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3 questions à Mehdi Hafsia, sur la CONVR2019 et le futur de la construction

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Mehdi Hafsia, ingénieur de recherche au sein du pôle Design Lab de la R&D Buygues Construction, a assisté il y a quelques semaines à la 19ème Conférence Internationale sur les Application de la Réalité Virtuelle dans la Construction (CONVR19), événement international dédié aux nouvelles technologies dans notre secteur. En ce début d’année 2020, il nous partage son retour d’expérience sur les tendances à venir.
btp construction réalité virtuelle

Fin 2019, vous avez assisté à la CONVR2019, événement international dédié à l’emploi de la réalité virtuelle dans la construction. Quelles sont les tendances que vous y avez repérées ?

Mehdi Hafsia (MH) / Au-delà de la réalité virtuelle, la CONVR était ouverte à d’autres sujets : la réalité augmentée, l’intelligence artificielle… Et cette année, le BIM y a pris une place prépondérante ! De nombreux intervenants y ont fait allusion, quand ils n’ont pas consacré des conférences entières au sujet. Le point commun de toutes ces interventions ? Comment ces nouvelles technologies peuvent être mises au service de la digitalisation du chantier. Si l’an dernier, on parlait beaucoup de réalité virtuelle et augmentée au service de la formation, ça a moins été le cas cette année. Ces deux technologies étaient plutôt exploitées pour les phases conception (pour la revue de maquette ou la détection de clash), le suivi de chantier, la revue de projet, la vérification, ou encore le facility management. L’idée : exploiter la réalité virtuelle et la réalité augmentée pour faire vivre la maquette numérique et « sublimer » le BIM. Autre sujet phare cette année, le modulaire, avec quelques cas d’école présentés. Néanmoins, je remarque que personne n’a encore produit d’ouvrage « méthodologique » sur la question, un manuel, un manifeste pour faire du modulaire efficacement et rapidement, par exemple ! Lire aussi : notre dossier spécial sur la construction modulaire.  

Et vous-même, sur quel sujet avez-vous pris la parole ?

MH / Pour ma part, j’ai présenté la vision de Bouygues Construction. Nous voulons inventer le chantier de demain, et plus précisément, dans le cadre de mes travaux, le grutier de demain. L’objectif de mes recherches ? Concevoir un poste de travail ergonomique pour les grutiers. Je travaille en projetant l’opérateur dans un environnement de travail recréé entièrement à l’aide de la réalité virtuelle. Le but est d’étudier plusieurs configurations pour le poste de grutier et de voir lesquelles sont les plus adaptées dans un environnement virtuel non seulement à moindre coût, mais aussi à moindre risque. En plus, j’associe cette projection virtuelle à un électroencéphalogramme, qui vient capter les ondes cérébrales émises par l’opérateur, afin d’observer ses signaux physiologiques durant ses tâches. On peut ainsi comprendre dans quelles situations il est plus stressé ou moins concentré, et trouver les moyens de rendre le poste plus sécurisé. Cette prise de parole a suscité pas mal d’intérêt, notamment auprès de Nashwan Dawood (Teeside University), Giuseppe Loporcaro (Université de Canterbury), Atif Hafeez (Teeside University), ou encore Mikael Johansson et Mattias Roupé (Chalmers University of Technology), qui faisaient partie des nombreux universitaires présents. Ces personnes ont souhaité en savoir plus, et nous gardons contact. MEHDI HAFSIA CONVR2019

Quel est l’intérêt d’assister à ce type de conférences ?

MH / L’intérêt de ces rencontres, c’est que l’on constate que nous avons les mêmes problématiques et les mêmes questionnements que d’autres entreprises, ou d’autres pays. Comment déployer efficacement le BIM, comment démocratiser l’usage de la réalité virtuelle ou la robotique sur chantier, comment mettre les compagnons sur les projets dès la phase de conception pour capitaliser sur l’expertise « terrain » et éviter des revues de maquette ensuite… Les USA, le Japon, la Thaïlande, tous cherchent les réponses. Quelques-uns avancent sur des projets très semblables aux nôtres. Confronter nos points de vue, échanger sur nos recherches, tout cela enrichit les réflexions de tous. Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’il est très intéressant de concrétiser des partenariats, avec des universitaires notamment, et dans le monde entier. Nous avons d’ailleurs un cas déjà bien concret au à la R&D, avec la création, conjointement avec Centrale Lille, de la Chaire Construction 4.0, qui rencontre un franc succès et connaît déjà de belles réussites. Ma thèse est aussi un bel exemple de collaboration entre le milieu académique et l’entreprise. Je bénéficie de l’expertise de chercheurs, d’un laboratoire qui me permet d’expérimenter… Tout en étant très connecté aux besoins de l’entreprise grâce à mes nombreux échanges avec les opérationnels et l’accompagnement des équipes R&D de Bouygues Construction. C’est une relation gagnant-gagnant : nous leur offrons un terrain d’expérimentation et notre expertise métier, et ils nous apportent leurs avancées, des progrès qu’ils réalisent plus vite que nous, puisqu’ils se consacrent à la recherche à 100%. Il s’agit de mélanger les savoirs et les disciplines pour innover. Pour conclure, « nous sommes des nains sur les épaules de géants ! ».