrosés.   végétalisation urbaine  

Les villes et les collectivités s’engagent dans la lutte contre les îlots de chaleur urbains

Mais les entreprises ne sont pas les seules à développer des solutions pour végétaliser la ville. Les collectivités territoriales sont également à l’origine de solutions visant à ramener la nature en milieu urbain : c’est le cas de la ville de Paris, avec sa stratégie des “cours oasis”, par exemple.   Les cours de récréation des écoles et des collèges ont en effet été identifiées comme des leviers importants pour lutter contre les conséquences des canicules et des îlots de chaleur urbain, c’est pourquoi elles ont progressivement été aménagées avec des espaces plus naturels. Pensées comme de véritables îlots de fraîcheur, ces nouvelles cours ont pour vocation d’accueillir davantage de végétation, et de favoriser une meilleure gestion de l’eau de pluie et des points d’eau.   Et à l’étrange ? Les villes sont également des moteurs en termes de végétalisation : en Chine par exemple, à Shanghaï, la ville nouvelle de Lingang a pour vocation de devenir une « ville éponge ». Ce concept consiste en le déploiement de techniques visant à absorber et stocker l’eau, grâce à des toitures végétalisées, des potagers sur les toits, ou encore des réservoirs. Ces systèmes aident à la fois à lutter contre les îlots de chaleur, mais aussi à réduire les risques d’inondations. Là-bas, certaines zones sont donc accessibles en période sèche mais ne sont pas constructibles car destinées à être inondées en cas de crue ou de fortes pluies.   Enfin, des systèmes inspirés de la « méthode Miyawaki » tendent également à émerger afin de créer, en ville où en bordure des villes, de petits écosystèmes forestiers de 200 à 3000 mètres carrés. Le japonais Akira Miyakawi, botaniste de profession, a baptisé cette technique de végétalisation « forêts de protection de l’environnement ». Mise en place depuis plusieurs décennies au Japon, cette méthode a pour effet de filtrer les particules fines, de capter le CO2, et d’agir comme un climatiseur naturel dans les milieux urbains. En outre, ces mini-forêts constituent un habitat privilégié pour la faune et la flore, et permettent aussi de gérer les eaux de ruissellement et de restaurer les sols dégradés.   On peut également citer la ville de Vitoria-Gasteiz, au pays-basque espagnol, qui a su mettre en place une végétalisation intéressante avec la création d’une “ceinture verte” qui entoure littéralement la ville. Elle est composée de près de 200 exploitations maraîchères et de six grands parcs périurbains, avec des aires de loisirs, qui sont reliés entre eux par un réseau de 33 km de voies piétonnes et 90 km de pistes cyclables.   De manière générale, les méthodes de végétalisation des villes se développent ainsi de plus en plus, en France comme à l’étranger, sous l’égide d’acteurs publics ou bien privés. Récemment, le gouvernement français a d’ailleurs annoncé la création d’un fonds de 500 millions d’euros pour la « renaturation », afin de favoriser le développement d’îlots de fraîcheur en ville et d’accompagner les collectivités.